Vingt ans ! 1999 – 2019

1999 marque la fin d’un projet qui a débuté en 1854 avec la pose de la première pierre de la cathédrale.

En effet, le 19 décembre 1999, la façade était inaugurée, marquant ainsi l’achèvement de la construction de la dernière cathédrale du second millénaire.

Jusque dans les années 1990, la Cathédrale est inachevée et possède une façade provisoire de briques posées en 1947. C’est quarante ans plus tard que Monseigneur Vilnet,évêque de Lille (1983 – 1998) entreprend d’achever la cathédrale dont la construction avait commencé en 1856. Le projet d’une façade de style sobre et contemporain est retenu.

Les travaux commencés en 1994, s’achèvent en 1999 grâce au concours de l’agence d’architectes lilloise Pierre-louis Carlier, du sculpteur Georges Jeanclos qui réalise le portail central et le peintre Ladislas Kijno qui se voit confier la réalisation de la rosace, placée sous le signe de la Résurrection.

Pour célébrer cet anniversaire, la Cathédrale a conçu une exposition, à partir de photographies anciennes provenant des Archives diocésaines de Lille et d’autres du Père Paul Tiersen et du Père Gonzague Cuvelier présent lors des travaux, ainsi que des clichés des photographes François Richir et Karine LABUZ.

Des événements autour des « 20 ans de l’Inauguration de la Façade » ont été initiés. La réédition du livret « Notre-Dame de la Treille – Traditions et nouvelles contemporanéité » chez Bayard édition, sous la direction de Yohann Travet. Puis, la messe d’anniversaire le Lundi 23 Décembre 2019 à 17H30 présidée par Monseigneur Laurent Urich Archevêque de Lille.

 


Homélie de Monseigneur Ulrich donnée le 23 décembre 2019,pour le 20 ème anniversaire de l’achèvement de la cathédrale de Lille

Ml 3,1-4.23-24 . Ps 24. Lc 1,57-66.

Voici donc le dernier messager, Jean le Baptiste qui est le dernier annonciateur de la venue du Sauveur. D’abord par le prophète,Malachie,qui porte le nom même de sa fonction, le nom de messager, c’est la signification qu’on peut apporter à ce nom;bien sûr Malachie ne prévoit pas à quatre ou cinq siècles de distance, ni la naissance de Jean-Baptiste ni celle de Jésus, mais il sait quelle est l’intention profonde du Seigneur, du Dieu auquel il fait confiance et dont il est le porte-parole. Il sait que son intention profonde c’est en effet d’amener par les serviteurs successifs, les messagers, les annonciateurs, les prophètes, d’annoncer que Dieu veut laver l’humanité de tout péché, la purifier, pour se la présenter à lui-même, la réconcilier,permettre aux hommes au cœur pur de se tourner vers le Seigneur pour offrir ce qu’ils sont et ce qu’ils ont pour la gloire de Dieu et pour une humanité transformée. Le prophète sait cela.

Puis l’Evangéliste qui rapporte aussi la nativité de Jean le Baptiste, dans des circonstances si particulières: son père Zacharie, dans son incrédulité de ce que le Seigneur pouvait faire pour lui et pour sa femme,avait perdu la voix;il avait perdu la capacité de parler et,en l’occurrence,la capacité de rendre gloire à Dieu par son service au temple, par sa parole. L’incrédulité de Zacharie n’est pas la seule:c’est aussi celle de ses proches, de ceux qui n’ont pas reconnu la présence de Dieu dans cette naissance inattendue, imprévue. Et voilà qu’ils se mettent, eux, à simplement répéter les recettes anciennes: puisque le père s’appelle Zacharie, il faut appeler le fils Zacharie. Mais, il se trouve que, tout au long de l’histoire humaine, tout au long de l’histoire croyante, ils découvrent que Dieu ne fait pas exactement ce qu’ils ont prévu, Dieu a toujours quelque chose d’imprévu pour les hommes et les femmes croyants, ils doivent sans cesse être changés, ils doivent sans cesse changer pour accueillir quelque chose qu’ils n’avaient pas vu, qu’ils n’avaient pas attendu, d’une façon qu’ils n’avaient pas prévue.

Cette incrédulité qui fait perdre la parole, qui fait perdre la voix, ou qui invite simplement à répéter le passé, cette incrédulité guette sans cesse les croyants que nous sommes. Nous sommes, évidemment, susceptibles devant les situations où nous sommes de ne pas croire que Dieu puisse intervenir, puisse vivre au milieu de nous, puisse parler notre langage, puisse nous inviter à être des porteurs de sa paix. Nous risquons d’être guettés aussi par cette perte de la voix, cette perte de la parole pour dire, dans le monde d’aujourd’hui, quelque chose qui lui fasse du bien de la part de Dieu. Et puis répéter le passé aussi peut être tout à fait une tentation très forte pour chacun d’entre nous et pour notre peuple de croyants. Répéter les recettes anciennes en se disant: c’est bien compliqué aujourd’hui, il suffirait de revenir à des choses du passé qui ont marché autrefois et qui devraient marcher aujourd’hui…Et bien non!

Le Seigneur nous invite à ne pas craindre d’être des témoins dans le monde d’aujourd’hui même si nous ne sommes pas écoutés, de ne pas craindre non plus de tenter des choses nouvelles, pour acclimater le mieux possible la parole que le Seigneur nous demande de dire dans le monde auquel nous sommes, non pas pour la rendre semblable au message du monde, mais pour être un peu comprise et audible.

Alors il se trouve que dans cette église, dans cette cathédrale, dans les années qui ont précédé l’an 2000, on a essayé et on a réussi à porter, en faisant confiance à des artistes contemporains, une signification pour aujourd’hui, une parole pour aujourd’hui; à faire en sorte que cette façade, ce portail, cette rosace, disent quelque chose, fasse naître dans cet édifice une lumière particulière qui la rend si attrayante, si accueillante, probablement si parlante au cœur de beaucoup de nos contemporains.Au milieu de cette ville, qui vit, qui a des projets, au milieu de ce quartier du Vieux-Lille qui s’est beaucoup transformé dans ces époques, la parole donnée et offerte de cette cathédrale est significative, attirante et parlante pour aujourd’hui. Qu’elle soit un signe pour nous,que la parole dont nous sommes porteurs, soit une parole que nos contemporains puissent entendre, même s’ils ne l’adoptent pas tous, au moins que nous ne soyons pas privés de nous exprimer par la foi qui nous traverse, que nous ne soyons pas comme muets dans le monde d’aujourd’hui. Que le Seigneur entende notre prière et que ce signe de la façade et de la cathédrale, nous le portions au loin comme un vrai signe d’une Église qui cherche aujourd’hui à parler aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui.

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