Veillée pascale (B) – 30 mars 2024 –
La joie de Pâques nous gagne
L’Alleluia que nous retrouvons avec joie s’enracine dans le témoignage des Écritures que nous venons d’entendre. Elles nous racontent les merveilles de Dieu ; sa création ; la libération du peuple hébreux d’Égypte.
Les prophètes nous rappellent la fidélité de Dieu à son alliance ; la fécondité de sa parole ; Dieu qui purifie son peuple
de toutes les idoles et lui donne un cœur nouveau. Toutes les lectures que nous venons d’entendre révèlent la fidélité
de Dieu à sa promesse et à son alliance. Et enfin la merveille des merveilles dont nous venons d’entendre le récit.
Des femmes vont au tombeau de grand matin afin d’embaumer le corps de Jésus. Elles sont en deuil et nous sommes dans un temps de deuil. Elles font un rite funéraire coutumier, plein de respect et très beau, à la fin du sabbat. Jésus est mort et ‘la vie continue’. Rien n’a changé… Quel est le sens de la vie et de la mort de Jésus ? Jésus rejoint des hommes qui ont tout donné pour une cause, par amour de leurs semblables. La mort, parfois brutale et injuste, a surgi. Elle a tout emporté. Elle a toujours le dernier mot : l’amour même le plus beau ne peut rien. Rien n’a fondamentalement changé…
Et pourtant, les femmes qui se rendent au tombeau, s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre. Elles entrent dans le tombeau et s’aperçoivent que le corps de Jésus ne s’y trouve plus. Jésus n’est plus là : il n’est plus prisonnier du tombeau et de la mort. Le tombeau est ouvert … Elles voient un jeune homme vêtu de blanc. Leur premier réflexe est d’être saisi de frayeur. Il y a de quoi ! Imaginez-vous à leur place… Vous allez sur la tombe d’un proche ; la tombe est ouverte
et il n’y a plus de corps. Il y a de quoi paniquer.
Les paroles de ce jeune homme blanc donnent le sens de ce qu’elles voient : ‘ne soyez pas effrayées !
Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici’. Il est ressuscité : la mort n’a plus
le dernier mot. Jésus en quelque sorte, lui a échappé. Plus, l’a vaincue… La résurrection, c’est la victoire du Christ
sur la mort…
Voilà la nouvelle de cette nuit ! J’imagine que les femmes ne comprennent pas tout de suite ces paroles tellement au-delà de ce qu’elles vivent… Et il n’y a pas que pour elles. Nous aussi, nous avons du mal à comprendre et à croire
en la résurrection de Jésus. Écoutons le témoignage qui nous est donné du parcours de ces femmes.
Comment vont-elles passer du deuil et de la peur à la joie ? Comment seront-elles libérées de la peur et de la mort ? Comment vont-elles vivre Pâques ? En écoutant sa parole, en écoutant la parole de Dieu. Le jeune homme vêtu de blanc rejoint leur attente, leur quête et la prend en compte. Il leur annonce la nouvelle et les envoie en mission
auprès des disciples et à Pierre. En Galilée : là où tout à commencer (cf Mc 1, 14) ; là où Jésus avait promis
de les retrouver au début de sa passion (Mc 14, 28). (‘Là vous le verrez, comme il vous l’a dit’)
Et nous, comment vivre Pâques à leur suite ? Car comme elles, nous sommes marqués par la mort… Nous craignons les changements, ce que nous ne maitrisons pas… L’apôtre Paul nous rappelle que c’est par le baptême que nous avons reçu que nous pouvons vivre Pâques, nous laisser saisir par ce mystère pascal (mort-résurrection) qui nous dépasse : ‘si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi’. C’est pourquoi, dans quelques minutes, nous renouvellerons les promesses
de notre baptême. Vie nouvelle ? C’est une vie habitée par la recherche des réalités d’en haut, par la recherche de Dieu
et le désir d’aimer comme lui, jusqu’au bout. A vivre davantage dans l’offrande de nous-même, unis à l’offrande que fait Jésus de sa vie. Vie nouvelle parce que par le baptême, nous recevons le pardon de nos péchés et le pardon nous ouvre
un avenir.
Alors, frères et sœurs, cette nuit, laissons-nous gagner par la joie de Pâques. Cette joie est contagieuse et donc missionnaire. Cette joie nous transforme car elle donne l’assurance nécessaire pour proclamer que Dieu mène à bonne fin son projet d’amour et de salut.
Chantons Alléluia et rendons grâce à Dieu.
Bruno Mary, recteur