Solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ(C) – 22 juin 2025

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‘Faites cela en mémoire de moi’

               Nous célébrons aujourd’hui la solennité du Corps et du Sang du Christ que l’on appelle aussi fête du Saint Sacrement. La Parole de Dieu que nous venons d’écouter nous permet d’entrer dans le sens de cette fête, de goûter davantage l’eucharistie que nous célébrons. Mon homélie aura trois points : l’action de grâce ; faites cela en mémoire de moi et donnez-leur vous-même à manger.

Eucharistie : action de grâce.

               Mais pourquoi voulons-nous rendre grâce ce dimanche matin ? Un heureux événement familial ? le fait d’avoir des amis et d’être aimés de nos proches ?… C’est important mais ce n’est pas suffisant. Le calendrier liturgique peut nous aider à trouver la raison de notre action de grâce.

               Cette solennité se situe après le temps pascal, après la solennité de la Trinité (dimanche dernier) qui nous fait rendre grâce pour l’amour infini dont Dieu nous aime. Nous rendons grâce à Dieu pour son amour infini pour tous les hommes et dont la passion, la mort, la résurrection et l’ascension de son Fils sont le signe. Nous rendons grâce pour le pardon qui en découle. C’est pour cela que la messe dominicale a une importance toute particulière.

               Rendre grâce, l’action de grâce est un échange : le mot ‘grâce’ en dit la gratuité et à la fois la beauté. Il s’agit d’entrer dans la dynamique du don qui anime notre Dieu trois fois saint. Le Christ accomplit l’échange de don entre Melkisédek et Abram révélant ainsi la fidélité de Dieu à sa promesse.

               Rendre grâce : nous vivons cette eucharistie en mémoire du Seigneur. ‘Faites cela en mémoire de moi’ nous dit Paul, témoignant de ce qu’il a reçu du Seigneur. Le récit du dernier repas lie l’eucharistie avec l’amour du Christ qui va jusqu’au bout, qui va jusqu’à tout donner. Avez-vous remarqué qu’à la fois le Christ est livré : ‘la nuit où il était livré’ et qu’il prend, rend grâce, donne. Il passe du passif à l’actif. Il donne ainsi sens à tout ce qui va se passer. Il retourne la situation et, de cette conduite de malheur, il fait le geste suprême de l’Alliance entre Dieu et les hommes. De ce contexte de haine et d’aveuglement, il fera le lieu de l’amour et du partage. Il révèle ainsi la puissance de l’amour de Dieu qui seul est capable de transformer des conduites de mort en sources de vie. Seul le pardon de Dieu est capable de cela : il est grand le mystère de la foi !

C’est à cela que nous communions !

               Enfin, la liturgie de la Parole de cette solennité fait suivre le récit de l’institution chez Paul à celui de la multiplication des pains chez Luc. Communier au Christ, c’est participer à son œuvre de salut. Comment ? ‘Donnez-leur vous-même à manger’ dit-il à ses disciples qui voulaient renvoyer cette foule de 5000 hommes car le jour commençait à baisser. ‘Donnez-leur vous-mêmes à manger’. Mais c’est impossible ! Nous n’avons que cinq pains et deux poissons : dérisoire pour nourrir une telle foule. C’est du bon sens… Et pourtant ce récit montre que cela est possible si nous rappelons les paroles qui accompagnent la présentation des oblats : ‘tu es béni Seigneur : nous avons reçu de ta bonté le pain et le vin que nous te présentons’. Il nous revient de reconnaître dans ce que nous avons des dons de Dieu, des choses dont nous ne sommes pas les propriétaires. Pas facile tant la peur du manque notamment, nous rend propriétaires de ce que nous ‘avons’. Reconnaître dans la nourriture que nous partageons un don de Dieu : cela est le sens du ‘bénédicité’ que nous pouvons dire au début du repas. Et puis, accueillir notre vocation d’intendant. Notre vocation est de faire bénéficier les autres des dons de Dieu. C’est alors que nous contribuerons au rassemblement de toutes les nations en Jésus-Christ et que nous rendrons grâce à Dieu pour tous ses bienfaits.

Bruno Mary, recteur