Solennité du Saint Sacrement (B) – 2 juin 2024 –
‘Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau’
En cette solennité du Saint-Sacrement, l’Eglise nous invite à goûter particulièrement cette parole que nous entendons avant la communion eucharistique. Pourquoi sommes-nous heureux d’être invités ?
A cause de celui qui nous invite : Dieu nous invite à participer au repas des noces de l’Agneau , c’est à dire de son Fils bien-aimé. Nous sommes d’autant plus heureux que nous ne sommes pas dignes de participer à ce repas. Sitôt après avoir entendu cette parole, nous dirons en effet : ‘Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri’. Et nous avons fait la démarche pénitentielle il y a quelques minutes : ‘Seigneur Jésus, envoyé pour guérir les cœurs qui reviennent vers toi, Seigneur, prends pitié !’ ‘O Christ, venu appeler les pécheurs, prends pitié de nous’. Nous sommes rassemblés ici grâce à l’amour miséricordieux de notre Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés.
‘Heureux les invités’. Répondant à l’invitation nous sommes heureux de retrouver des frères. Voici quatre ans déjà, quand nous ne pouvions pas nous rassembler pour des raisons sanitaires, nous avons tous éprouvé l’importance de nous retrouver pour célébrer la messe.
‘Heureux les invités’ : à quoi ? A quoi sommes-nous invités ? L’Evangile de ce dimanche nous raconte le dernier repas de Jésus. ‘Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?’ Il s’agit du repas pascal juif où les croyants juifs commémorent leur libération du pays d’Egypte au temps de Moïse. Cette libération aboutit au don de la Loi et le livre de l’Exode nous raconte le repas sacrificiel qui accompagne ce don : ‘Moïse chargea quelques jeunes garçons d’offrir des holocaustes, et d’immoler au Seigneur des taureaux en sacrifice de paix.’ Le repas pascal de Jésus se situe juste avant sa passion et sa mort. Jésus dit : ‘prenez, ceci est mon corps. (…) Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance’. Avec le Christ, il ne s’agit plus d’un sacrifice d’animaux. Il se donne lui-même jusqu’à mourir sur une croix. Dieu le relèvera du tombeau le 3e jour, le ressuscitera, signe que par le Christ, nous sommes réconciliés avec lui, signe que la victoire du Christ sur le mal et la mort est complète. Le Christ est l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ! La libération du peuple commencée avec Moïse est accomplie. C’est cela (ce mystère) que nous actualisons maintenant en célébrant l’eucharistie. C’est pour cela que nous rendons grâce à Dieu à chaque eucharistie. Avec le Christ mort et ressuscité, à chaque eucharistie nous passons de la mort à la vie. D’où notre joie : heureux sommes-nous de vivre un tel passage !
‘Heureux les invités au repas de noces…’ L’eucharistie est le repas de l’Alliance nouvelle. Ceux qui parmi nous sont mariés, portent une alliance, alliance qu’ils vivent avec leur conjoint et sa famille (proches). Je connais des couples qui regardent leur alliance à chaque eucharistie… Qui dit mariage, dit repas d’une manière ou d’une autre. Partager le même repas, c’est montrer que nous sommes alliés, que nous sommes amis, que nous appartenons à la même famille. Depuis le prophète Osée, les Ecritures comparent les relations entre Dieu et son peuple à celles de deux époux. Dieu souhaite vivre une alliance d’amour avec son peuple et cette alliance prend corps avec son Fils. Il est l’époux qui vient à la rencontre de son épouse : son peuple, l’Eglise. L’eucharistie est le repas de noces entre nous, son peuple, et Dieu. Elle est un avant-goût du grand repas de noces que nous vivrons avec Dieu à la fin des temps. Nos relations conjugales sont invitées à se resourcer, à trouver leur sens, à être sauvées en Jésus-Christ qui se donne dans son eucharistie. En lui, ‘l’amour ne passera jamais’ comme le dira Paul (1 Co 13, 8). Heureux sommes-nous d’être invités pour nous recevoir de Dieu. Je vous invite à chanter :
R/ : Devenez ce que vous recevez, devenez le Corps du Christ
Devenez ce que vous recevez, vous êtes le Corps du Christ
Rassasiés par le pain de vie,
Nous n’avons qu’un cœur et qu’une âme
Fortifiés par l’amour du Christ,
Nous pouvons aimer comme il aime.
Rassemblés à la même table,
Nous formons un peuple nouveau ;
Bienheureux sont les invités
Au festin des noces éternelles.
Père Bruno Mary, recteur de la cathédrale Notre-Dame de la Treille
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Visuel de la solennité du St Sacrement : ICI