Solennité de la Toussaint (C) – 1er novembre 2025

Tous ensemble, réjouissons-nous dans le Seigneur,
célébrons ce jour de fête en l’honneur de tous les saints.
Les anges se réjouissent avec nous de cette fête ;
ils en glorifient le Fils de Dieu.

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 AELF : Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones

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Homélie

Frères et sœurs,
l’Église catholique célèbre aujourd’hui
la fête des saints et des saintes de Dieu.
Elle s’unit à la joie de tous celles et ceux
qui sont entrés dans le ciel de Dieu !

La Toussaint est une fête joyeuse, remplie d’espérance.
Pourtant, parce que sans doute elle précède le jour

où l’Église prie pour tous les défunts,
elle prend souvent des airs de tristesse.

Et c’est comme si la tristesse du deuil
en était venu à revêtir la Toussaint,

alors qu’au contraire, c’est la joie de l’espérance des saints
qui devrait imprégner la prière pour nos défunts.

Beaucoup de gens se font aussi probablement
une image pas très gaie de la sainteté.

Ils imaginent les saints et les saintes de Dieu comme des personnes austères, graves et sans humour !
Ici encore, ce devrait être tout l’inverse car la sainteté est un chemin de joie et de bonheur !

« Heureux » dit, en effet, Jésus dans l’évangile de la Toussaint.
Et il le répète 9 fois pour qu’on l’entende bien !
« Réjouissez-vous », dit-il à ses disciples !

Mais quelle est cette joie  que le Christ promet aux bienheureux de l’Évangile,
aux saints et saintes de Dieu ?

Quelle est la joie des béatitudes, tellement plus durable et profonde
que les petits plaisirs qu’on attend de la vie  d
ans le bien-être des choses qu’on possède,

dans les reconnaissances et les remerciements…
Quelle est la joie des saints et des saintes de Dieu ?

Frères et sœurs,
la joie des saints et des saintes de Dieu
c’est la joie du ciel, la joie de l’éternel amour.

La joie des saints et des saintes, dit Jésus,
c’est la joie du Royaume des cieux !

Elle est la joie que l’on éprouve quand Dieu règne dans notre vie,
quand l’amour de Dieu présent dans les êtres
les fait vivre réellement.

Elle est la joie de celles et ceux qui vivent unis
à la volonté d’amour du Père.

La joie de ceux et celles qui se laissent transfigurer
par l’Amour de Dieu en eux et rayonnent de Lui !
Cette joie leur est promise pour l’éternité
comme l’inépuisable bonheur divin!

Les béatitudes de Jésus chantent cette joie des êtres
qui vivent pleinement de Dieu, par Dieu et pour Dieu.
Elles proclament la promesse que « cette foule innombrable »,
comme l’annonce le livre de l’Apocalypse,
se retrouve uni par-delà la mort dans la communion bienheureuse de Dieu.

Dans la seconde lecture de ce jour, 
saint Jean nous fait le cadeau d’une parole magnifique qui nous éclaire,
elle aussi, sur la sainteté.
« Bien aimés, nous le savons : quand cela sera manifesté,
nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est ».

Aux yeux de saint Jean donc, 
la joie du ciel, la joie de la sainteté,
c’est de voir enfin le Christ et d’être semblables à Lui.
Espérance magnifique !

Aimer Jésus, c’est désirer le voir et lui ressembler ! 
Dans le paradis, se réalisera alors ce vers quoi les disciples 
cheminent chaque jour : vivre dans la ressemblance de Jésus. 
Vivants enfin dans la ressemblance du Christ,
Ils connaîtront la joie parfaite.

Ils se laisseront emporter par le Fils et avec le Fils 
dans sa relation d’amour au Père par le lien de l’Esprit Saint.
« Heureux sont-ils ! »,
ils vivront dans l’éternel amour divin.

Mais, frères et sœurs,
quel est donc le chemin qui conduit à cette joie ?

Comment trouver la joie du ciel dans la ressemblance de Jésus,
la joie d’être avec le Christ, de devenir comme Lui  
et d’entrer dans la communion du Père dans le lien de l’Esprit-Saint ?
Quel est le chemin de la joie du Royaume de Dieu,
la joie de la sainteté ?

Dans les évangiles, le chemin vers la joie du ciel
se révèle surprenant, déroutant.

Jésus, en effet, proclame qu’ils sont heureux, 
les pauvres, les miséricordieux, celles et ceux qui pleurent, 
les assoiffés de justice et les artisans de paix, les persécutés… !

On aurait pu penser, 
que le bonheur et la joie sont pour les riches, 
les forts, les chanceux, les puissants…
C’est ainsi que le monde pense souvent,
et peut-être hélas, de plus en plus souvent aujourd’hui.

Or, pas du tout !
Quel sens a donc cet étrange chemin de bonheur annoncé par Jésus ?

Frères et sœurs,
je crois que l’Évangile des béatitudes nous parle ici de quelque chose de très profond en nous.

Il nous parle de ce qui nous rend vraiment heureux.
Il nous parle de ce qui fait de nous des vivants !
Il nous parle de ce qui nous donne la joie d’exister vraiment
jusque dans les épreuves de la vie.

Heureux êtes-vous, dit Jésus, parce que vous savez pleurer, 
parce que votre cœur se serre parfois, 
parce que vous avez faim de justice, de paix, de miséricorde.

Heureux êtes-vous !
Vous avez compris le chemin qui conduit à la joie du ciel !

Car, vivre en homme réellement, 
n’est-ce pas se révolter contre l’injustice et servir la paix ? 
Vivre en homme, n’est-ce pas pleurer devant le mal 
et le combattre dans le don de soi ?
N’est-ce pas se sentir quelques fois pauvre, 
limité devant ce qui nous dépasse ?
Résister à la violence et dire non à la haine, 
oser le pardon qui libère des verrous de la vengeance ?

Les béatitudes sont la reconnaissance 
de ce qui fait qu’un homme est vraiment homme 
et qu’il en éprouve de la joie. 
Elles se résument en un seul mot : aimer.

C’est de cela que nous parlent les Béatitudes. 
C’est quand on aime vraiment
qu’on devient capable de lutter pour la justice, 

de se sentir pauvre, de pleurer, d’espérer et de pardonner. 
C’est en aimant que nous existons pleinement. 
Les saints et les saintes de Dieu sont pour nous 
les visages de l’Amour de Dieu 
qui nous montrent le chemin de la vraie joie du ciel !

Ce chemin des béatitudes, c’est d’abord celui du Christ. 
Jésus, s’abandonnant à l’Amour de Dieu pour nous,
s’est fait Lui-même pauvre, souffrant,  don de justice et de miséricorde.
Crucifié et Ressuscité dans l’amour,
Il a ouvert pour nous  le chemin de la joie du Ciel.

Ce chemin est difficile et exigeant.
C’est pourquoi nous sommes si souvent tentés de suivre 
d’autres chemins pour trouver la joie ! 
Bien des illusions guettent les hommes !

Suivre le chemin des béatitudes de Jésus, 
exige de la force, de la conviction et du soutien.

Sur le chemin de vie des béatitudes,
nous avons besoin d’être soutenus par la force de l’Esprit Saint, 
soutenus par la Parole de Jésus,
soutenus par les sacrements et la prière de l’Église, 
soutenus par la fraternité des saints et des saintes de Dieu qui, 
nous l’espérons, nous précèdent dans la joie éternelle de Dieu
et ne nous oublient pas.

Car les saints et les saintes demeurent par-delà la mort en communion avec nous et ils nous portent dans leurs prières.

Frères et sœurs,
de cette communion des saints, 

nous sommes les témoins en chaque messe célébrée.

Dans un instant, à la fin du chant de la préface, 
j’inviterai par ces mots notre assemblée :  
« Avec les anges et les archanges,
avec les puissances d’en haut et tous les esprits bienheureux,
nous chantons l’hymne de ta gloire et sans fin nous proclamons ! ». 

Et, par le chant du Sanctus et de l’Hosanna !
nous nous unirons alors dans la joie à l’hymne des anges,
à la louange des saints et des saintes de Dieu.

Frères et sœurs, 
en cette eucharistie de la belle solennité de la Toussaint, 
chantons et prions avec plus de ferveur encore, 
en communion avec nos frères et sœurs du Ciel, saints et saintes de Dieu.

Rendons grâce à Dieu  pour les témoignages de vie et les enseignements  qu’ils nous ont laissés.
Recevons leurs soutiens et leurs encouragements à vivre comme eux dans l’amour du Christ.
Et demandons leur d’intercéder auprès de Dieu 
pour que se lèvent parmi nous les visages de sainteté
dont le monde a tant besoin aujourd’hui,

et que nous-mêmes,  nous les suivions humblement 
sur leur chemin de vie dans l’amour de Dieu et de sa création.

Amen.

Mgr Laurent Le Boulc’h, archevêque de Lille