Solennité de la Pentecôte (B) – 19 mai 2024 –

    Si vous demandez autour de vous quelle fête religieuse est célébrée en ce dimanche, je ne suis pas sûr que beaucoup sauront vous donner une réponse. Et s’ils vous disent : « la Pentecôte », parce qu’ils auront entendu ce mot dans les médias à propos de ce week-end prolongé, les sondés seront bien en peine d’expliquer la signification de ce mot Pentecôte

    Si je faisais ce même sondage parmi vous, je pense qu’il y aurait aussi pas mal de balbutiements…

    La signification est donnée dans la première lecture au Livre des Actes des Apôtres : cinquante jours après pâques. Pentecôte signifie en effet « le cinquantième jour ». Cette fête qui clôt le temps pascal puise son origine dans la fête juive de Chavouot, prescrite dans la Bible, au cours de laquelle on célèbre le début de la saison des moissons et, selon la tradition rabbinique, le don de la Torah (la Loi) sur le mont Sinaï.

    Pour les chrétiens, la Pentecôte, comme nous l’avons entendu dans la première Lecture, c’est l’effusion de l’Esprit Saint sur les Apôtres mais avec une dimension universelle puisque tous ceux qui sont rassemblés à Jérusalem entendent les Apôtres parler dans leur dialecte, et ils comprennent leur témoignage sur les merveilles de Dieu et leur discours sur le kérygme, c’est-à-dire sur le fondement de la foi chrétienne, à savoir que le Christ, mort sur la croix, est ressuscité d’entre les morts pour le salut de toute l’humanité.

    La venue de l’Esprit Saint est exprimée au moyen de symboles : C’est d’abord celui du vent. En hébreu, ce même mot désigne le souffle. Souffle qu’il nous faut accueillir pour le laisser ranimer notre vie et la rendre féconde.

    L’Esprit se manifeste aussi comme un feu. C’est le feu de l’amour qui transforme tout ce qu’il touche. Dans le récit de la Pentecôte, il prend l’aspect de langues qui se posent sur chacun des disciples qui étaient réunis ce jour-là à Jérusalem. Ils reçoivent alors la force de l’amour et le don de la parole pour annoncer les merveilles de Dieu à tous les hommes.

    L’Esprit-Saint rassemble donc dans l’unité les peuples et les cultures, tout en respectant leur identité propre et leur diversité. La langue de l’Esprit est celle de l’amour et de la communion.

    La Pentecôte est ce moment extraordinaire où l’Eglise est née, où chacun est appelé à renaître du souffle de l’Esprit. Elle est cette fête de la nouvelle création qui n’attend que notre consentement pour éclater, comme un nouveau printemps, au cœur de la vie de chacun d’entre nous en produisant ces fruits que sont l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi, fruits de l’Esprit tels que St Paul les décrit sa Lettre aux Galates.

    L’Esprit Saint ne cesse d’agir dans l’Église et dans la vie des baptisés, mais aussi au-delà de ces limites et de nos appartenances confessionnelles que nous avons toujours tendance à bien marquer et qu’il nous faut dépasser.

    Oui, l’Esprit fait germer des pousses nouvelles là où nous ne les attendions pas. Parmi ces pousses, comment ne pas citer :

    – le nombre croissant de catéchumènes qui frappent à la porte de l’Eglise chaque année, venant le plus souvent de familles non croyantes.

    – Ces 280 jeunes adultes qui reçoivent la confirmation hier après-midi et ce soir encore, en cette cathédrale.

    – Des jeunes de plus en plus nombreux et fervents qui participent ici à la messe dominicale ou en semaine à la Catho (messe à la bougie). Leur présence nous réjouit et elle touche profondément des personnes qui participent à notre assemblée dominicale, j’en ai eu un beau témoignage dimanche dernier par quelqu’un qui était de passage et qui s’émerveillait de voir tant de jeunes alors qu’il n’y en a plus un seul dans sa paroisse.

    L’Esprit Saint est aussi à l’œuvre et dépose des semences de vérité chez des personnes qui cherchent Dieu et dont la foi est balbutiante. A l’oeuvre également (il faut le souligner) en ceux qui vivent profondément les valeurs de droiture, de partage, de dévouement, de solidarité ou de service des autres. Ils n’adhérent pas à la foi en Dieu mais, comme le disait un jour Jésus, ils ne sont «  pas loin du Royaume de Dieu », car sans le savoir ils vivent déjà les valeurs de l’Evangile.

    En cette belle et grande fête de la Pentecôte, rendons grâce pour les merveilles de Dieu qui infuse sa propre Vie et son Amour en nous par son Esprit sous la conduite de qui il nous faut vivre et marcher.

Père Christian Portier, Chancelier du diocèse de Lille