ORDINATIONS DIACONALES – 18 octobre 2025

Ordinations diaconales de Bruno Sebire et Antoine Pannecoucke >>>>> Homélie et photos

Homélie

Frères et sœurs, l’évangile de la fête de saint Luc nous donne d’assister au premier envoi en mission de 72 disciples. Ces disciples sont envoyés par Jésus annoncer sa venue « dans toute ville et localité où lui-même allait se rendre ».

Le Christ prépare ainsi ses disciples à vivre la mission qui est encore la nôtre aujourd’hui. Le Ressuscité nous envoie, nous aussi, préparer les cœurs à accueillir sa présence. ‘Le Règne de Dieu s’est approché de vous.’

La feuille de route des 72 disciples est donc aussi pour nous. Or, cette feuille de route a quelque chose d’un peu étrange et contradictoire.

Ce que nous entendons d’abord, c’est une urgence. Jésus demande en effet à ses disciples de ne pas s’attarder en salutations sur la route. Il n’est pas question pour eux de s’encombrer d’objets qui pourraient ralentir la marche, pas même un sac. Il faut faire vite et ne pas s’arrêter en chemin, car le temps presse.

Mais, Jésus demande aussi à ses disciples d’éviter de passer à la va-vite, de maison en maison. Par deux fois, Jésus insiste, qu’ils n’hésitent pas à demeurer là où ils seront accueillis, mangeant et buvant ce qu’on leur servira.

D’un côté, c’est l’urgence qui domine, De l’autre côté, c’est la patience et la durée qui comptent. Mais alors, comment peut-il être possible ? Comment aller au plus vite et prendre son temps ?

Frères et sœurs, c’est en regardant vivre Jésus lui-même que nous comprendrons. Car les disciples sont appelés à témoigner dans sa ressemblance, en vivant par Lui et comme Lui, pour devenir des signes de sa présence. Ce qui frappe alors dans le récit de Jésus, c’est la même impression d’urgence.

Aux commencements des évangiles, un grand souffle emporte Jésus. Le Christ s’en va, passant de ville en ville, cherchant toujours à aller plus loin, refusant d’être enfermé dans un village ou une maison. Il va, toujours de l’avant. Quelque chose ou Quelqu’un le presse. Sa marche est décidée. Le temps est court. Le temps est compté. Car il y a urgence à témoigner de la proximité du Royaume de Dieu : « Le Règne de Dieu est tout proche de vous ».

En Jésus, le Règne de Dieu se fait proche. En Lui, l’Amour juste et miséricordieux de Dieu va à la rencontre des pauvres de cœur. Il y a urgence pour eux d’entendre sa Bonne Nouvelle. Ne sont-ils pas dans l’attente d’une autre Parole sur Dieu, une Parole venue de Dieu, une Parole en acte qui les libèrerait, qui leur redonnerait la joie et l’espérance, la confiance et la paix ?

Cet appel si pressant en Jésus à proposer à tous les êtres l’expérience de la rencontre de Dieu qui libère, n’engendre pourtant en lui aucune précipitation. Il n’y a pas chez lui de paroles ou de gestes bâclés. On n’a pas l’impression qu’il soit ailleurs, la tête préoccupée de ce qui va suivre, déjà parti.

Au contraire, on est frappé par la qualité extraordinaire de sa présence aux personnes qu’il rencontre. Un vrai compagnonnage de la vie, une écoute, une attention, la parole et le geste justes, au bon moment, et qui font avancer.

Dans le récit de Jésus, l’urgence à témoigner de Dieu à tous se conjugue avec la patience de la rencontre au jour le jour. C’est donc cela que Jésus demande à ses disciples de vivre pour la mission. Ils seront véritablement disciples du Christ s’ils partagent le même sentiment d’urgence à témoigner de l’Évangile. Ils seront disciples du Christ s’ils se montrent aussi capables de donner du temps et de la disponibilité aux rencontres de la vie.

Entre l’urgence et la disponibilité de la rencontre, ce sera pour eux une tension toujours à vivre, mais c’est là la condition pour devenir des envoyés du Seigneur.

Frères et sœurs, baptisés et confirmés dans le Christ, nous sommes aujourd’hui les 72 disciples appelés par Jésus à devenir ses témoins. Pour vivre en missionnaires de l’Évangile, il nous faut comme eux éprouver l’urgence et la patience du témoignage. Cet appel balise le chemin de renouvellement missionnaire dans lequel toute l’Eglise de Lille est engagée.

Chers Antoine et Bruno, cet appel de Jésus est au fondement du ministère diaconal.

Le sacrement de l’ordre diaconal que vous recevez aujourd’hui fait de vous des serviteurs du décentrement de l’Église vers le monde. Vous serez dans l’Église l’aiguillon de la mission du Christ qui l’envoie annoncer sa venue dans toute ville et localité. Vous veillerez donc à ce que jamais l’Eglise ne se replie sur elle-même, et qu’elle vive constamment dans l’urgence d’offrir l’Évangile dans le dialogue avec nos contemporains.

En ravivant dans l’Église l’urgence du témoignage évangélique, vous l’exhorterez aussi à savoir demeurer. Vous encouragerez les baptisés à vivre en humbles compagnons de route des hommes et des femmes, comme des serviteurs de la rencontre qui partagent le pain, le vin et la parole avec celles et ceux qui les accueillent, et portent une attention remplie de charité pour chacune et chacun, en commençant par les plus petits. Ce témoignage d’urgence et de patience évangélique, vous le porterez aussi vous-mêmes dans vos différents milieux familiaux, associatifs et ecclésiaux et professionnels. Diacres engagés dans l’enseignement catholique, vous y servirez l’annonce du Christ pour tous et vous y serez attentifs à prendre soin de la rencontre humanisante de chaque personne, notamment avec les plus petits, les élèves, les étudiants et vos collaborateurs qui peinent le plus.

Chers Antoine et Bruno, le diaconat fait de vous des ministres de la Parole de Dieu. Soyez heureux de méditer, de transmettre et commenter l’Évangile de Jésus pour vos frères et sœurs, dans vos paroisses, vos fraternités et vos écoles.

Disciples de Jésus, nous sommes les uns et les autres, témoins de ce tout ce que le partage de l’Évangile nous offre de grâces. L’Évangile donne cohérence à nos vies. Il nous libère de ce qui peut nous rendre esclaves. Il nous éclaire sur les vrais combats à mener. Il nous donne la joie de nous savoir infiniment sauvés dans l’amour, et nous ouvre à l’espérance de la vie plus forte que la mort.

Antoine et Bruno, partagez à tous la Parole de Dieu, non seulement comme une Parole à lire, mais comme une Parole à vivre. Elle est la voie qui permet d’accueillir la présence de Jésus.

Dans la liturgie de l’eucharistie et des célébrations de l’Église, les diacres sont un signe sacramentel du Christ Serviteur. Leur présence rappelle à l’Église que le culte d’amour qu’elle rend à Dieu ne se réalise vraiment que s’il se déploie dans le témoignage de la charité, c’est-à-dire dans le lien de communion entre les disciples et le lien de solidarité avec les plus pauvres. La charité est le plus beau signe de la présence du Ressuscité.

Chers Antoine et Bruno, votre évêque est heureux cet après-midi de vous ordonner diacres pour le service du diocèse de Lille Je suis heureux de vous compter parmi les précieux collaborateurs de ma mission.

Avec toute l’Église diocésaine qui vous reçoit aujourd’hui, je prie pour que votre ministère, vous remplisse de joie, et qu’il soit la source d’un surcroit d’amour dans vos familles, avec Bénédicte et Stéphanie et vos enfants.

En signe d’amitié fraternelle, je suis heureux de vous offrir la première exhortation apostolique de notre pape Léon XIV qui vient de paraître. ‘Dilexi te’ est un texte magnifique sur l’amour des pauvres. Il inspirera l’exercice de votre ministère diaconal au service, comme dit le Saint Père, d’une ‘Église pour les pauvres’ signe au milieu du monde de ‘Dieu qui choisit les pauvres’.

Frères et sœurs, comme nous le demande Jésus dans l’évangile, prions maintenant « le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ». Que se lèvent dans l’Église de Lille des disciples-missionnaires, joyeux d’annoncer à tous le Christ Sauveur, dans la diversité de leurs vocations.

Amen.