Office de la Passion (C) – 18 avril 2025
Visuel : Le Christ en croix – Cathédrale N-Dame de La Treille
– Photo de B. Naeye
HOMELIE à lire sous le visuel
Le Christ s’est fait obéissant pour nous
jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom.
Le Christ s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur.
(cf. Ph 2, 8-9)
Homélie du Vendredi saint – Office de la Passion
Frères et sœurs,
le mystère de la passion de Jésus, que nous contemplons dans la liturgie de ce vendredi saint
peut faire naitre en nous des sentiments contradictoires.
La croix de Jésus semble d’abord signer le deuil d’un Dieu dont on espérait qu’il se montre tout-puissant face au mal ici-bas.
Sous cet angle, l’abandon à la crucifixion du Fils de Dieu nous bouleverse et nous laisse désemparés.
Qui donc est Dieu qui semble incapable de vaincre le pouvoir du mal et de la mort ?
Mais, le mystère de la croix du Christ dévoile aussi l’extraordinaire Amour de Dieu qui, dans le Fils, se fait étonnamment proche de l’homme en déréliction, partageant son extrême souffrance physique, morale et spirituelle résistant jusqu’au bout à la tentation du mal.
Qui donc est Dieu qui se fait proche des innocents condamnés ?
Alors que les hommes et les femmes semblent de plus en plus mal à l’aise quand ils rencontrent des personnes marquées par de signes de faiblesse et de pauvreté extrêmes, quand l’air du temps murmure à nos oreilles que ces existences inutiles ont moins de droit à vivre jusqu’au bout, la passion de Jésus nous interroge.
Ce vendredi saint, nous contemplons Jésus, Fils de Dieu crucifié dont la vie semble devenue si scandaleusement inutile. Vie nue, brisée, impuissante, qui suscite la dérision ou la fuite, même de ses amis.
Mais, saint Jean dans son évangile nous ouvre à un autre regard. Il nous appelle à voir avec d’autres yeux que ceux qui sont éblouis par la fascination pour la puissance et la performance.
Dans la passion selon saint Jean, la croix de Jésus est une croix glorieuse. Elle dévoile déjà la victoire de la vie sur la mort.
Car en Jésus crucifié qui semble devenu si inutile, vulnérable et contre-performant, se livre paradoxalement l’essentiel de la vie.
En Lui qui est mis à mort se révèle, ce qui fait la grandeur de l’homme. Sur la croix de Jésus, nous contemplons la perfection de l’amour venu de Dieu en l’homme, qui lui ouvre l’accès à la vraie vie, la vie éternelle.
La croix de Jésus nous montre alors l’étrange fécondité de ceux et celles que nous sommes tentés de rejeter parce qu’inutiles à nos yeux, personnes malades ou en fin de vie, exclus de toutes sortes.
Vulnérables et fragiles, les petits et les pauvres nous convertissent à l’amour du prochain. Ils sont une parole d’Évangile qui nous provoque à l’amour, cet amour qui seul peut accomplir nos vies. Ils sont le visage de Jésus crucifié qui invite les hommes à s’épanouir dans l’amour de Dieu et de leurs frères et sœurs abandonnés.
Frères et sœurs, dans la suite de cette liturgie du vendredi saint, nous allons nous avancer en procession jusqu’à la croix de Jésus. Nous nous abriterons sous son ombre, et nous la vénérerons.
Dans ce beau geste, nous dirons tout notre amour pour Jésus crucifié, en qui s’accomplit la vocation de l’homme dans offrande de sa vie. Et nous reconnaîtrons en ceux et celles qui portent de lourdes croix aujourd’hui, une invitation de Dieu à les aimer comme ll nous a aimés.
Là est le chemin de Pâques, la voie d’accomplissement de toute vie.
Amen.
Mgr Laurent Le Boulc’h