Messe de rentrée des étudiants UCL – 23 septembre 2025
Anniversaire des 150 ans de l’Université catholique de Lille
Frères et sœurs,
le livre d’Esdras, dont nous venons d’écouter un passage en première lecture,
raconte l’évènement considérable dans l’histoire d’Israël,
qu’a été, suite aux édits de Cyrus et Darius, rois de Perse,
le retour au pays des exilés de Babylone,
et la reconstruction du Temple de Jérusalem.
Esdras raconte que pour rénover le Temple
les anciens ont puisé leurs souvenirs dans la mémoire d’Israël.
Il décrit aussi la liturgie grandiose qui a célébré
la réouverture du haut-lieu de la prière juive.
« Les fils d’Israël, les prêtres, les lévites et le reste des rapatriés
célébrèrent dans la joie la dédicace de cette maison de Dieu », raconte Esdras
Frères et sœurs,
l’histoire de l’Université Catholique de Lille
n’est pas comparable à celle du Temple de Jérusalem.
Heureusement, en 150 ans d’existence,
l’université n’a pas connu la destruction.
Mais, la célébration du 150ème anniversaire de l’Université
nous a conduits, nous aussi, depuis des mois,
à faire mémoire des origines afin de renouveler notre fidélité
à l’intuition première de nos pères fondateurs.
Lorsque nous relisons l’histoire de l’Université de Lille,
nous ne faisons pas un vœu de fixité,
comme si la tradition n’était dans l’Église
que la simple reproduction à l’identique du passé.
Si nous faisons mémoire de nos origines,
c’est pour nous engager dans une dynamique créative,
en reprenant le sillage de l’inspiration des intuitions fondamentales
qui ont guidé Philibert Vrau et Camille Frau Véron dans leur projet.
Au-delà de la matérialité des deux cœurs de ces vénérables fondateurs
qui ont placés dans l’enceinte de notre maison,
c’est le battement vivifiant de leur témoignage
qui est appelé à continuer d’impulser son oxygène dans l’université.
Ainsi, chers acteurs de l’Université Catholique de Lille,
la volonté de Philibert et Camille au XIXème siècle,
de servir la réconciliation de la foi et de la raison, chacune dans son ordre,
d’insuffler le souffle de l’Évangile dans l’évolution du monde,
d’incarner le visage du Christ dans la construction
d’une société plus juste et fraternelle,
et de permettre au mystère de l’eucharistie
d’irradier dans la vie des hommes et des femmes
sa puissance de contemplation, de réconciliation et de communion,
cette volonté est aujourd’hui toujours la nôtre.
Prenant appui sur cet humanisme chrétien,
nous participons donc,
avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté,
et les partenaires engagés dans la même voie,
à l’œuvre d’éducation et de formation des personnes dans leur intégralité,
les aidant à devenir elles-mêmes
des acteurs impliqués dans la vie des territoires,
« sel et lumière du monde »,
comme l’exhorte Jésus dans l’évangile.
Chers amis,
ce soir, nous pouvons légitimement exprimer notre fierté
de participer à cette belle œuvre, déployée depuis 150 années.
Les beaux livres, parus cette année pour célébrer cet anniversaire,
rassemblent pour nous de beaux motifs de joie et d’espérance.
Ils nous invitent à l’action de grâce.
Mais, frères et sœurs,
nous savons aussi combien cette œuvre,
aussi impressionnante soit-elle, demeure fragile.
Son épanouissement a d’ailleurs exigé bien des combats,
de la ténacité et de l’imagination pour faire face aux contraintes,
et, parfois, à certaines entraves et oppositions.
La vigilance s’impose toujours à nous.
Nous partageons cependant la conviction
que nous sommes portés, comme Philibert et Camille,
par cette intuition spirituelle que le travail que nous entreprenons
est d’abord réponse à la volonté de Dieu qui,
grâce à ceux et celles qui le servent,
désire répandre la puissance de son amour dans le monde.
Il y a alors quelque chose de providentiel dans cet appel,
comme une réponse à un désir qui vient de plus loin que nous,
source de notre confiance et de notre espérance.
Dans les temps troublés que nous vivons,
ce don de l’Esprit-Saint nous est précieux.
« Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix,
mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va.
Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. »
dit Jésus à Nicodème dans l’évangile selon saint Jean.
Frères et sœurs,
la vie dans l’Esprit nous appelle à ne pas verser dans l’illusion
de maitriser totalement notre avenir,
en l’enfermant dans des programmes et des projections bien définies.
Ce travail de la raison est certes nécessaire,
mais il ne prend sens que s’il s’appuie d’abord sur l’écoute dans l’Esprit.
C’est cette écoute qui fait l’originalité d’une université catholique,
qui la rend fidèle et inventive,
riche de son passé, en résonance avec l’actualité,
et confiante en son avenir.
Écouter l’Esprit Saint aujourd’hui.
Qu’est-ce que le Seigneur nous dit du monde d’aujourd’hui ?
A quoi nous demande-t-Il d’être attentifs ?
A quelles missions, le Christ nous envoie-t-il ?
Vers quels besoins éducatifs, sociaux, culturels et spirituels,
qui émergent déjà dans notre monde d’aujourd’hui pour demain,
nous faut-il orienter nos choix ?
Comment semer l’Évangile comme un ferment d’humanité ?
Frères et sœurs,
cette mission exaltante et exigeante,
l’Université Catholique de Lille la porte depuis 150 ans.
Dans notre monde en quête d’espérance,
nous en mesurons l’urgence et la pertinence aujourd’hui.
Et c’est une grande joie pour chacune et chacun d’entre nous
d’y contribuer selon ses compétences et ses responsabilités.
Dans le petit récit de l’évangile de ce jour,
Jésus nous met en garde.
Il pointe le risque pour ses proches et sa famille
de s’installer dans un certain confort.
Les proches et la famille de Jésus agissent comme si,
à cause de leurs liens avec Lui,
la présence du Christ auprès d’eux allait de soi,
comme si cette présence leur était due.
Ils se contentent alors d’attendre au dehors
que Jésus vienne à leur rencontre.
En quelques mots, Jésus leur fait comprendre que
vivre comme sa mère et comme ses frères,
demande d’entrer dans le cercle de ceux et celles
« qui écoutent la Parole de Dieu, et qui la mettent en pratique ».
Frères et sœurs,
c’est ainsi que le Christ dans l’évangile nous appelle,
au sein de l’Université,
à ne jamais nous reposer sur nos lauriers.
Il nous invite à entrer dans le cercle de communion de ses amis,
qu’est la fraternité de l’Église,
pour nous laisser sans cesse déplacer
dans l’écoute priante et partagée de sa Parole.
Là est le socle le plus sûr de notre fidélité
et de notre créativité dans la mission.
Que le Seigneur bénisse l’Université Catholique de Lille !
Qu’il lui accorde encore une longue vie
pour le service de l’Église dans le monde.
Amen.