Messe chrismale (B) – 26 mars 2024 –

Frères et sœurs, la messe chrismale que nous célébrons ce soir dans la cathédrale Notre-Dame de la Treille nous donne d’admirer la beauté du mystère de l’Église.

En cette semaine sainte, dans tous les diocèses du monde, la messe chrismale rassemble les prêtres, les diacres,
les consacrés et les fidèles autour de leurs évêques. Elle les rassemble dans des pays où les chrétiens sont une foule immense, là aussi où ils ne sont qu’une poignée. Elle le fait en plein jour quand l’Église a pignon sur rue, ou dans la nuit quand l’Église est tout juste tolérée, voire persécutée.

Frères et sœurs, ce soir, nous nous émerveillons devant l’extraordinaire capacité spirituelle de l’Église catholique à rassembler des hommes et des femmes si divers dans la fraternité du Christ.  

Ainsi, sommes-nous ce soir dans notre cathédrale. Nous sommes venus de toutes les paroisses du diocèse. Parmi nous, il y a des catéchumènes, des néophytes et des vieux croyants, des jeunes et des adultes, des personnes aux convictions diverses. Nous nous reconnaissons comme membres d’une seule et même Église diocésaine, unis dans le même amour du Christ Jésus et dans la charité de ses disciples.

Frères et sœurs, la messe chrismale réveille dans notre Église le don de l’unité,
en communion avec toutes les Églises diocésaines unies à celle de Rome. C’est une extraordinaire communion entre les hommes et les femmes que l’Église catholique engendre dans le monde ! Cette communion dans l’Église est d’autant plus grande qu’elle n’est pas d’abord le fruit des efforts et des désirs des croyants. La communion de l’Église naît de l’amour du Christ qui relie et réconcilie en Lui les hommes divisés. Elle manifeste l’œuvre d’unité de l’Esprit de Dieu.

Nous rendons grâce ce soir pour la beauté de la communion universelle de l’Église. Et nous nous interrogeons aussi. Ce ferment de communion fraternelle est-il destiné à demeurer enfermé dans les enceintes de nos sanctuaires, de nos aumôneries et de nos églises paroissiales ? L’extraordinaire communion de l’Église n’est-elle pas destinée à donner du fruit dans la vie du monde ?
La communion de l’Église n’est-elle pas appelée à rayonner dans la vie sociale, économique, culturelle ou politique des peuples ?

La communion fraternelle que nous expérimentons dans l’Église diocésaine et universelle dégage une énergie qui doit rayonner jusqu’aux périphéries du monde. L’Église communion est une Église missionnaire. La fraternité de Jésus doit se répandre dans toutes les relations familiales et sociales, car il est de la nature de l’amour qu’est Dieu de ne pas rester replié sur lui-même mais de se donner surabondamment jusqu’au plus loin de Lui.

La communion des chrétiens se déploie quand elle devient le témoignage de l’Esprit Saint dans le monde en actualisant l’Évangile de Jésus : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur ».

Frères et sœurs, notre communion fraternelle nous porte alors ce soir à témoigner de l’Évangile dans tous nos lieux de vie. Pour vivre cela, les baptisés sont appelés à progresser dans leurs relations fraternelles et les démultiplier dans la solidarité avec tous, en commençant par les plus petits au nom de Jésus et dans l’Esprit.
Ce soir, la célébration de la messe chrismale affermit notre communion diocésaine afin que cette fraternité qui nous relie en Jésus se transforme en liens de solidarité et de charité pour tous. C’est bien cela, frères et sœurs, le sens du chemin de renouvellement missionnaire que nous entreprenons ensemble. Il nous stimule dans l’accueil priant de la Parole de Dieu qui relie et envoie les disciples de Jésus dans le monde. La bénédiction des huiles que nous célébrons dans la messe chrismale nous relance dans cet élan. 

En bénissant l’huile des catéchumènes, l’Église se rappelle à sa vocation d’annoncer l’Évangile, accueillir et initier les nouveaux venus à la foi.
Nous rendons grâce à Dieu parce qu’ils sont de plus en plus nombreux dans notre pays à demander à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne.
Les catéchumènes sont pour nous le signe de la puissance de l’Évangile du Christ capable de rejoindre toutes personnes qui espèrent un salut, leur donnant d’entrer dans une vraie expérience de liberté, de joie et de paix. De cette Bonne Nouvelle, nous sommes tous appelés à être les ambassadeurs, en témoignant de ce que l’Évangile façonne dans nos vies.

En bénissant ce soir l’huile pour l’onction des malades, c’est aussi l’appel à prendre soin des personnes souffrantes qui retentit dans toute l’Église de Lille.
Ce soir, par les huiles, les blessés de la vie se rappellent à nous comme des destinés de l’amour préférentiel du Dieu Sauveur. Je rends grâce au Seigneur avec vous pour l’engagement si généreux de tant de communautés d’Église dans le service du frère. Que la bénédiction de l’huile nous encourage à persévérer
dans le témoignage de la proximité de l’Église avec les plus pauvres.

Ce soir, le saint chrême, cette huile parfumée pour l’onction des liturgies
du baptême, de la confirmation et de l’ordination sacerdotale, va être consacré. Recevoir le saint chrême nous encourage à faire résonner dans tous les baptisés-confirmés l’appel à s’engager à la suite du Christ au service de la mission de l’Église. La consécration du saint chrême nous provoque aussi à l’espérance d’ordonner des prêtres au service de notre Église. J’ai confiance que l’appel radical à donner sa vie au Seigneur vibre toujours dans le cœur de certains jeunes. Mais il revient à notre Église de s’en faire, sans peurs, l’écho dans la sagesse
de l’interpellation, de l’accompagnement et du discernement. Rendons grâce au Seigneur pour tous ceux et celles qui s’y engagent.

Chers frères et sœurs du diocèse de Lille, au commencement de la grande semaine sainte, notre prière se fait plus fervente encore. Demandons au Christ Mort et Ressuscité d’affermir notre communion et de renforcer notre désir d’annoncer
son Évangile au cœur du monde.

Que la messe chrismale célébrée ce soir dans la richesse de nos diverses vocations, nous donne de témoigner de la communion de l’Église qui nous envoie en mission, sacrement du salut du Christ pour le monde.

Amen.

+ Mgr Laurent LE BOULC’H

 

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