La Sainte Famille – 31 décembre 2023
Illustration : (Icône de Sr Marie-Véronique-Atelier Saint Séraphim : ICI)
Nous achevons 2023 en compagnie de trois aînés.
Abraham, Siméon, Anne.
Tous trois pourraient se replier sur leurs vieux jours. Et n’avoir de louange qu’envers leur passé.
Tous trois pourraient être aigris par la vie,
qui n’a pas répondu à leur attente.
Tous trois pourraient avoir perdu confiance.
Tous trois pourraient désespérer de Dieu.
Moi Abraham, je vais laisser ma maison à Eliezer. Faute de mieux. Faute de descendance.
Moi Siméon, cela fait tant d’années que je guette la consolation d’Israël. Viendra-t-elle un jour?
Moi Anne, à 84 ans, je prie et jeûne quasiment sans interruption au temple ou à proximité. Cette prière serait-elle stérile et vaine?
Tous trois sont saisis par le passage du Seigneur.
Tous trois sont bénis de Dieu.
Abraham, il te suffit de regarder le ciel et de compter les étoiles, si tu y parviens.
Siméon, il te suffit de prendre l’enfant Jésus dans tes bras d’homme vénérable.
Anne, il te suffit de proclamer les louanges de Dieu et parler de l’enfant Dieu dans tout Jérusalem.
A chacun sa mission, son charisme, sa destinée sous le regard de Dieu.
Abraham devient notre Père dans la foi monothéiste, ce qui n’est pas une petite chose, par les temps inter religieux que nous vivons !
Siméon devient le « saint patron » du discernement, le saint patron des opticiens.
Ses yeux ont vu le salut !
Anne est une femme prophète. Par sa prière et son jeûne, elle a soutenu l’espérance de la venue de Dieu. Nous nous gavons de tant de superficialité.
Merci à Dieu de nous offrir ces trois vieillards dont l’âme est si jeune.
Nous avons tant besoin d’un Père.
Nous manquons tant de clairvoyance
Nous ne croyons pas assez en la fécondité de la prière.
Grâce à la foi, comme l’exprime l’épître aux Hébreux, Abraham ouvre une postérité nouvelle. Celle de la transmission ! En 2024,
allons-nous partager la foi ? Cultiver la foi? Creuser la foi? Expliquer la foi? Célébrer la foi?
Grâce à son discernement, Siméon devient le bon serviteur qui peut s’en aller dans la paix. Il ne retient pas l’avenir du peuple de Dieu de façon crispée. Jésus est entre ses mains pour être offert au monde. Oui, Siméon est jeune de cœur et d’esprit. Le Saint Esprit est en lui. La lumière se révèle aux nations.
Saint Luc insiste : non seulement Siméon reconnaît en Jésus le Messie, mais il voit en Marie la marque du glaive. Le signe de ceux qui sont fidèles à Dieu. Qui a vu Dieu en Jésus devient capable de décrypter les pensées venant du cœur d’un grand nombre de gens.
Quant à Anne, combien est précieuse sa résilience ! Sa capacité à être là où Dieu lui demande de veiller. Parce que le jour va venir ! Anne, dans nos hôpitaux, luttant contre la solitude des mourants, luttant pour que la fin de vie ne soit pas légiférée de façon crépusculaire !
Anne, la priante silencieuse qui porte les causes désespérées. Anne, la prophétesse des aurores nouvelles, d’une fraternité possible en Jésus.
Frères et sœurs, il n’est pas anodin que ces trois visages bibliques habitent notre fête de la Sainte Famille.
La vocation de Marie et Joseph auprès de Jésus est éclairée de l’intérieur par Abraham, par Siméon et par Anne.
Nos familles bénies par Abraham s’inscrivent dans l’innombrable multitude des personnes aimées de Dieu.
Nos familles reçues par Siméon deviennent capables de voir Dieu en elles et elles en Dieu.
Nos familles soutenues par la prière d’Anne ne peuvent jamais désespérer d’elles-mêmes.
Avec Abraham, nos familles brûlent d’universalité.
Avec Siméon, nos familles découvrent la promesse de Dieu en un enfant.
Avec Anne, nos familles sont des églises en prière.
Avec Abraham, nos familles sont toutes reliées dans le dessein de Dieu
Avec Siméon, nos familles sont des sanctuaires pour la conscience et la compréhension des événements.
Avec Anne, nos familles invoquent le Dieu fidèle éternellement.
Vous le savez, de nombreuses familles sont en errance, en souffrance, en désespérance.
Dieu veut qu’elles soient habitées de sa présence aimante, paternelle et christique.
Ne rentrez pas chez vous comme avant.
Rendez grâce pour ceux qui vous sont proches, et priez pour que cette appartenance aux vôtres, s’inscrive dans la lumière de la Sainte Famille.
Benoit XVI nous a quittés, voici juste un an dans la discrétion, tandis que la planète était absorbée par le préparatif de son réveillon. Il commentait volontiers l’évangile de ce dimanche insistant pour qu’on accueille en Jésus le Rédempteur.
Il voyait dans la prophétie de Siméon à Marie le lien indéfectible entre la Mère et son Fils.
« Toute opposition de l’homme à Jésus perce le cœur de Marie.
Tout accueil favorable de Jésus réjouit sa mère ».
La Sainte Famille vibre de l’accueil réservé à Jésus sur la terre.
Nos familles chrétiennes ont à se greffer sur cette attitude de la Sainte Famille.
Thérèse de Lisieux explique que le Noël 1886 fut pour elle un tournant majeur.
Dieu l’a guérie de son hypersensibilité infantile.
Elle est entrée dans une étonnante maturité.
Je souhaite à nos familles d’être guéries à tout jamais de ce qui les dénature.
Il faut que Noël nous offre la maturité spirituelle pour vivre la famille, défendre la famille, honorer la famille, en se gardant toujours de tout jugement ne revenant qu’à Dieu seul.
Dans la plus grande bonté envers les familles, offrons à la Sainte Famille la solidité de notre foi, mûrie par Abraham. Le regard nouveau de Siméon. La ferveur de Anne la prophétesse.
Dieu soit béni.
Mgr Bernard Podvin
Cathédrale ND Treille 31 décembre 2023
Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph.