Homélie du 8 janvier 2023

Bethléem terre de Juda, petit chef-lieu de Judée, pas le plus petit mais pas bien grand non plus, à quelques lieues de Jérusalem, dans la montagne. C’est là que se tiennent l’enfant et sa mère. C’est l’endroit que l’étoile a indiqué et où les mages venus d’Orient se sont rendus après s’être arrêtés au palais du roi Hérode.

C’est par ce beau récit que l’évangéliste Matthieu illustre une vérité de foi. La naissance du Sauveur à Bethléem s’inscrit dans l’histoire d’Israël. Elle accomplit la promesse de Dieu : le Christ, le Messie, est de la lignée de David. Mais sa naissance concerne tous les hommes. Luc le dira autrement par la bouche de Syméon : « Il est la lumière des nations et la gloire d’Israël »(Lc2,32). L’événement singulier, presque passé inaperçu sauf de quelques bergers (Lc2,8-18) a une portée universelle. Les mages venus d’Orient, si richement drapés dans nos crèches, représentent toute l’humanité en quête de Dieu, les sagesses et les traditions religieuses si diverses et qui convergent vers l’enfant-Dieu. Le Christ Jésus est manifesté au monde entier. C’est le sens du mot Epiphanie. De plus les présents offerts par les mages portent un message. Avec l’or, ils proclament la royauté de l’enfant qui ébranle Hérode et motivera la violence à l’égard des saints innocents. Avec l’encens, ils confessent sa divinité. Avec la myrrhe, ils annoncent sa Passion à venir.

Matthieu met en scène cette grande vérité de foi. Il le fait avec beaucoup de poésie dans une scène très suggestive qui peut nourrir notre foi et enrichir notre prière : Jésus Christ est Seigneur. Par sa vie, sa mort et sa résurrection, il sauve tous les hommes et nous ouvre le chemin vers Dieu son Père et notre Père. Sa naissance de la Vierge Marie nous rend capables à notre tour de devenir fils et filles de Dieu. L’alliance que Dieu a conclue avec Israël s’étend désormais à tous les peuples. Dans la prière, nous pouvons contempler Dieu à l’œuvre pour amener tous les hommes à son Fils. Nous pouvons repérer les semences du Verbe, selon la belle expérience des Pères de l’Eglise reprise par le Concile Vatican II. Nous pouvons discerner les germes de justice et de paix, de fraternité et d’hospitalité qui rapprochent l’humanité du Royaume de Dieu. Nous pouvons intercéder pour cette humanité en marche, au milieu de laquelle l’Eglise essaie de témoigner de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu offert à tous.

Matthieu nous oblige à nous interroger nous-mêmes. Le Christ est-il bien au cœur de notre foi ? Sommes-nous convaincus qu’il rejoint tous les hommes dans la diversité des cultures et des situations ? Aspirons-nous à voir toute l’humanité « récapitulée »(Eph1,10) dans le Christ, pour que le Christ atteigne toute sa plénitude (Eph1,23 ; Col2,9-10) ? Telle est la vocation de l’Eglise, corps du Christ. J’en suis convaincu quelles que soient l’indifférence et l’incroyance si répandues aujourd’hui. En communiant au Corps du Christ, je n’entretiens pas seulement un lien personnel avec le Christ, pour être « enraciné et fondé en lui » (Col2,7), je m’agrège au Corps appelé à unir toute l’humanité sous un seul chef, le Christ(Eph1,10) et la conduire à Dieu.

Si la fête de l’Epiphanie est traditionnellement le jour de collecte pour les missions d’Afrique, elle a une portée missionnaire plus ample encore : L’événement unique de la naissance de Jésus à Bethléem de Judée est appelé à faire sens pour tout homme. Cherchons à le manifester par toute notre vie ! Amen.

 

Père Bruno CAZIN, Délégué général de l’Administrateur diocésain.