Homélie du 5 septembre 2021

« Il a bien fait toutes choses ! Il fait entendre les sourds et parler les muets ». Jésus suscite l’émerveillement. Il impressionne les gens qui lui avaient amené ce sourd-muet et les foules qu’il avait pourtant pris soin de laisser à l’écart. Or, nous sommes en terre païenne, dans la Décapole, sur le chemin entre Tyr et Sidon et la mer de Galilée. Même les non-juifs reconnaissent la puissance agissante de Jésus qui réalise la prophétie d’Isaïe, adressée autrefois au peuple désespéré par l’exil : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. »

Jésus actualise la promesse de Dieu. Il s’approche de celui qui souffre. « Effata, Ouvre-toi ! » Sa parole est efficace. Elle relève. Elle transforme. Elle permet la réintégration de celui qui était exclu. Jésus guérit. Il soutient l’espérance. En lui, Dieu manifeste sa bonté. Malgré la recommandation de Jésus de garder le secret, la bonne nouvelle se diffuse, y compris chez les païens.

En effet, Dieu ne fait pas acception des personnes. Il est impartial. S’il délie les enchaînés et ouvre les yeux des aveugles, s’il redresse les accablés, protège l’étranger et soutient la veuve et l’orphelin, c’est pour signifier que son amour est sans frontière. Il aime préférentiellement les pauvres et les petits pour révéler la puissance de sa miséricorde« qui s’étend d’âge en âge » (Lc1,50 : Magnificat). C’est ainsi que l’apôtre Jacques met en garde les premiers chrétiens en opposant leur partialité à la foi. Ils jugent les hommes selon leur apparence et leur richesse, alors que la foi voit en chacun un être aimé de Dieu, un frère dans le Christ. L’exigence de justice et de fraternité l’emporte sur les critères sociaux. La foi au Christ bouleverse l’ordre établi et conduit à imiter Dieu qui « choisit ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi et des héritiers du Royaume. »

Disciple du Christ, Jacques met en valeur l’expérience du peuple élu qui sait bien que Dieu l’a choisi, non pas en vertu de ses mérites, mais tout simplement par amour, gratuitement, parce qu’il est Dieu et parce qu’Israël est le peuple qu’il s’est choisi, un petit peuple de douze tribus, bien modeste en comparaison des grandes nations qui l’entourent, l’Egypte et Babylone. Cette expérience est fondatrice. Elle conduit à reconnaître le don de Dieu et à le partager.

Nous aussi, Dieu nous choisit. Il nous chérit. Il nous connaît par notre nom. Il nous aime et son amour est sans condition. Nous l’accueillons d’autant plus que nous nous reconnaissons bien imparfaits, humbles et pécheurs. C’est alors que nous sommes disposés à nous ouvrir, à nous laisser aimer. « Effata, ouvre-toi » dit-on au candidat au baptême en ajoutant : « Que le Seigneur te donne d’écouter sa Parole et de proclamer la foi !»

Frères et sœurs, en ce début d’année, renonçons à nos surdités, brisons nos isolements. Ne nous replions pas sur nous-mêmes et nos préoccupations étroites. Ouvrons-nous au don de Dieu !Laissons la Parole de Dieu nous saisir et agir en nous. Disposons-nous à accueillir l’Esprit qui régénère et fait toutes choses nouvelles. Soyons de vrais disciples du Christ heureux de communiquer avec Dieu dans la prière et d’entrer en dialogue avec ceux que Dieu met sur notre chemin. Bonne rentrée !

Père Bruno CAZIN, Vicaire général.