Homélie du 31/01/2021 – 4e Dimanche du Temps Ordinaire, P. Bruno CAZIN

PREMIÈRE LECTURE « Je ferai se lever un prophète ; je mettrai dans sa bouche mes paroles »

 

Lecture du livre du Deutéronome (Dt 18, 15-20)

Moïse disait au peuple :
« Au milieu de vous, parmi vos frères,
le Seigneur votre Dieu
fera se lever un prophète comme moi,
et vous l’écouterez.
C’est bien ce que vous avez demandé au Seigneur votre Dieu,
au mont Horeb, le jour de l’assemblée, quand vous disiez :
“Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu,
je ne veux plus voir cette grande flamme,
je ne veux pas mourir !”
Et le Seigneur me dit alors :
“Ils ont bien fait de dire cela.
Je ferai se lever au milieu de leurs frères
un prophète comme toi ;
je mettrai dans sa bouche mes paroles,
et il leur dira tout ce que je lui prescrirai.
Si quelqu’un n’écoute pas les paroles
que ce prophète prononcera en mon nom,
moi-même je lui en demanderai compte.

Mais un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom
une parole que je ne lui aurais pas prescrite,
ou qui parlerait au nom d’autres dieux,
ce prophète-là mourra.” »

– Parole du Seigneur.

 

PSAUME (94 (95), 1-2, 6-7abc, 7d-9)

 

R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur.

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit
le troupeau guidé par sa main.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
comme au jour de tentation et de défi,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

 

DEUXIÈME LECTURE : La femme qui reste vierge a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée »

 

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens. (1 Co 7, 32-35)

Frères,
j’aimerais vous voir libres de tout souci.
Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur,
il cherche comment plaire au Seigneur.
Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde,
il cherche comment plaire à sa femme,
et il se trouve divisé.
La femme sans mari,
ou celle qui reste vierge,
a le souci des affaires du Seigneur,
afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit.
Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde,
elle cherche comment plaire à son mari.
C’est dans votre intérêt que je dis cela ;
ce n’est pas pour vous tendre un piège,
mais pour vous proposer ce qui est bien,
afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage.

– Parole du Seigneur.

 

ÉVANGILE : « Il enseignait en homme qui a autorité »

 

Alléluia. Alléluia.
Le peuple qui habitait dans les ténèbres
a vu une grande lumière.
Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,
une lumière s’est levée.
Alléluia. (Mt 4, 16)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc. (Mc 1, 21-28)

Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm.
Aussitôt, le jour du sabbat,
il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
On était frappé par son enseignement,
car il enseignait en homme qui a autorité,
et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue
un homme tourmenté par un esprit impur,
qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?
Es-tu venu pour nous perdre ?
Je sais qui tu es :
tu es le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement :
« Tais-toi ! Sors de cet homme. »
L’esprit impur le fit entrer en convulsions,
puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur
et se demandaient entre eux :
« Qu’est-ce que cela veut dire ?
Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !
Il commande même aux esprits impurs,
et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout,
dans toute la région de la Galilée.

– Acclamons la Parole de Dieu.

 

HOMLIE DU 4e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

 

Nous n’avons jamais eu autant de facilités pour communiquer : téléphones, courriels, réseaux sociaux ont supplanté les lettres et les cartes postales. Nous sommes sollicités de toute part. Nous sommes saturés par les alertes et les messages qui parviennent à toute heure du jour et de la nuit. Nos interlocuteurs attendent une réponse immédiate, presque instantanée. Le bout du monde est à notre portée. Il convient juste de faire attention aux fuseaux horaires ! La multiplication des informations nuit à la concentration et à la réflexion. Nous passons d’une chose à l’autre, au risque du vertige. Nous avons pris l’habitude de zapper en consommant de l’information sans nous demander ce qu’elle produit et parfois sans la vérifier. Ce bruit de fond incessant rend le silence rare et précieux. Comment, dans ces conditions, nous disposer à l’écoute et entendre la Parole que Dieu nous adresse par son Fils, le prophète qu’il a suscité au milieu de son peuple, selon la promesse qu’il avait faite à Moïse (Dt18,15).

Comment ? En venant à la messe, comme vous le faites ce matin. En priant seul ou en famille, chez soi ou dans une église. Certainement ! Mais ça ne suffit pas. Encore faut-il disposer notre cœur à l’écoute, accueillir la Parole de Dieu qui bouscule. La difficulté n’est pas nouvelle, comme l’indique le psaume 94 : « Aujourd’hui ne fermez pas votre cœur comme au désert, mais écoutez la voix du Seigneur ! »

Cette voix du Seigneur, l’esprit impur qui habite l’homme tourmenté de la synagogue de Capharnaüm l’a bien entendue. Avant même que Jésus lui dise « Tais-toi, sors de cet homme ! », il a repéré la puissance qui émane de lui, l’autorité de son enseignement qui frappe la foule. Il reconnaît même qu’elle vient de Dieu. C’est ainsi qu’il proclame Jésus de Nazareth, Saint de Dieu, tandis que les auditeurs de Jésus s’interrogent sur son identité : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »

Cette scène marque le début de la vie publique de Jésus après son baptême et l’appel des premiers disciples. Elle donne le ton. Jésus est « un prophète puissant par la parole et par les actes ». (Lc24,19) Il est « le Saint de Dieu », le Christ, le Fils de Dieu, comme l’évangéliste Marc s’ingéniera à le montrer du début (Mc1,1) à la fin de son évangile, lorsqu’au pied de la croix, le centurion romain s’exclamera : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu. » (Mc15,39).
Les scribes sont disqualifiés, eux qui se perdent dans des commentaires sans intérêt ou de multiples détails qui ne visent pas juste. En parole et an actes, Jésus manifeste la puissance de Dieu qui guérit et libère du mal. Il tient son autorité du Père, avec lequel il est en parfaite communion. Il nous indique ainsi le chemin du salut : devenir fils comme lui est Fils ; nous laisser aimer du Père et laisser l’amour de Dieu nous transformer jusqu’à le mal n’ait plus prise sur nous. Voilà sûrement ce qui guidait l’apôtre Paul dans ses conseils aux chrétiens de Corinthe de toute condition : « J’aimerais vous voir libres de tout souci » (1Cor7,32) « pour vous attacher au Seigneur sans partage » comme les vierges qui consacrent leur vie au Seigneur.

Frères et sœurs, revenez à votre cœur. Voyez ce qui vous soucie, ce qui vous accapare et vous mobilise. Implorez la grâce de Dieu pour grandir en liberté et vous attacher davantage au Seigneur. Quelque soit votre état de vie, demandez-lui de vous sanctifier et de vous associer de plus prêt à lui. Alors que nous nous apprêtons à le recevoir dans l’eucharistie demandons-lui de vivre de sa vie et de rendre gloire à Dieu par tout ce que nous sommes et ce que nous faisons. Amen !

 

Père Bruno CAZIN, Vicaire général.