Homélie du 3 juillet 2022
« Réjouissez-vous car vos noms sont inscrits dans les cieux et non pas parce que les esprits vous sont soumis ». L’exhortation de Jésus aux disciples tout joyeux de retour de mission donne le ton de la mission apostolique. Elle n’est ni une entreprise de propagande, ni une extension de la zone d’influence. Elle est partage d’une bonne nouvelle : « le Règne de Dieu s’est approché de vous ». Il nous est offert de l’accueillir et de nous ajuster à lui.
Pour l‘annoncer les disciples s’avancent bien pauvres : « sans bourse, ni sac ni sandales ». Ils sollicitent l’hospitalité. Ils ne cherchent pas à séduire. Ils offrent la paix sur les maisons de ceux qu’ils rencontrent mais renoncent aux salutations interminables qui entraveraient leur marche. Ils s’effacent devant le message qu’ils annoncent. Ils ne peuvent s’attribuer les succès qu’ils rencontrent lorsqu’ils guérissent et libèrent des démons. Les actes qu’ils posent sont signes de l’accomplissement de la promesse messianique. Ainsi les missionnaires de l’évangile moissonnent ce que Dieu a semé. En Jésus, tous les Hommes peuvent partager la vie de Dieu et vivre de sa vie. Voilà pourquoi ils sont dans la joie. Le projet de Dieu se réalise. Ils en sont témoins.
On retrouve dans le passage d’Isaïe la même tonalité que dans l’Evangile. Le Seigneur n’abandonne pas son peuple : Il le nourrit. Il le porte sur sa hanche. Il le choie sur ses genoux. Il conforte son peuple dans l’espérance. Il le console alors que l’actualité est douloureuse, que le retour des exilés à Jérusalem ne s’accompagne pas de suite du renouveau attendu.
C’est ainsi que le prophète invite le peuple à se réjouir avec Jérusalem, à exulter d’allégresse alors même qu’il souffre et ne voit pas comment dépasser les difficultés qu’il rencontre.
« J’estime en effet qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va se révéler en nous. » (Rm8,18) affirme Saint Paul dans la lettre aux Romains. Il l’affirme à partir de sa propre expérience : la résurrection du Seigneur renverse les perspectives mais éclaire la croix d’une lumière nouvelle. L’Homme n’a pas besoin de se soucier de lui-même et de son avenir. Il ne se sauve pas lui-même. L’amour de Dieu lui est offert. La grâce est puissante qui le relève comme elle a ressuscité le Christ, mis à mort sur la croix. Voilà pourquoi il peut écrire aux Galates, prompts à rétablir l’exigence de la circoncision : « le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde » aussi voit-il ses souffrances en union avec le Christ passé de la mort à la vie. Il a compris que la souffrance et la mort n’étaient pas l’horizon de l’Homme mais que nous étions promis à partager la gloire du Seigneur, à accueillir sa paix et sa miséricorde et à vivre dès maintenant en citoyens des cieux.
C’est à une véritable gymnastique que nous conduit la Parole de Dieu de ce dimanche. Il s’agit pour nous de nous réjouir de notre vocation à partager la vie de Dieu à vivre de sa vie. Ce but, nous l’avons déjà atteint dans le Christ si bien que le missionnaire peut se réjouir d’avance. Il n’est pas angoissé par une obligation de résultats, ni déprimé quand il ne rencontre pas le succès escompté. Il peut même supporter des souffrances en gardant la paix et l’espérance si toutefois il s’en remet à la grâce de Dieu et vient souvent boire à la source comme nous le faisons en célébrant l’eucharistie du Seigneur.
Père Bruno CAZIN.