Homélie du 29 mai 2022

Il nous arrive tous de prendre connaissance d’un ouvrage en lisant l’introduction et la conclusion pour voir s’il mérite une lecture plus complète. C’est sûrement moins fréquent avec la Bible que beaucoup entament avant de bloquer rapidement sur des passages ardus. Rares sont ceux qui découvrent cette magnifique finale de l’Apocalypse qui résonne comme un rendez-vous amoureux : l’Esprit et l’Epouse disent « Viens » ; Celui qui entend, qu’il dise « Viens » ! Et pourtant elle invite aux noces de l’Agneau, l’alliance entre Dieu et l’humanité réconciliée qui fait l’objet de la prière intense de Jésus à la veille de sa passion « Qu’ils soient un, comme toi Père, tu es en moi et moi en toi ».

De plus un signal est donné qui rappelle les premières pages de la Genèse : le jardin d’Eden avec l’arbre de vie est de nouveau accessible. Jésus, Alpha et Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin accomplit la promesse de Dieu et restaure le bonheur de l’humanité.

L’Eglise animée par l’Esprit saint est tout entière tendue vers le but, « l’union intime avec Dieu et l’unité du genre humain » comme le dit la constitution sur l’Eglise du Concile Vatican II (Lumen Gentium I). Nous mesurons le décalage qui existe entre ce but et la réalité présente, marquée par les guerres, les rivalités, les jalousies, l’exclusion. Nous le mesurons avec les

nne d’aujourd’hui qui ne répondent pas à la violence par la violence et nourrissent leur aptitude à pardonner dans la relation de confiance qu’ils entretiennent avec Dieu. Ils sont témoins – martyrs – de cet amour toujours offert. Comme le Christ, ils ont accueilli l’amour de Dieu et leur vie en a été transformée. Avec le Christ, ils ont dépassé la peur de la mort. Ils ont lavé leur robes dans le sang de l’agneau. Ils ont quitté la tristesse pour revêtir la joie. Ils ont abandonné les affres de la solitude pour vivre le bonheur d’être aimés et d’aimer à leur tour, quitte à y perdre la vie. Ils ont traversé l’épreuve pour vivre la béatitude éternelle.

« L’Esprit et l’épouse disant « Viens ». Que celui qui entend dise Viens. Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il boive l’eau de la vie, gratuitement. » L’invitation stimule notre attente de vivre à la droite de Dieu, là où le Christ, tête de l’Eglise, demeure pour toujours. Elle nous rend impatients de contempler la gloire du Christ à jamais vivant et de vivre de sa vie. Elle nous encourage sur le chemin de la foi et de sa mise en œuvre dans l’amour fraternel et la justice.

Approchons-nous de la table eucharistique dans la joie des noces de l’Agneau et de l’humanité que Dieu aime passionnément. Alors nous pourrons dire comme l’apôtre Paul : « Une seule chose compte, oubliant le chemin parcouru, je suis tout entier tendu vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus » (Phil3,13-14).

« Oui, je viens sans tarder. Amen ! Viens Seigneur Jésus. Maranatha ».

 

Père Bruno CAZIN.