Homélie du 21 novembre 2021

A l’heure où s’amplifient les préparatifs de la campagne pour les élections présidentielles, la solennité de Notre Seigneur, Jésus Christ, roi de l’univers vient élargir notre vision aux dimensions du monde et du dessein de Dieu. Loin de nous enfermer dans la défense de nos intérêts, elle nous ouvre à la justice de celui qui aime les hommes (Ap1,5) et désire rassembler tous les peuples, les nations et les gens de toutes langues, pour reprendre l’expression du livre de Daniel (Dn7,14).

« Mon royaume n’est pas de ce monde » ! Jésus l’affirme avec force devant Pilate inquiet devant celui qui lui est présenté comme le roi des Juifs. Le Royaume que Jésus inaugure dans sa personne inscrit l’humanité dans la vérité d’une juste relation à Dieu le Père. Cette vérité, c’est la vérité de l’amour qui nous constitue. C’est la vérité du don de Dieu toujours offert. C’est la vérité d’une miséricorde plus forte que toutes nos misères. C’est cette même vérité qui fonde le Royaume de justice et de paix, le Royaume de Dieu promis aux pauvres et aux humbles de cœur.

En effet si Jésus est roi, c’est pour que nous le devenions, nous aussi : « Il a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père. » (Ap1,6) Nous sommes associés au Christ, plus encore, nous sommes membres de son Corps qui est l’Eglise. Lorsque nous avons revêtu le Christ au jour de notre baptême, nous sommes devenus des rois, c’est-à-dire des hommes et des femmes en responsabilité de rendre ce monde plus juste et plus beau. Ainsi nous devenons chaque jour un peu plus citoyens du Royaume nouveau et nous adoptons les mœurs de ce Royaume : l’attention aux plus pauvres, l’esprit de service et de partage, le refus de la violence, le souci du bien commun. La maison des familles de Roubaix et le tiers-lieu La Margelle à Wazemmes, inaugurées ces jours-ci en sont deux illustrations. Notre vie n’est plus centrée sur nous-mêmes mais sur Celui qui est mort et ressuscité pour nous. (2Cor5,15)

 

L’Esprit Saint nous ajuste au projet de Dieu et « la vie éternelle est déjà commencée », comme le dit une préface de la prière eucharistique.

Voilà pourquoi ce dimanche du Christ Roi, dernier dimanche de l’année liturgique nous invite à une double conversion :

-changer de manière de concevoir la royauté et plus largement l’exercice du pouvoir en nous mettant davantage à l’école du Christ, roi d’humilité.

-abandonner nos points de vue trop étroits et accueillir Celui qui vient les bouleverser, pour instaurer son Royaume de justice et de paix.

 

Ces conversions nous permettent de réaliser pleinement notre vocation d’enfants de Dieu. Avec elles, nous abandonnons le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau, jusqu’à ce que Christ soit tout en tous (Col3,9-11). Alors, le Christ pourra remettre la royauté à son Père (1Cor15,24). Nous serons vivants de sa vie. Le mal et la mort seront à jamais vaincus. Le mystère de Pâques sera pleinement accompli en nous. Le Christ sera vraiment le commencement et la fin, « l’alpha et l’oméga » (Ap1,8), celui en qui nous avons été créés et celui qui l’humanité atteint sa plénitude. Que cette perspective nourrisse notre prière et agisse en nous comme un puissant levier de transformation personnelle et sociale. Amen.

 

Père Bruno CAZIN, Vicaire général.