Homélie du 19 mars 2023

Nous sommes à mi-carême et déjà se profile la joie de la résurrection, le passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. Le récit de la guérison de l’aveugle-né nous conduit à approfondir le sens de ce passage et à progresser vers la lumière de Pâques. Il illustre bien ce qui se passe lorsque quelqu’un accède à la foi. Il a déjà le goût du baptême.

Les oppositions sont fortes entre les ténèbres et la lumière, ceux qui refusent le Christ Jésus et ceux qui y croient. Il est question d’affrontement et d’exclusion des synagogues, telles qu’elles commencent à se produire lorsque Jean écrit son évangile. Ces contrastes ont une vertu pédagogique. Ils nous invitent à nous déterminer. Sommes-nous vraiment disciples de Jésus ?  Voulons-nous le suivre jusqu’à la croix ? Sommes-nous disposés à nous mettre à son école et à voir le monde avec son regard ? Ou au contraire, campons-nous dans nos certitudes et nos points de vue plus ou moins étriqués ? Jésus est venu pour que ceux qui ne voient pas puissent voir et que ceux qui voient deviennent aveugles »(Jn9,39).

En accédant à la foi, nous entrons dans les vues de Dieu. Nous pouvons discerner sa volonté, adopter son regard, le regard de celui « qui ne regarde pas comme les hommes, selon l’apparence, mais qui regarde le cœur »( 1Sm16,7) disait Le Seigneur à Samuel à la recherche du messie que Dieu lui indiquerait.

En accédant à la foi, nous quittons l’enfermement du péché pour nous ouvrir aux vues de Dieu et avancer sur le chemin de la vie, illuminés par le Christ. « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres. Il aura la lumière de la vie » (Jn8,12)

Frères et sœurs, alors que nous accompagnons de notre prière les catéchumènes qui se préparent à recevoir le baptême à Pâques, interrogeons-nous sur notre foi. Sommes-nous attachés au Christ ? Mettons-nous vraiment à son école ? Acceptons-nous de nous déplacer et de remettre en cause nos certitudes ? Sommes-nous assez humbles pour repérer notre péché, demander pardon et entrer dans la justice de Dieu ? Laissons-nous la grâce de notre baptême transformer notre vie et l’orienter résolument vers le Royaume de Dieu ? Telles sont les questions qui s’offrent à nous alors que nous sommes déjà joyeux de la joie de Pâques et heureux d’accueillir le Christ dans la Parole et dans l’eucharistie.

Le frère Henri Costes nous invitera tout à l’heure à nous détourner de l’aridité du cœur et à cultiver un juste rapport à la nature et à nos frères les hommes. La conversion à laquelle nous sommes appelés n’est pas une simple disposition intérieure, elle engage toute notre vie ; elle détermine nos choix personnels et communautaires. Alors que le pape François a montré combien « tout est lié », laissons le Christ Jésus mettre de la boue mêlée de salive sur nos yeux et allons nous laver à la piscine de Siloë. Laissons l’envoyé de Dieu nous indiquer le chemin à prendre pour que « nous ayons la vie et la vie en abondance. »(Jn10,10) En effet la foi n’est pas une question d’opinion. Elle est un enjeu de salut, une question de mort et de vie. A nous de choisir. Amen !

 

Père Bruno CAZIN, Délégué général de l’Administrateur diocésain.