HOMÉLIE DU 12-04-2020 “La Résurrection de notre Seigneur”, Mgr Antoine HEROUARD

PREMIÈRE LECTURE

« Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts »

Lecture du livre des Actes des Apôtres (Ac 10, 34a.37-43)

En ces jours-là,
quand Pierre arriva à Césarée
chez un centurion de l’armée romaine,
il prit la parole et dit :
« Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs,
depuis les commencements en Galilée,
après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth,
Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance.
Là où il passait, il faisait le bien
et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable,
car Dieu était avec lui.
Et nous, nous sommes témoins
de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem.
Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice,
Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Il lui a donné de se manifester,
non pas à tout le peuple,
mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance,
à nous qui avons mangé et bu avec lui
après sa résurrection d’entre les morts.
Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner
que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts.
C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage :
Quiconque croit en lui
reçoit par son nom le pardon de ses péchés. »

– Parole du Seigneur.

 

PSAUME (Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23)

 

R/ Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai,
pour annoncer les actions du Seigneur.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

 

DEUXIÈME LECTURE

« Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ »

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens (Col 3, 1-4)

Frères,
si vous êtes ressuscités avec le Christ,
recherchez les réalités d’en haut :
c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Pensez aux réalités d’en haut,
non à celles de la terre.

En effet, vous êtes passés par la mort,
et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie,
alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.

– Parole du Seigneur.

 

SÉQUENCE

À la Victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange.

L’Agneau a racheté les brebis ;
le Christ innocent a réconcilié
l’homme pécheur avec le Père.

La mort et la vie s’affrontèrent
en un duel prodigieux.
Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne.

« Dis-nous, Marie Madeleine,
qu’as-tu vu en chemin ? »

« J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
j’ai vu la gloire du Ressuscité.

J’ai vu les anges ses témoins,
le suaire et les vêtements.

Le Christ, mon espérance, est ressuscité !
Il vous précédera en Galilée. »

Nous le savons : le Christ
est vraiment ressuscité des morts.

Roi victorieux,
prends-nous tous en pitié !
Amen.

 

ÉVANGILE

« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts »

 

Alléluia. Alléluia.
Notre Pâque immolée, c’est le Christ !
Célébrons la Fête dans le Seigneur !
Alléluia.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 20, 1-9)

Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple
pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ;
cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau ;
il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris
que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

– Acclamons la Parole de Dieu.

 

 

HOMÉLIE DE MONSEIGNEUR ANTOINE HEROUARD

 

C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur !

Aujourd’hui nous fêtons la résurrection du Seigneur, le Christ. Lui qui a été mis à mort, est vivant,
ressuscité. Il ne meurt plus. La mort n’a plus sur lui aucun pouvoir. Victoire sur la mort, sur le mal, sur
la souffrance, sur le péché de l’homme.

Victoire de Jésus, ressuscité par la force d’amour du Père, mais aussi à sa suite, ouverture du chemin
de la vie pour tous ceux qui mettent en Lui leur espérance, leur foi. Pour ceux et celles qui veulent
mettre leurs pas, leur vie, à sa suite : devenir ses disciples. La résurrection du Christ est aussi celle qui
ouvre notre vie. Elle nous dit que nous sommes faits pour la vie. La vie en abondance, la vie qui ne
s’arrête, la vie éternelle. La résurrection du Christ est promesse pour l’au-delà, annonce que notre vie
est plus grande que notre existence humaine, que la mort n’est pas le dernier mot, qu’elle nous ouvre
un passage vers la vie avec Dieu. La vie en Dieu, dans la communion avec tous ceux que nous aimons
et que nous avons aimés.

Tout cela, frères et sœurs, nous le savons, nous le croyons. C’est le cœur, le fondement même de notre
foi, le socle sur lequel elle est bâtie. St Paul pourra s’exclamer : si le Christ n’est pas ressuscité, alors
vaine, est notre foi !

Mais nous savons aussi que la foi n’est pas un simple objet de croyance, une vérité à laquelle adhérer
intellectuellement. Mais bien un chemin dans notre relation avec le Seigneur, dans notre capacité à
nous appuyer sur Lui, à l’accueillir dans notre vie, à accepter que sa présence nous change, nous remue,
nous bouleverse, nous fasse découvrir ce que nous ne soupçonnions pas, nous tourne vers les autres,
et fasse de nous des témoins de ce don de la vie que Dieu nous fait pour aujourd’hui et pour demain.
Et pourtant, cette annonce de la résurrection du Christ, cette Bonne Nouvelle qui oriente toute notre
vie : « Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité au troisième
jour. Il lui a donné de se manifester non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis
d’avance ».

Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner. Cette Bonne Nouvelle que Pierre et les
apôtres proclament et qui est venue jusqu’à nous, nous la recevons, nous l’entendons, nous la
proclamons en un moment si particulier, si difficile dans l’épreuve que traverse le monde depuis des
semaines. Souffrance des malades, détresse devant la mort qui frappe ceux qui n’ont pu accompagner
un proche dans ses derniers moments, peur devant l’épidémie, difficulté à supporter les conséquences
du quotidien du confinement, détresse des soignants devant l’ampleur de la tâche et la faiblesse des
moyens, solitude et isolement pour un certain nombre, marginalisation accrue pour ceux qui sont sans
toit ou sans avenir, crainte du lendemain et les conséquences économiques et sociales qui seront si
lourdes pour beaucoup. Vertige devant la situation de tant de pays sans grande protection sanitaire.
L’annonce de la résurrection du Christ vient rejoindre nos angoisses, nos peurs, nos tristesses, tout ce
qui nous fait mal et nous fragilise, et nous pouvons l’entendre et la faire résonner, non pas comme une
formule magique, comme une solution toute faite, qui résoudrait tout d’un coup de baguette, mais
comme une promesse, la promesse que Dieu a réalisée en son Fils et qu’il nous adresse à nous ses
enfants, particulièrement en ces jours. Promesse pour l’au-delà, pour après notre mort, mais aussi
promesse pour aujourd’hui, pour accueillir la vie, la remettre entre les mains de Dieu, la faire grandir,
et la choisir, choisir la vie.

Au matin de Pâques, Marie-Madeleine court au tombeau, il fait encore nuit, les ténèbres sont encore
dans son cœur, elle est dans la peine et la tristesse de la mort injuste de son maître, de celui en qui
elle avait mis tout son espoir de Celui qui l’a relevée et pardonnée. Mais voilà que la pierre a été roulée
et que le tombeau est vide. Qu’est-ce que cela signifie, sinon une souffrance encore accrue : « on a
enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé ». Pour Pierre et pour Jean,
cette annonce est encore un nouveau coup, une nouvelle incertitude, une nouvelle inquiétude : ils
courent tous les deux pour voir ce qu’il en est, ce que cela peut signifier. Jean court plus vite, arrive le
premier, n’entre pas, se penche et voit les linges posés à part. Pierre arrive, entre dans le tombeau,
voit les linges et le suaire roulé à part, Jean entre à son tour, et nous dit l’Evangile, « il vit et il crut ».
Qu’est-ce qu’il vit ? Rien. Le tombeau est vide. Seuls restent les linges, mais il croit, il croit alors la
promesse de Jésus, ce qu’Il leur avait annoncé, ce qu’Il avait cherché à leur faire comprendre. En effet,
jusque-là, les disciples n’avaient pas compris que selon l’Ecriture, « il fallait que Jésus ressuscite d’entre
les morts ».

L’annonce de la résurrection du Christ, la promesse de la vie en plénitude qui nous est faite, nous
rejoint dans ce que nous vivons aujourd’hui les uns et les autres et nous donne une espérance
concrète ; la vie, Dieu nous la confie pour la faire grandir, pour en prendre soin : soin pour nous mêmes, soin autour de nous, dans l’attention aux plus fragiles et aux plus-petits, aux enfants, aux
malades, aux personnes en fin de vie, aux pauvres et aux laissés pour compte.
La vie, c’est à nous de la choisir, c’est à nous de l’accueillir, c’est à nous de la faire grandir comme ce
que Dieu nous confie, comme le cadeau qu’Il nous fait. La vie nous est confiée comme le monde qui
nous entoure, comme la terre qui nous reçoit, comme les frères et sœurs que Dieu nous donne. La vie
de Dieu est plus forte que la mort, le mal, tout ce qui abime l’homme. Le croyons-nous vraiment ? Le
vivons-nous vraiment ?

Donne-nous Seigneur de choisir la vie, de la recevoir comme un don, de la faire grandir entre nos
mains, de la protéger. Le Christ est ressuscité, vivant il ne meurt plus, il nous donne sa vie, la vie en
abondance. Amen.