Homélie de Mgr Ulrich, le 19 octobre 2019 ,lors des ordinations diaconales d’Hervé Barbieux, et Lionel Mallet

Homélie de Mgr Ulrich donnée à la cathédrale de Lille

le 19 octobre 2019,lors des ordinations diaconales d’Hervé Barbieux, et Lionel Mallet

Livre de l’Exode 17,8-13; Lettre à Timothée 3,14-4,2;

Evangile de Luc 18, 1-8

Hervé et Lionel, et vous tous ici présents, dans la première lecture,au livre de l’Exode,nous entendons le fracas des armes, nous voyons des gens combattre et le peuple de Dieu gagner la bataille «au fil de l’épée»,est-il dit. Nous ne prenons évidemment pas ce combat et ce récit à l’intérieur de notre liturgie au sens immédiat, au premier degré. Nous le prenons au second degré, comme le signe d’un combat de la foi et de l’espérance:il n’y a pas ici de glorification de la guerre.Ce combat requiert toutes les forces, les forces des combattants eux-mêmes-il faut qu’il y ait une bataille-et les forces de ceux qui sont autour d’eux et qui les soutiennent, comme des supporters qui les soutiennent par la prière, le chef du peuple en premier. Moïse prie en élevant les mains:ce qui signifie que ce combat de la foi est d’abord le combat de Dieu. C’est l’œuvre de Dieu qui s’accomplit.Ce n’est pas Moïse qui gagne la bataille, c’est le peuple tout entier:le peuple combattant et le peuple priant. C’est très important pour nous.On pourrait croire qu’il y a une espèce de division du travail: les uns combattent, les autres prient.En réalité, ce n’est pas tout à fait comme cela: tout le monde, d’un cœur unanime, cherche à gagner avec l’aide de Dieu ou,plus exactement,à l’invitation de Dieu. C’est Lui qui combat, qui fait gagner ce combat de la foi et de l’espérance. Il n’y a pas de division du travail disais-je, ce qui veut dire qu’en nous-mêmes, il nous faut l’énergie du combat et la foi du priant qui accompagnent toujours ce combat de la foi et de l’espérance.

Dans la 2èmelecture-la lettre à Timothée-c’est la parole de Dieu qui a le premier rôle:la parole de Dieu est faite pour enseigner, pour redresser, pour donner des avis, pour encourager, parfois aussi pour réprimander;mais elle est surtout faite pour rendre ferme parce que,dit l’apôtre, à travers ce que fait la Parole de Dieu,nous percevons comment c’est Lui,toujours,qui agit quand Il parle. Dieu parle, et c’est cela qui transforme le cœur de chacun d’entre nous, le cœur du peuple de Dieu, et plus largement le cœur des hommes et des femmes de bonne volonté qui pensent qu’un monde juste et sauvé est déjà en marche.

Le combat dont il était question dans la première lecture se gagne avec ces paroles qui transforment les cœurs. C’est la Parole de Dieu qui convertit.

Il y a plusieurs mois que j’essaie de faire retentir dans le peuple de Dieu du diocèse de Lille, cette invitation à la conversion missionnaire. En ce mois d’octobre, que le pape a déclaré mois missionnaire extraordinaire, il a voulu réveiller le désir missionnaire de l’Église et de chacun des baptisés. «Baptisés et envoyés, l’Église du Christ en mission», c’est le thème de ce mois et de ces dimanches où nous invoquons l’Esprit missionnaire. Nous comprenons que la Parole de Dieu c’est ce qui entre en nous et nous transforme. Elle nous transforme de telle sorte qu’elle touche les hommes et les femmes de bonne volonté; elle nous transforme pour qu’ils perçoivent que Dieu a un cadeau extraordinaire à nous faire: son amour et son salut. Débordants de ce cadeau qui nous est fait, notre vie est un témoignage missionnaire. C’est la Parole de Dieu qui le fait. Ce n’est pas nos efforts à nous, mais notre capacité à la recevoir et à nous laisser transformer par elle.

Et puis enfin l’Évangile. On pourrait dire que c’est simplement une répétition par rapport à la première lecture,sur la nécessité de prier. Cela va beaucoup plus loin. La dernière phrase de l’Évangile«le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?»donne le sens exact de notre désir de prier et de l’insistance que Jésus y met. Il ne s’agit pas de prier pour nos propres intérêts personnels et se répandre devant le Seigneur sur ce dont nous avons besoin-d’une certaine façon, il n’en est pas besoin-mais ce sur quoi nous avons à intercéder en permanence. C’est pour la promotion,dirait-on, la permanence est-il dit exactement dans le texte, la permanence de la foi sur la terre, et l’espérance qui va avec. Ce pour quoi nous prions sans cesse, c’est en effet pour la foi et pour l’espérance ; pour qu’elles soient vives et qu’elles ne se découragent jamais en nos propres cœurs, dans le cœur des hommes, dans le cœur de tous ceux qui,même s’ils ne désignent pas Dieu-le Père de Jésus-Christ-ne perdent pas confiance. Dieu nous offre le salut et demande d’y participer avec Lui.

Hervé et Lionel, cette parole est pour vous. Amis diacres ou futurs diacres,cette Parole est pour vous. Elle est pour nous aussi,évêques et prêtres. Pour que, à travers notre ministère, le peuple de Dieu soit tout entier rempli d’un zèle extraordinaire pour la prière, pour le combat, et pour la Parole de Dieu.

Diacres, vous serez et vous êtes déjà des hommes de la Parole.Laissez-là grandir en vous pour qu’elle vous transforme, et qu’elle parle aux autres.

Diacres, vous serez et vous êtes déjà des hommes de la prière.Ne cessez pas de prier en présentant au Seigneur tous ceux que vous accompagnez, que vous rencontrez, et que vous soutenez de votre action, de votre attention, de votre amitié;mais n’oubliez jamais de prier pour que la foi et l’espérance demeurent vives dans le peuple de Dieu et qu’elles se répandent au-delà du peuple visible, au-delà de l’Église. Que la façon dont nous accueillons la prière et la Parole soient des signes de notre engagement.

Et vous êtes aussi des hommes du combat,parce que la vie telle que Dieu nous la propose, ce n’est pas simplement une espérance que nous avons à annoncer, ce n’est pas une molle gentillesse d’un monde idéal et rêvé, c’est un monde pour lequel on combat vraiment chaque jour:on se combat soi-même contre ses tentations, contre ses paresses à croire, à espérer et à aimer, et aussi, on combat pour que l’amour, la confiance, l’espérance, dominent toujours dans ce monde et que nous nous sentions toujours prêts à cela.

Hommes de prière, hommes de la Parole, hommes de combat, hommes de Dieu, comme il est dit dans la deuxième lecture…Soyez des hommes de Dieu,animés de tout ce que je viens de dire. Et dans ce combat, restez toujours joyeux!