Fête de la Croix glorieuse (C) – 14 septembre 2025

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AELF : Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones

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La gloire et la croix

Fête de la Croix glorieuse : La croix et la gloire au sens courant où nous la comprenons sont opposées. La réaction de Pierre suite à l’annonce de la passion par Jésus en témoigne. Pierre ira jusqu’à renier Jésus, scandalisé par l’arrestation de Jésus et sa condamnation à venir, et la refusant (cf Mt 16, 21s). Or, nous sommes marqués par la croix depuis notre baptême. Comment entrer dans ce mystère du salut dont dépend notre vie ?

               Ecoutons le dialogue entre Jésus est Nicodème. Nicodème cherche le Royaume : il veut être sauvé. Jésus lui rappelle l’histoire de son peuple. Au désert, le peuple fut tenté et éprouvé dans sa foi : ‘Pourquoi nous avoir fait monter d’Egypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert où il n’y a ni pain, ni eau ? Nous sommes dégoutés de cette nourriture misérable !’  Crise de confiance vis-à-vis de Moïse et vis-à-vis de Dieu ! Le serpent de la Genèse a fait son œuvre : le doute est là ! (cf Gn 3)

              Moïse invite le peuple à lever les yeux : à se tourner vers Dieu. Moïse n’invite pas à une démarche magique, à utiliser un gri-gri. Ceux qui regardent vers le ciel, ceux qui gardent la foi, sont sauvés.

               On en reste là avec Moïse.

               Dieu continue à accompagner son peuple et quelques siècles plus, il lui envoie son Fils. Il vient habiter parmi nous afin de rejoindre les malades et les pécheurs. Nous avons cette hymne merveilleuse de Paul aux Philippiens qui prie cet événement : ‘Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est anéanti… Il s’est abaissé, devant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix (…)’ Je vous invite à prier cette hymne chez vous… Le Christ connaitra la haine, la méchanceté, l’injustice et sera condamné à mourir sur une croix. Le Christ en croix – pas la croix seule – révèle l’amour qui va jusqu’au bout. Dieu combat le mal par l’amour et non par le mal… Le soir du vendredi saint, on peut penser que cela ne marche pas. Mais, il y aura le matin de Pâques : la victoire du Christ sur la mort et celle de l’amour sur la haine. La croix est dès lors glorieuse, habitée qu’elle est par le Christ vivant.

               A la suite de Pierre, nous sommes invités à nous convertir. Nous sommes invités à dire à la suite du Christ à Gethsémani, non pas ma volonté mais la tienne Seigneur (cf Lc 22, 42). « Que ta volonté soit faite » prions-nous au Notre Père. Il ne convient pas de justifier le scandale de la croix mais par lui, de nous laisser rejoindre et porter par le Christ qui mourut encadré de deux larrons. L’un s’est tourné vers lui ; l’autre s’est détourné. (cf Lc 23, 39s)

               Pierre y est entré par la porte du pardon : sur la croix, Jésus lui a pardonné (cf Jn 21, 15s). C’est ainsi qu’il s’est laissé sanctifié par Dieu.

              Seul l’Esprit peut nous faire comprendre que ‘la folie de Dieu est plus sage que les hommes’ (1 Co 1, 25). Que le Seigneur nous envoie son Esprit de lumière et de force pour mieux vivre de ce mystère et en rentrant chez nous, prenons le temps de regarder, de prier devant le crucifix (le Christ en croix).

Père Bruno Mary, recteur de la cathédrale