Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur (C) – 13 avril 2025 –

Textes du jour : Is 50, 4-7 — Ps (21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a) — Ph 2 6-11 — Lc 22, 14 – 23, 56

Frères et sœurs,
devant tous les drames qui engendrent tant de souffrances et d’injustices dans le monde,
nous pourrions être tentés de désespérer de l’humanité
et peiner à croire en Dieu,
Lui qui semble si absent, si loin de nos détresses.
 
D’où vient le mal quand il est si puissant?
Comment expliquer le silence de Dieu ?
Chrétiens, nous ne savons que répondre à ces questions.
Nous croyons seulement que la vérité est à chercher du côté de Jésus.
Le Christ n’a-t-il pas dit-il à ses disciples:
«Je suis le chemin, la vérité et la vie »?
 
En ce dimanche des rameaux, nous regardons alors Jésus.
Au commencement de la semaine sainte,
l’Église contemple Jésus dans sa passion
pour écouter ce que Dieu nous dit, par Lui, du mal et de l’amour.
 
En regardant alors la croix de Jésus,
nous reconnaissons en elle toutes les violences et les lâchetés
dont les hommes sont capables.
Nous y reconnaissons l’œuvre multiple du mal dans nos vies :
les fausses accusations devant des tribunaux,
la versatilité des foules qui attendent tout d’un sauveur
sans accepter de se transformer elles-mêmes.
L’intransigeance et le sectarisme de responsables religieux
qui ne veulent pas se convertir à l’amour de Dieu
et s’enlisent dans leurs certitudes.
La lâcheté d’un chef politique qui sacrifie l’innocent,
prêt à tous les moyens pour affermir son pouvoir.
La trahison d’un ami dont l’idéalisme est déçu
ou qui ne pense qu’à son intérêt personnel.
L’abandon de disciples qui ont peur de suivre leur Maitre
devenu trop dangereux…
 
Frères et sœurs,
la passion de Jésus n’en finit pas de cristalliser sur elle
les drames de notre humanité.
 
La passion de Jésus nous révèle la terrible et insidieuse violence du mal
à l’œuvre partout dans le monde et dans le cœur des hommes,
dans le nôtre aussi, quelques fois.
 
Jésus crucifié prend sur lui, révèle et dénonce la puissance du mal dans nos vies.
Et il nous appelle à nous unir dans l’amitié et la prière
avec tous ceux et celles qui, comme lui, en sont victimes.
 
Frères et sœurs,
face au trop plein de violences, la tentation est là,
et c’est parfois la nôtre, de céder à l’esprit de vengeance,
rendre le coup pour le coup, répondre au mal par le mal.
Il est si tentant, si compréhensible aussi,
de faire payer aux autres la souffrance du mal que l’on ressent en soi.
Et le mal alors s’additionne encore au mal.
Il ne cesse de s’amplifier dans une spirale infernale.
 
Frères et sœurs,
ce matin, nous regardons Jésus crucifié.
Et nous reconnaissons en lui l’unique réponse qui tienne face au mal.
La seule réponse qui soit capable de ne pas amplifier le mal,
mieux encore, de l’anéantir.
Cette réponse, c’est celle de la justice et de la miséricorde de Dieu en Jésus.
 
Dans la mort et la résurrection du Christ,
Dieu fait justice et miséricorde.
 
Dans la pâque de Jésus, le Seigneur fait œuvre de justice.
En ressuscitant Jésus, Dieu désavoue tous ceux et celles qui l’ont condamné.
Il dénonce et refuse la sanction du mal.
Il prend fait et cause pour Jésus et le justifie devant tous.
 
Le Seigneur a donc entendu la prière du juste condamné
et de l’innocent souffrant.
Il l’a ressuscité, exauçant pour toujours sa demande de justice.
Dans la résurrection, Dieu offre sa justice
à toutes les victimes des injustices des hommes.
 
Dans la pâque de Jésus, le Seigneur fait œuvre de miséricorde.
Le Père a entendu la prière du Fils qui n’a répondu
que par l’amour au mal qui le déchirait,
surpassant en Lui la violence et la haine.
En Jésus, l’amour a dominé le mal jusque dans le lieu
le plus extrême, le Golgotha.
 
En Jésus crucifié ressuscité,
Dieu exhorte humanité à reconnaitre l’œuvre du mal en elle
et à se tourner vers sa miséricorde, tel le bon larron de l’évangile :
Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume.
« Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.
La croix de Jésus nous invite à prendre conscience
et à reconnaitre la part du mal dans nos vies.
Elle nous engage à la conversion
en nous remettant à l’infinie miséricorde de Dieu.
 
Nous recevons ce matin dans la croix de Jésus
la formidable espérance de Dieu.
C’est une grande espérance pour tous les pauvres et les innocents,
victimes de l’injustice des hommes,
qui trouveront enfin leur justification en Dieu!
C’est une grande espérance pour les pécheurs qui, s’ils se repentissent,
trouveront le salut dans la miséricorde de Dieu !
 
Frères et sœurs,
cet immense récit de l’Amour sauveur de Dieu,
qui fait son œuvre de justice et de miséricorde
sur le chemin de la passion à la résurrection de Jésus,
nous le méditerons en Église, jour après jour,
dans les belles liturgies de cette semaine sainte.
 
Nous suivrons alors Jésus, pas à pas,
en portant dans notre prière nos frères et sœurs catéchumènes qui,
dans la vigile pascale, par le baptême, la confirmation et l’Eucharistie,
seront plongés dans l’infinie justice et miséricorde de Dieu Sauveur
en Jésus mort et Ressuscité.
 
Au long de ces jours, nous suivrons Jésus.
Nous ferons mémoire de son dernier repas
et communierons à son corps livré.
Nous nous prosternerons devant sa Croix et nous veillerons avec Lui.
Nous entrerons dans la joie de sa résurrection promise,
et, nous recevrons son envol, dans le souffle de l’Esprit,
pour devenir des témoins dans notre monde
de la justice et de la miséricorde de Dieu
qui délivrent du mal et donnent la vie !
 
Le ciel et la terre sont remplis de sa gloire !
Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur !
Hosanna ou plus haut des cieux !
 
Amen.
 
Mgr Laurent Le Boulc’h