Commémoration des fidèles défunts (B) – 04 novembre 2024

Tous ici présents,  nous connaissons un parent,  un ami s’apprêtant à passer sur l’autre Rive. Chaque destinée ayant sa particularité.
Nul ne sait ce que sera son angoisse.
Nul ne peut présumer sa sérénité.
Nul ne mesure ce qui se vivra en conscience, ou aux profondeurs insondables de son être.
Mystère de la vie en son ultime.

Les évangiles nous rendent témoins des derniers moments de Jésus.
Jean insiste notamment sur la soif du Nazaréen. (Jn 19)
« Donne-moi à boire » demandait Jésus à la Samaritaine (ch4)
« J’ai soif ! » s’écrie-t-il ce soir au Golgotha.
« Dieu a soif de notre âme » disait Mère Teresa qui connut la nuit spirituelle.
Soif de Jésus.
Soif de l’agonisant.
On voudrait humecter ses lèvres de l’eau bienfaisante, comme on le fait en soins palliatifs.
Le Fils de l’homme est abreuvé du vinaigre de la nuit des temps.
Déjà dans la tradition juive,  le retournement du cœur s’avère trempé à l’amère amertume.
« Purifie-moi avec l’hysope et je serai pur » implore le psalmiste. (Ps 51)
Jésus a soif.
Non de notre illusoire perfection.
Mais de notre humilité.
Notre conversion.
Jésus s’abreuve à la Miséricorde divine.

Il est la Miséricorde du Père.
Il prend sur Lui  tout ce que nous sommes dans son souffle rédempteur.
St Augustin précise : il incline d’abord la tête vers nous, et répand ensuite son souffle d’amour.
« Il les aima jusqu’au bout » précisent en écho l’évangéliste Jn 13  et la prière eucharistique 4.
Soif de l’homme de la part de Dieu, perçue par les mystiques.
Soifs éprouvées par l’homme aux multiples facettes ;  que dans sa recherche, il désensable en recherche de Dieu.
Ce soir, Jésus nous confie sa mère.
Prenons-la chez nous comme le fit le disciple bien aimé.
Notre Dame, Mère des agonisants, venez habiter nos maisons, nos hôpitaux. Rejoignez nos cœurs précaires !
Jésus nous regarde en disciples.
« Femme, voici ton fils » Il introduit cette filiation dont il a le secret trinitaire. Nous voici fils en Lui. Avec Lui.
Alors oui, communions à sa soif.

Comme disait Paul aux Corinthiens, ne perdons pas courage.
« Notre extérieur va vers sa ruine. L’homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Cor4,14)
Notre mémoire des défunts est essentielle.
En cette société qui idolâtre l’homme extérieur tant qu’il est fort, brillant, influent…
L’homme intérieur se renouvelle chez qui a soif de justice et de paix.
Nous l’entendons dans l’actualité: notre démographie ralentit et accentue notre vieillissement.
Étrange paradoxe : cet allongement de l’espérance de vie,  tandis que tant de contemporains meurent dans la solitude la plus glaciale.
Jésus est seul sur la croix
« Tout est accompli ».
Il remet son espérance en présence de ceux qu’il aime : sa tendre mère et son disciple bien aimé.
Puissent nos accompagnements de la fin de vie, du deuil, de l’après deuil être des signes d’amour.
« Notre âme a soif de Toi Seigneur » (Ps 42)
« Quand viendrons-nous à Toi,  puiser gratuitement cette eau vive? » (Ap 22)
Pour nos frères qui sont passés en Toi, tout est accompli par l’amour dont ils contemplent le visage.
Pour nos frères s’apprêtant à Te rejoindre, tout est accompli par ton Amour les accueillant à bras ouverts.
Pour nous qui marchons sur cette terre en regardant ta croix, tout est accompli en Ton amour portant le salut du monde.

Mgr Bernard Podvin. 
Chanoine ND de la Treille.