Chronique du Recteur #5

“La Paix soit avec vous !”

Ce souhait ouvre notre deuxième semaine de Pâques. De quelle paix s’agit-il ? La paix que le Christ ressuscité nous offre n’est pas une simple tranquillité. Elle vient de son côté ouvert sur la croix. Elle vient de sa victoire sur le mal et la mort au matin de Pâques. Elle vient de l’amour infini de Dieu qui se donne par-delà les trahisons et les offenses. C’est la paix de la miséricorde qui nous permet d’être réconciliés avec Dieu, avec nos frères et avec nous-mêmes.

La paix du Christ rejoint les disciples enfermés par crainte d’avoir le même sort que leur Maître et Ami et verrouillés dans leur honte de l’avoir abandonné lors de son arrestation et de sa Passion. Ils ne méritent pas cette paix, ce pardon qui leur est offert au-delà de tout espoir. Le pardon de Dieu nous est donné quelle que soit notre situation. Il nous rejoint dans nos confinements, nos peurs et inquiétudes, nos tensions.

“La Paix soit avec vous !”. A peine pardonnés les disciples sont envoyés par Jésus. Il les envoie témoigner de ce pardon reçu. C’est ainsi que ce pardon les fera vivre. Ils en témoignent en faisant des œuvres de miséricorde comme nourrir ceux qui ont faim, vêtir ceux qui sont nus ; visiter ceux qui sont malades, en prison (cf Mt 25, 34-36); et aussi, conseiller ceux qui sont dans le doute ; consoler les affligés ; supporter les personnes ennuyeuses ; prier pour les vivants et les morts ; …. Quelle merveilleuse mission ! Trop belle pour y croire…

Thomas était absent lors de la venue de Jésus. Il ne croit pas le récit de ses compagnons. Le Christ vient à sa rencontre et lui montre ses plaies. Elles sont le signe de l’amour qui va jusqu’au bout. Dieu prend sur lui nos misères et nos blessures pour les guérir et nous sauver. Thomas “touche l’Homme et il reconnait Dieu” dit Saint Augustin. Il vit et il crut. Il voit le crucifié et il reconnait le Seigneur. Il devient témoin. Il croit que Dieu lui pardonne y compris ses doutes. Il ne s’agit pas en effet de croire en nos capacités de pardonner, capacités limitées, mais de croire au pardon de Dieu et de le donner. Un peu comme on transmet la vie.

Témoin de la paix, témoin de la miséricorde.

Notre monde a besoin de tels témoins. Telle est ma conviction. Le confinement éprouve nos liens familiaux, amicaux et sociaux. Nous sommes déjà témoins d’œuvres de miséricorde qui tentent de les soigner, de les préserver. Elles resteront précieuses quand il nous faudra retrouver une vie sociale forcément marquée par tout ce que nous vivons. Que la miséricorde divine dont nous vivons nous aide à regagner confiance et bienveillance et à développer la justice sans lesquelles il n’y a pas de vie sociale.

P. Bruno MARY, recteur, 20 avril 2020.