Chronique du Recteur #2

Un dimanche des Rameaux sans buis

Voici que nous sommes confinés depuis trois semaines maintenant. Le centre-ville de Lille est toujours désert et ce dimanche, je célébrais la messe des Rameaux et de la Passion avec notre évêque et une dizaine de personnes. J’étais heureux de la vivre mais la cathédrale était vide et bien que je vous portais dans ma prière, votre présence me manquait.

Que signifie vivre la semaine sainte dans ce contexte de confinement et de crise sanitaire ?

Même si nous ne pouvons pas la célébrer ‘comme d’habitude’, cette semaine demeure la semaine sainte. La victoire du Christ sur le mal et la mort demeure. Les moments difficiles que nous vivons ne suppriment pas cette sanctification de notre temps par la victoire du Christ. C’est impliqués dans tous ces événements que nous sommes invités à la vivre dans toutes ses dimensions confessantes, liturgiques et éthiques.

Si le virus ne vient pas à bout de la semaine sainte, nous sommes appelés à croire plus que jamais que le Christ est vainqueur du mal. Il n’y a pas de preuve à cela mais des signes relatés dans les évangiles de ces derniers dimanches : guérison de l’aveugle-né (Jn 9), de Lazare (Jn 11),…. Cela n’invite pas à relâcher notre effort de confinement et le combat contre la maladie. Nous croyons que dans ce combat, Dieu ne nous abandonne pas.

Nous ne pouvons pas nous rassembler pour prier et célébrer et cependant nous sentons la nécessité de célébrer. Nous le ferons d’une autre manière. Il ne manque pas de propositions de rendez-vous sur les réseaux sociaux, les chaines de télévision. Pas davantage de propositions de déroulement de prière domestique. Mais c’est différent : nous sommes moins portés par les autres et cela demande davantage d’efforts personnels, en couple, en famille. Vivement que l’on se retrouve n’est-ce pas !

Enfin, la confession de notre foi et sa célébration sont plus jamais liées à un souci des autres, à des gestes de solidarité. Que signifierait célébrer ou prier comme si nous ne vivions pas une crise sanitaire ? Nous croyons et nous célébrons Jésus qui s’est fait serviteur de tous afin que tous grandissent, vivent et se retrouvent avec lui auprès de son Père. Plus que jamais cette année, le geste du lavement des pieds que nous ne pourrons vivre liturgiquement revêtira les habits de la solidarité dont nous sommes les témoins et j’espère les acteurs, chacun selon ses capacités. Nous croyons que le Christ lavant les pieds de ses disciples donne sens et force à nos gestes de fraternité. C’est en son nom que nous les vivons.

C’est avec la force de l’Esprit que nous pouvons vivre cette cohérence entre le témoignage, la célébration et la fraternité.

Que l’absence de buis et de rassemblement ne nous empêchent pas de vivre cette semaine. Continuons à faire mémoire du Christ qui aime les hommes jusqu’au bout (cf Jn 13, 1). Dans les combats de nos existences, laissons-nous rejoindre par lui et comme nous y invite la prière d’ouverture de ce lundi saint, reprenons vie par la Passion du Fils bien-aimé.

P. Bruno Mary, recteur, ce 6 avril 2020