Chronique du Recteur #8

“Que votre cœur ne soit pas bouleversé … Croyez en moi.”

 

Méditation sur les passages bibliques du 5ème Dimanche de Pâques. (Ac 6, 1-7 et Jn 14, 1-12)

 

Les Apôtres se trouvent devant une situation inédite et compliquée. Écoutons plutôt : “comme le nombre des disciples augmentait, des frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien.” Une telle situation peut faire exploser un groupe. Les Apôtres doivent réagir vite et bien. Ils convoquent les autres disciples et nomment sept hommes pour le service des tables. Tous acceptent. La solution était trouvée. L’Eglise avec la force de l’Esprit a su faire face et cela s’est produit bien des fois dans l’histoire. “Dieu veille sur ceux qui le craignent” c’est à dire ceux qui essayent de faire sa volonté.

Vous voyez où je veux en venir.

Le déconfinement commence. Il nous faudra retrouver un art de vivre ensemble avec la menace toujours présente du COVID-19. Notre contexte de vie reste donc anxiogène. Il ponctue notre avenir et nos projets de points d’interrogation plus nombreux. Il continuera d’affecter nos relations familiales et amicales. Tout cela contribue à changer nos vies, à ressentir davantage nos fragilités et à renouveler notre manière de vivre ensemble et sans doute de croire.

“Que votre cœur ne soit pas bouleversé”. Et voici que Jésus nous aide à mettre nos émotions à leur juste place, à ne pas nous laisser enfermer par nos inquiétudes et nos peurs. Il fait de nous des croyants, des hommes et des femmes qui osent la confiance avec leurs proches, avec lui, avec Dieu son Père. Il nous apprend à faire de nos vies un chemin de Pâques, c’est à dire à mourir, à une manière d’être, de vivre personnellement et en Eglise. Le Christ est notre chemin : il nous relie les uns aux autres et à son Père. Comment ? Il nous confie sa parole : écoutons-le. Écoutons sa réponse aux questions de Thomas et de Philippe disent pour une part nos difficultés.

Comme Thomas, nous avons besoin de savoir où l’on va, de connaitre le but. Il est vrai qu’il ne faut pas aller n’importe où. Mais suivre le Christ est-ce aller n’importe où ? Il convient de lui faire confiance comme nous le faisons pour nos proches sans savoir tout ce qui nous attend dans le détail. Vivre Pâques implique de croire en Dieu, de lui faire confiance et donc de refuser de tout contrôler.

Comme Philippe nous souhaitons voir, voir Dieu. C’est un très beau désir et il est vrai que le but de notre existence humaine est de vivre avec Dieu et donc de le voir. Mais le risque est de le réduire à ce que nous voyons de lui. Que répond Jésus à Philippe ? Il l’invite à le regarder : Jésus nous montre Dieu par tout ce qu’il vit et ce qu’il fait auprès des plus petits. Vivre les œuvres de miséricorde c’est vivre auprès de Dieu et le voir d’une certaine manière.

A la suite de Thomas et de Philippe nous sommes invités à poursuivre notre chemin de foi, de confiance, de ne pas réduire Dieu à ce que nous connaissons et voyons de lui. Il ne s’agit pas d’être imprudents ou naïfs. Le temps de confinement a vu naître de belles initiatives de fraternité : poursuivons-les. Continuons à prendre soin les uns des autres. Que l’Esprit nous aide à nous adapter afin de continuer notre mission : témoigner de Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

 

Bon début de déconfinement !

 

P. Bruno MARY, Recteur, ce 11 mai 2020.

 

Illustration : L’incrédulité de Saint Thomas,
Le CARRAVAGE 1601-1602