Billet spirituel, 03 avril 2020, en période de confinement.

Peur, inquiétude, angoisse…

Au fil des informations, des témoignages, des articles et interviews, ce sont des mots qui reviennent sans cesse en ce moment pour évoquer la pandémie qui atteint le monde entier. Le Coronavirus fait peur : chacun a peur d’être contaminé ; peur pour soi et plus encore peur pour ses proches, sa famille, ses amis.

Quand on voit les ravages du COVID-19 qui ne connaît aucune frontière, celle des pays, celle des races, celle de la situation sociale et même maintenant celle de l’âge, il est naturel d’avoir peur. Ce n’est pas de la faiblesse et si nous l’éprouvons nous n’avons pas à en concevoir de la culpabilité. La peur fait partie des émotions humaines. Elle nous alerte, nous tient vigilants, permet de se protéger et de combattre le danger qui se présente, c’est son côté positif.

Lorsque le Seigneur dit « n’ayez pas peur !» ou « ne craignez pas ! » (365 fois dans toute la Bible) ce n’est pas pour condamner ce sentiment, cette émotion que nous éprouvons ou notre manque de foi mais pour nous assurer de sa Présence au cœur de l’épreuve et du danger. Le Seigneur désire, alors que le péril nous angoisse, nous communiquer sa paix, nous assurer de sa proximité, nous apporter son soutien, nous faire entendre sa Parole, nous manifester son Amour.

Il est avec nous dans la situation menaçante à laquelle nous sommes affrontés, dans l’épreuve que nous traversons, comme lors de l’épisode de la tempête apaisée que le Pape François a commenté vendredi dernier sur la place Saint Pierre.

En nous disant « n’ayez pas peur ! », le Seigneur fait alors appel à notre foi, à notre confiance qui nous permet précisément d’accueillir sa présence, sa paix, sa Parole,son Amour, son réconfort et son secours. Il veut nous garder dans l’Espérance qui nous tient debout, qui nous évite de tomber dans le désespoir, la panique ou la psychose.

Le Seigneur mobilise alors aussi notre énergie pour faire face à l’adversité en déployant tous nos moyens, nos compétences, nos capacités afin de venir à bout du mal qui met en péril notre vie et celle de nos frères et sœurs en humanité.

Si le Seigneur semble dormir alors que nous crions vers Lui, s’Il semble sourd à nos prières pourtant si ferventes et si nombreuses en ce temps de « guerre » pourtant Il est là, Lui qui a partagé dans sa chair la souffrance et le mal, comme les textes de la Semaine Sainte vont nous le rappeler.  Il n’est pas indifférent à la grande épreuve que nous sommes en train de vivre. Jésus pleure avec nous comme il a pleuré devant le tombeau de son ami Lazare.

Bien plus, comme nous le lisons dans la Lettre aux Hébreux (2, 18) « parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui sont dans l’épreuve. »

Sa Passion est le signe de son engagement à nos côtés, c’est pourquoi le Pape François nous a invités, lors de la bénédiction urbi et orbi, à embrasser sa Croix.

Sa résurrection au matin de Pâques, que nous allons bientôt célébrer dans des conditions si inédites, est le signe de la VIE plus forte que la mort que le Christ vient apporter jusque dans les cimetières, dans les morgues et dans les chambres d’hôpital ou d’EPHAD où tant de personnes meurent seules, sans le réconfort d’une main aimante qui tienne la leur au moment de passer sur l’autre rive.

Que notre pensée et notre prière d’intercession pour toutes ces victimes du COVID-19 soient la main qui nous relie et qui nous unit à elles et à leur famille si violemment éprouvée en ces temps douloureux que l’humanité traverse !

Père Christian PORTIER, Chancelier du Diocèse de Lille et membre de l’équipe liturgique de la Cathédrale.