Billet du Chanoine Christian PORTIER #1

La crise sanitaire de la Covid 19 qui a bouleversé nos habitudes, nos façons de vivre, nos relations sociales, nos projets, perturbe aussi notre rapport au temps. Depuis 9 mois, le temps semble s’être arrêté.

Pourtant le temps s’écoule avec les étapes et événements qui marquent le calendrier.

De confinement en reconfinement, nous nous projetons dans l’avenir pour tenir bon dans la déferlante de cette crise sanitaire inédite qui secoue le monde entier : il y avait la perspective des jours fériés du mois de mai, puis celle des vacances d’été,  celle des vacances de la Toussaint et maintenant la perspective toute proche des fêtes de fin d’année et d’abord de Noël que nous ne vivrons sans doute pas de la même façon qu’à l’accoutumé.

Voici que pour l’Eglise s’ouvre une nouvelle année liturgique sanctifiant le déroulement du temps humain et permettant de faire mémoire de tous les Mystères du Christ. Le premier dimanche de l’Avent inaugure cette année nouvelle pour nous tourner vers le première Mystère du Christ, son Incarnation, que nous célébrons à Noël.

Cette fête est si populaire pour tous, croyants ou non-croyants, qu’elle est entourée de nombreuses traditions comme la crèche, le sapin ou les illuminations de rue et, depuis quelques années, les calendriers dits de l’Avent qui font référence à Noël mais souvent sans aucun rapport avec le sens chrétien de cette fête. Ainsi trouve-t-on des calendriers de l’Avent « disney », « beauté » « gourmand » et même « érotique »…

Pour les chrétiens que nous sommes, Noël a une toute autre dimension, celle de la venue dans le monde et dans l’histoire des Hommes du Christ, dont le Père « a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son propre Fils … pour qu’il soit notre Sauveur » (Prière Eucharistique n° 4).

Quatre semaines pour se préparer à cette grande fête ne sont pas de trop.

Il ne s’agit pas tant de courir les magasins pour trouver les cadeaux que nous voulons offrir à ceux que nous aimons, de concocter le menu du réveillon, de décorer la maison… que d’ouvrir nos oreilles et notre cœur à la Bonne Nouvelle de cette venue de Dieu parmi nous.

Ce n’est pas seulement une belle histoire survenue il y a plus de 2000 ans dont nous commémorons l’anniversaire. Non ! Dieu vient aujourd’hui. Dieu se donne à hauteur d’homme à quiconque accepte de L’accueillir.

Et cette Bonne Nouvelle de Dieu qui advient (c’est le sens du mot Avent) nous oblige.

Il est nécessaire de changer notre cœur et de transformer notre vie en laissant retentir la Parole de Dieu qui nous est proposée par la liturgie pendant ces quatre semaines ;  en donnant plus de temps à la prière ;  en étant plus attentifs à ceux qui sont dans le besoin, la peine, la maladie ou le deuil car c’est aussi dans nos gestes de solidarité, de fraternité, de compassion, de partage que nous nous préparons à accueillir le Seigneur et à Le célébrer à Noël.

Il convient de s’ajuster à l’avènement du Fils de Dieu, de nous laisser pénétrer de sa Présence, de son Amour, de sa Miséricorde.

L’Avent est un temps favorable pour Le redécouvrir, Lui donner plus de place dans notre existence, L’accueillir dans le visage du frère où le Seigneur Jésus se révèle et vient à notre rencontre.

La venue du Christ Sauveur en notre monde transcende tout : le temps, les contingences, les épreuves et cette pandémie qui nous meurtrit par ses effets sanitaires, sociaux et économiques et par ses conséquences dont nous ne mesurons pas encore toute l’ampleur.

Autour de nous beaucoup sont touchés dans leur santé, dans leur esprit, dans leur famille, dans leur activité professionnelle par ce fléau, soyons proches d’eux et soutenons-les autant que faire se peut.

Viens, Seigneur Jésus ! Puisse le cri de l’Eglise en cet Avent, devenir nôtre et ranimer en nous la flamme de l’Espérance, celle que la naissance de l’Emmanuel (Dieu-avec-nous) et du Prince de la Paix apporte à l’humanité. Espérance à partager autour de nous sans modération, tant elle est attendue en ces temps difficiles et troublés par ceux qui sont dans l’angoisse, l’incertitude, la dépression ou la précarité.

 

Chanoine Christian PORTIER.