8ème dimanche du Temps Ordinaire (C) – 02 mars 2025
Textes du jour : Si 27, 4-7 — Ps 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16 — 1 Co 15, 54-58 — Lc 6, 39-45
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Qui est notre maître à penser ? De qui nous inspirons-nous pour orienter notre vie et notre agir ? Quel est notre modèle ?
De fait, nous suivons tous les traces de quelqu’un. Nous imitons volontiers nos parents, un ami, un professeur, un sage dont le modèle est inspirant ou, aujourd’hui, les youtubeurs qui fascinent et influencent les jeunes parfois, hélas, jusque dans l’excès.
Pour nous, chrétiens, Jésus est-il vraiment notre maître à penser, notre modèle, Lui qui dit aujourd’hui dans l’évangile que « celui qui est bien formé sera comme son maître” ?
C’est donc dans un souci de formation que Jésus donne quelques sentences et conseils pratiques.
Jésus veut, en effet, nous former à être ses disciples, à être comme lui, c’est-à-dire de vrais fils et filles de Dieu, des enfants du Royaume qu’Il est venu établir dans le monde et dont il veut nous apprendre les valeurs et les mœurs.
Les sentences que le Christ propose ont trait à l’œil, au cœur et à la bouche.
– L’œil, ou le regard, qui est la fenêtre par laquelle nous recevons beaucoup d’informations et par laquelle aussi nous nous révélons tel que nous sommes : il y a l’œil rouge de sang de celui qui est en colère et le doux regard de celui qui aime. Il y a le regard noir que nous lançons parfois aux autres au lieu du regard tout radieux et bienveillant de celui qui est pacifié et habité par Dieu.
Le regard, surtout celui que nous portons sur les autres, doit être tolérant, indulgent, fraternel, sans jugement et sans se fier aux apparences. Nous sommes tellement enclins à remarquer la paille dans l’œil de l’autre, sans voir la poutre qui est dans le nôtre.
– Le cœur.
Dans la bible, le cœur n’est pas le siège des sentiments mais le centre de gravité de la personne, le centre caché de l’homme où se forgent les idées, les désirs et les projets. C’est dans le cœur que se rejoignent toutes les forces vives (physiques, morales, intellectuelles et spirituelles).
On peut dire que le cœur « fait la personne » si bien que du « cœur bon sort ce qui est bon ; comme du cœur mauvais ce qui est mal », à l’exemple de « l’arbre qui se reconnaît à son fruit. »
Quand Dieu s’adresse à quelqu’un c’est d’abord à son cœur qu’il parle. C’est là que Dieu veut établir sa demeure en lui. C’est dire combien notre cœur a sans cesse besoin d’être guéri, assoupli, converti.
La bouche.
Il y a un lien entre le cœur et la bouche : ce qui sort de la bouche procède du trop plein du cœur. Cela signifie que notre parole reflète le fond de notre cœur. Ce que nous disons est l’expression de nous-mêmes, de notre être profond : parole de paix, d’amitié, de miséricorde, de pardon ; parole bienveillante, parole de compassion, ou au contraire parole violente, agressive, méchante ; parole de condamnation, de vengeance ou de critique quand le cœur est plein d’amertume, de rancœur, de ressentiment. La parole peut parfois « tuer », blesser, condamner, nier la dignité d’une personne.
« Les petits côtés d’un homme, apparaissent dans ses propos », disait avec justesse Ben Sira le Sage dans la 1ère Lecture.
Ainsi, en l’être humain, l’œil, le cœur et la bouche sont-ils liés pour le meilleur et pour le pire !
En Jésus, homme pleinement accompli, il y a un accord parfait, une harmonie totale, entre son regard, son cœur et sa parole : il ne dit rien d’autre que ce qu’il est dans la profondeur de son être tout pénétré par Dieu et par le désir de faire sa volonté.
D’un seul regard, Jésus aime, pardonne, réconcilie et relève les pécheurs, les coupables, les malades. Sur son regard brillent la bonté, la tendresse, la compassion et le pardon qui habitent son cœur.
En nous proposant ces sentences dans l’Évangile, le Seigneur veut nous permettre de faire advenir notre meilleur, pour que nous devenions plus nous-mêmes et pour que nous grandissions dans l’amour de Lui et de notre prochain.
Le carême qui va s’ouvrir cette semaine et l’Année Sainte sont une excellente occasion de nous entraîner à changer notre cœur, à renouveler notre regard et à contrôler ce qui sort de notre bouche ; autrement dit d’adopter un peu plus les valeurs et les mœurs du Royaume de Dieu.
Père Christian Portier, Chancelier du diocèse