6ème dimanche de Pâques (B) – 05 mai 2024
Depuis Pâques, l’amour ne passera jamais !
Nous continuons à vivre le temps pascal, et en ce 6e dimanche de Pâques, nous entendons le Christ ressuscité nous exhorter : ‘aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés’. Il ne s’agit pas de n’importe quel amour. Il s’agit de l’amour du Christ : ‘comme je vous ai aimés’. Notre relation au Christ a de fortes conséquences sur notre manière d’aimer et de nous laisser aimer. C’est l’ADN de notre amour : nous aimons au nom et par notre lien au Christ. Par notre manière d’aimer, nous participons de la résurrection du Christ. Or, l’amour du Christ va jusqu’au bout. N’oublions pas que le ressuscité est le crucifié du vendredi saint. Dans un premier temps, il convient de contempler puis de rendre grâce pour cet amour infini dont nous sommes aimés.
Puis, très vite nous vient la question du comment. Aimer comme le Christ, à sa manière, nous apparait comme impossible.
Continuons à contempler le Christ. Il nous a aimés et nous aime en profonde communion avec son Père. Il fait de nous ses amis. Au début de sa passion, il se soumet à la volonté de son Père (‘Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe : cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne’ : Lc 22, 42) ; en expirant, il remet son esprit au Père (‘Père, en tes mains, je remets mon esprit’ – Lc 23, 45). Nous ne pouvons relever le défi de l’amour qu’avec lui, en priant avec lui son Père, qui est tout amour et qui est la source de tout amour. ‘L’amour vient de Dieu’ dit St Jean dans sa lettre (2e lecture). C’est avec la force et la grâce de Dieu que nous pouvons aimer et nous laisser aimer. Dieu n’a pas abandonné son Fils à la mort, mais il l’a ressuscité le 3e jour, signe de la victoire de l’amour sur la haine et la mort. ‘Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera’.
Pour nous encourager recevons le témoignage de Pierre et de Corneille que nous donne les Actes des Apôtres (1ere lecture). Pierre et Corneille ne pouvaient pas se rencontrer : le premier est un juif fervent ; le second appartient à la puissance occupante et surtout, il est païen. Je vous invite à lire le début du chapitre 10. L’initiative de la rencontre revient à Dieu. Il prépare l’un et l’autre à cette rencontre. Pierre se met en route et arrive chez Corneille. Il refuse que Corneille se prosterne devant lui et adopte une attitude pleine d’humilité, faisant siennes ces paroles du psaume 113 : ‘non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom, donne la gloire, pour ton amour et ta vérité’. Il est habité par le geste du lavement des pieds : le Christ le maitre, se fait serviteur et s’agenouille devant ses disciples pour leur laver les pieds, afin qu’ils aient part à son repas (cf Jn 13). Enfin, Pierre se laisse catéchiser par Corneille : ‘en vérité, je le comprends, Dieu est impartial’. Il n’a pas de parti pris. Il désire que tous les hommes quelle que soit leur nation, leur race, leur classe sociale soient sauvés. Pierre reconnait l’action de Dieu chez Corneille et son entourage et les baptise. Il suit ainsi l’attitude du Christ, son Maitre, admiratif devant la foi du centurion (‘Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi’ Mt 8, 10)
Avec la force du Christ ressuscité, les barrières (pour ne pas dire des murs de haine) s’effondrent : ‘ton Esprit travaille le cœur des hommes : pour que les ennemis se parlent à nouveau, les adversaires se tendent la main, et que les peuples cherchent à se rencontrer’ – Préface 2e prière eucharistique pour la réconciliation – Corneille reçoit dans le baptême le pardon de ses péchés. Pierre et Corneille se donnent le pardon de Dieu, cadeau de la mort et de la résurrection du Christ.
‘L’amour ne passera jamais’ écrit Paul à la lumière de Pâques (1 Co 13, 8). Rendons grâce à Dieu pour l’amour dont il nous aime, dont il aime tous les hommes et ce, le premier. Seigneur, apprends-nous à aimer. Demandons-lui la force de croire davantage que depuis le matin de Pâques, l’amour est victorieux de la mort, afin d’aimer et de partager la joie de Dieu.
Père Bruno Mary, recteur de la cathédrale