Chronique du Recteur #9

Témoins de l’espérance.

 

“Déconfinés mais sceptiques” titrait un quotidien en fin de semaine dernière. Le déconfinement amorcé depuis lundi dernier se vit de façon très progressive et prudente. Le virus est en effet toujours là.

Dans ce contexte, la parole de Dieu de ce 6ème Dimanche de Pâques (Ac 8, 5-8.14-17 : Ps 65 ; 1 P 3, 15-18 et Jn 14, 15-21) nous rappelle notre identité et notre mission. L’apôtre Pierre nous dit : “Bien aimés, soyez prêts à rendre raison de l’espérance qui est en vous”. Témoins de l’espérance : telle est notre mission personnelle et ecclésiale.

De quelle espérance s’agit-il ? Comment l’entretenir ? Comment en témoigner ? Voilà les questions que je compte aborder avec vous.

L’espérance chrétienne n’est pas due à un tempérament heureux ou une vision naïve de la vie. Notre espérance s’enracine dans l’événement de la victoire du Christ sur le mal et la mort au matin de Pâques. Espérer, c’est désirer ce pour quoi nous sommes sur terre : louer Dieu, l’aimer et trouver notre épanouissement en Dieu. Nous espérons participer à la victoire du Christ sur la mort et vivre pour toujours avec Dieu et nos frères. L’espérance nous permet d’assumer la durée car c’est un des défis majeurs de notre vie humaine et chrétienne. L’espérance nous permet de persévérer dans la foi et l’amour.

Elle est un don que Dieu nous fait. Mais comment continuer à l’accueillir et l’entretenir ?

En faisant mémoire des merveilles du Seigneur. Le psalmiste nous y aide : “il changea la mer en terre ferme”. Allusion au passage de la Mer raconté dans le livre de l’Exode au chapitre 14. Notre Dieu nous libère : il nous fait passer de situations où nous ‘avons la tête sous l’eau, où nous sommes perdus, au fait d’avoir pied, de sortir la tête de l’eau. Le récit des Actes des Apôtres, nous rappelle la conversion de Samaritains, ennemis jurés des Juifs et dont la conversion était jugée improbable par les disciples eux-mêmes. “Terre entière acclame Dieu, chante le Seigneur”.

Le psalmiste nous entraîne à acclamer Dieu car ces faits dépassent nos forces et ne sont pas de notre initiative. C’est pourquoi le Christ nous envoie un autre Défenseur c’est-à-dire quelqu’un qui prendra sa relève alors que ses proches ne le verront plus – ce qui est notre cas. Mais, pourquoi ce nom : Défenseur ? Ce nom évoque le combat. Lequel ? Le combat contre le mal. Actuellement, nous combattons le COVID-19. Mais il n’y a pas que lui : il y a l’injustice – le confinement nous a montré la diversité des situations humaines, avec ses injustices – l’idolâtrie qui se décline dans les addictions qui nous affligent… Combats qui furent ceux du Christ… Pendant sa vie publique le Christ a été le défenseur de ses disciples en les conseillant, les enseignant, les guidant, les envoyant en mission, munis de ses recommandations et de ses propres pouvoirs (cf Lc 10, 1). Ce combat se déroule à l’extérieur de nous mais aussi en nous-mêmes. Saintt Paul écrivait : il y a le bien que je veux et que je ne fais pas, et le mal que je ne veux pas et que je fais (cf Rm 7, 15). Le Défenseur prend la relève du Christ.

Comment témoigner de l’espérance ? Nous sommes appelés à rendre raison de l’espérance qui est en nous (…) avec douceur et respect autrement dit avec et dans l’amour. Apprendre à aimer et à se laisser aimer est une lutte. L’amour n’est pas que sentiments, émotions. Il est engagement contre ce qui en nous et autour de nous, refuse d’aimer à la suite du Christ. Ce combat engage notre existence : il est vital. Nous le mènerons avec le Défenseur que le Christ nous envoie et avec nos frères afin de le gagner. “Rendre raison de l’espérance qui est en nous” c’est mener ce combat de l’amour au nom du Christ qui a vaincu la haine et la mort. Les martyrs en sont les grands témoins. Que leur témoignage et leur intercession affermissent notre espérance.

Rendons grâce à Dieu pour l’espérance qu’il nous confie et qui nous ouvre un avenir.

 

P. Bruno MARY, Recteur, ce 18 mai 2020.