4ème dimanche de Carême (C) – 30 mars 2025
Textes du jour : Jos 5, 9a.10-12 — Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7 — 2 Co 5, 17-21 — Lc 15, 1-3.11-32
Une histoire de famille… C’est ce qui nous est raconté dans cette parabole qui est une des plus belles pages des évangiles.
Sans doute que chacun peut se reconnaître dans cette histoire à double titre : parce qu’il a vécu quelque chose de semblable dans sa propre famille et parce qu’il peut se reconnaître alternativement dans les trois personnages de cette histoire : tantôt dans le père qui pardonne, tantôt dans le fils délinquant avec ses errements, tantôt dans le fils aîné si jaloux. Oui cette histoire touche à notre humanité en ses différents états d’âme.
Si Jésus a raconté cette histoire, c’est pour les pharisiens et les scribes qui, à l’exemple du fils aîné de la parabole, se croyaient méritants envers Dieu et jugeaient avec mépris les autres (les publicains et les pécheurs) qu’ils considéraient indignes de Dieu et mécréants.
Jésus veut faire comprendre à ceux qui l’écoutent l’amour fou de Dieu pour tout homme si éloigné soit-il de Lui à qui Il pardonne, pardon qui Lui procure de la joie et du bonheur au point de manger et festoyer pour célébrer l’événement du retour du pécheur qui était perdu et qui est maintenant retrouvé, comme mort et maintenant revenu à la vie.
Oui, Dieu est ce Père qui ne cesse d’espérer en nous, même quand nous sommes loin ; qui ne cesse de guetter le moindre signe de notre part, le petit pas que nous pourrions faire pour revenir vers Lui. Ste Thérèse de Lisieux disait qu’il suffit de lever un pied pour le poser sur la première marche de l’escalier et le Seigneur fait le reste comme un ascenseur.
Dieu est ce Père qui sait attendre avec patience ceux qui se sont détournés de lui, respectant toujours leur liberté.
Comment se fait-il que tant de personnes, aujourd’hui encore, aient dans leur esprit l’image d’un Dieu qui condamne, qui punit ? Ce Dieu là n’est pas celui de Jésus. Le Dieu de Jésus-Christ n’est qu’Amour, Tendresse et Miséricorde.
La simple décision intérieure de revenir vers Dieu suffit à ouvrir les vannes de sa Miséricorde. Alors c’est Dieu en personne qui fait tout le chemin qui nous sépare encore de lui, même si ce chemin est très long. Et ce chemin, Dieu l’a parcouru pour toute l’humanité en son Fils Jésus, lui qui est l’incarnation de l’Amour et de la Miséricorde du Père des cieux.
En Jésus, Dieu s’est approché et Il est accouru pour nous dire tout son Amour, pour nous dévoiler son visage et son cœur de Père. Nous croyons chercher Dieu alors que c’est lui qui nous cherche sans jamais se décourager !
L’Amour de Dieu n’enferme jamais personne dans son passé si lourd soit-il, mais son Amour ouvre à chacun, fût-il le plus grand des pécheurs, un avenir nouveau possible. Tel est le sens du pardon.
Combien de personnes craignent de revenir vers Dieu parce qu’elles pensent être descendues trop bas dans l’abîme du péché. Or, jamais personne n’est trop loin pour Dieu ! Aucune faute n’est trop grave pour essuyer de la part de Dieu le refus d’être pardonné. Dieu pardonne comme il respire, écrit le Père Varillon. Oui, car le pardon c’est l’amour en sa gratuité absolue, l’amour désintéressé qui n’est que don, par-don.
Ce qui nous est raconté dans la parabole du “fils perdu et retrouvé” n’est pas seulement une belle histoire… Cette parabole, il nous est possible de la vivre personnellement dans le beau et grand sacrement de la Réconciliation (la Confession) qui n’est pas un tribunal où l’on serait jugé pour quelque manquement à un code de lois. Ce sacrement est une rencontre personnelle avec ce Père qui est alors « saisi de compassion » et qui « se jette à notre cou pour nous couvrir de baisers », une manière de nous dire : “mon enfant je t’aime toujours“.
Il n’y a que Dieu qui puisse pardonner parce qu’il est Dieu, parce qu’il est Amour. Toutefois Dieu nous demande de l’imiter, d’être miséricordieux comme lui, de pardonner à ceux qui nous ont offensés, comme nous le disons dans la prière du Notre Père, bien souvent machinalement sans mesurer la portée de ce que nous disons alors à Dieu.
Pardonner c’est difficile, exigeant. Parfois cela semble impossible quand on a été blessé par les actes ou les paroles de quelqu’un.
Si nous ne parvenons pas à pardonner, alors il faut demander au Seigneur de mettre en notre cœur son pardon et le demander jusqu’à ce que nous y parvenions ; ça demande du temps, des mois parfois des années. Mais c’est dans cette “imitation” de Dieu, le Père des miséricordes, que nous témoignons que nous sommes ses enfants.
Le temps du Carême et cette Année Sainte sont un temps privilégié pour se lever et aller à la rencontre de ce Père aimant qui nous attend avec tellement d’impatience. Comme nous y invitait St Paul dans la lecture : « Au nom du Christ, laissons-nous réconcilier avec Dieu ! »
Père Christian Portier, Chancelier du diocèse