Homélie de Mgr Ulrich , 1er dimanche de l’Avent 2019

Homélie de Mgr Ulrich donnée à la cathédrale de Lille le 1er décembre 2019, 1er dimanche de l’Avent

Is 2, 1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14 ; Mt 24,37-44

 

Dans la lecture du livre d’Isaïe, que nous rencontrerons tout au long de ce temps de l’Avent, nous entendrons dire qu’il faut monter à la montagne du Seigneur pour découvrir ce qu’Il nous prépare : un monde dans lequel les armes seront transformées en outils utiles et bons pour la vie des hommes ; en outils agraires, en l’occurrence, pour permettre aux hommes de vivre. Allez, montons ! Montons à la Montagne du seigneur, faisons pèlerinage : ce n’est pas si élevé que cela !

Dans la lettre de St Paul aux Romains, il s’agit de rester éveillés, de sortir du sommeil qui peut nous mettre dans une léthargie par rapport aux situations vécues du monde ; rester éveillés pour découvrir la lumière qui, en général, manque à nos esprits, à nos cœurs, parce que cette lumière vient de Dieu et que nous n’y sommes pas assez attentifs.

Et dans l’Évangile, Jésus nous invite à être tout simplement, hommes et femmes, bien pris dans les activités de la vie quotidienne, mais avec cette même indication que St Paul reprend : en étant attentifs et éveillés. Oui, il s’agit d’être dans la vie quotidienne, comme on le voit par les exemples que choisis Jésus : les hommes sont aux champs, les femmes sont en train de moudre le grain, et le maître de maison surveille sa maison la nuit. Ce sont des activités ordinaires de la vie des gens. Et nous en avons d’autres aujourd’hui. Mais nous avons nos activités ordinaires au milieu desquelles, nous sommes invités à rester attentifs.

A quoi faut-il être attentifs ? Est-ce qu’on ne peut pas entendre cette parole de Jésus:au temps de Noé, les gens ne s’étaient doutés de rien jusqu’à ce que Noé entre dans l’arche. Au temps de Noé : de quoi et à quoi les gens auraient-ils pu se douter ? Auraient-ils dû être attentifs au déluge qui arrivait ? Ou à la présence de Dieu dans ce monde-là, dans le monde qu’ils vivaient ? Choisissez à quoi les gens auraient dû être plus attentifs…

Aujourd’hui, à quoi devons-nous être le plus attentifs ? Parce que, comme au jours de Noé, on mange, on boit, on va dans les commerces, on dépense peut-être plus ou moins utilement -voyez le black Friday ! On dépense. On s’agite. On fait des choses. Mais on n’est pas attentifs à ce qui nous arrive. Mais à quoi faudrait-il être attentif ? ce n’est plus au déluge, mais peut-être aux grands malheurs du temps qui, aujourd’hui prévoient que le monde se porte mal et l’attention à l’environnement nous est sollicitée ; est ce que nous sommes attentifs à la misère des plus pauvres ? à la blessure de toutes les victimes de ce monde ? ou est-ce que nous ne sommes pas assez attentifs, vraiment, à la présence de Dieu dans notre monde ?

Je crois bien que notre époque n’est pas pire que les précédentes. De ce point de vue, Jésus le dit et l’histoire le montre : nous ne sommes pas si attentifs que cela, ni au malheur des temps, ni à la présence de Dieu dans le monde. La différence entre notre époque et les précédentes, c’est peut-être que les précédentes étaient plus sensibles au fait que c’était un mal que d’oublier Dieu. Elles en avaient fait un péché, et elles ne semblaient pas trop fières de cela. On oubliait Dieu, mais de temps en temps on se reprenait, et on se disait : « ce n’est pas bien ».

Aujourd’hui on a l’air d’être presque fier de l’avoir mis de côté. De l’avoir oublié. De ne plus parler de Lui. Alors je crois que pour ce temps de l’Avent, la question qui vient pour nous, c’est : comment pourrions-nous vivre, vraiment ? comment pourrions-nous parler de Lui, vraiment ? de telle sorte que dans notre monde, nos frères et nos sœurs, nos contemporains, puissent trouver du goût à se laisser aimer par Lui ; puissent trouver du bonheur à être touchés par Lui ; puissent comprendre ce qui leur manque à ne pas savoir que son amour est prévenant, que son amour est premier, que c’est Lui qui vient vers nous, que c’est ce que nous fêtons dans le temps de l’Avent, dans l’attente de Noël ; c’est Lui qui vient vers nous ; c’est Lui qui fait la première démarche, c’est Lui qui met dans notre cœur le désir de Lui.

Alors, à nous qui sommes croyants, à nous qui sommes ici, demandons-nous : que pourrions-nous faire ? comment pourrions-nous vivre ? de quelle façon pourrions-nous parler de Lui pour ouvrir les cœurs de nos frères et de nos sœurs, à cet amour bienfaisant, bienveillant, miséricordieux, qui va se manifester dans la venue d’un enfant ? Interrogeons-nous. Demandons-nous comment notre monde pourrait, non pas pour avoir peur de la venue de Dieu mais se réjouir vraiment et désirer lui ressembler dans la venue de ce Fils que nous attendons, nous qui sommes ici, avec, je le sais, beaucoup de joie, de gratitude et d’émerveillement.