3ÈME DIMANCHE DE PÂQUES (B) – 14 AVRIL 2024

Je crois en la résurrection de la chair

            Le Christ est ressuscité, alleluia !

            Le récit que nous venons d’entendre suit le récit des pèlerins d’Emmaüs.
Ces pèlerins racontent aux Onze apôtres ce qui leur est arrivé et comment ils ont reconnu le Ressuscité au geste de la fraction du pain. Les Onze ne les croient pas témoigne St Marc (‘ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus’ – Mc 16, 13). Les évangiles ne cachent pas la difficulté des proches de Jésus à croire en sa résurrection. Il faut dire que les disciples d’Emmaüs sont peu crédibles pour les Onze : ne les ont-ils pas abandonnés…  Et surtout, l’événement de la résurrection est incroyable. Comment un défunt peut-il sortir vivant d’un tombeau après trois jours ? Ce qui heurte le plus c’est que le ressuscité n’est pas seulement un esprit. Avouons que comme les Apôtres, nous avons bien du mal à croire ‘en la résurrection de la chair’. Comment est-elle possible ?

C’est pourquoi le Christ ressuscité apparait aux Onze. Et il sollicite leur sens : il parle ; il les invite à voir ses mains et ses pieds. : ‘voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez ; un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai’. Il mange même avec eux. Le Ressuscité n’est ni un fantôme, ni un esprit. Il montre les blessures de ses mains et ses pieds. Ces blessures témoignent qu’il est bien le crucifié du vendredi saint. Ces blessures témoignent de l’amour de Dieu qui va jusqu’au bout, qui va rejoindre l’homme blessé physiquement et moralement. ‘Par ses blessures, nous sommes guéris’ [1]nous dit une antienne de cantique pendant le Carême. Nous sommes appelés à nous laisser visiter par Dieu dans nos blessures afin d’être sauvés par lui afin de recevoir ‘la paix, la paix du pardon’. La force de Dieu agit dans notre faiblesse[2]. Tel est l’enjeu de notre foi en la résurrection de la chair.

Cette affirmation nous dépasse et nous dépassera toujours. L’antienne du psaume (‘sur nous Seigneur, que s’illumine ton visage !’) me ferait dire que cette résurrection de la chair ressemblerait plutôt à une transfiguration. Mais comment entrer davantage dans ce mystère afin que nous attendions le jour de la résurrection dans la ferme espérance du bonheur que le Seigneur donne – Prière d’ouverture de la messe du jour) ?

Que fait le Christ ? Il ouvre les disciples à l’intelligence des Écritures. Il ‘reprend dans l’Écriture tout ce qui annonçait sa passion, sa mort et sa résurrection’. Pierre suit son maitre et nous l’entendons dans les Actes des Apôtres : ‘Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé, par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait’. Cela était parfaitement impensable pour la plupart des Juifs. Seul le Christ peut nous ouvrir à l’intelligence des Écritures. C’est ainsi nous écoutons les Écritures à chaque Eucharistie : nous croyons que ces passages ne sont pas
des textes, mais la Parole de Dieu. Dieu nous est présent par sa Parole. Une présence qui se fera chair quand nous communierons au Corps et au Sang du Christ.

            Et le Christ de faire de ses disciples des témoins : ‘à vous d’en être les témoins’. Le Christ n’attend pas que ses disciples soient de ‘supers croyants’ pour les envoyer. Il leur fait confiance et les fait advenir comme croyants par leur mission même. Il ne s’agit pas d’auto-persuasion. Il s’agit du travail de l’Esprit dans chacun d’entre nous et dans notre monde. Combien de fois, les disciples expérimenteront que le Christ les précède. Et n’oublions pas : il ne s’agit pas de témoigner de nous-mêmes (de nos actions) mais du salut que le Christ nous apporte. Alors, laissons-nous envoyer
dans le Christ. Il nous donnera les mots et les attitudes qui conviennent et nous grandirons dans la foi.

            Rendons grâce à Dieu qui nous fait ainsi confiance et demandons lui d’augmenter notre foi en sa résurrection.
Le Christ est vraiment ressuscité, alléluia !

Père Bruno Mary, recteur

Notes:           

[1] : 1 P 2 – NT 8

[2] : cf Rituel de l’onction des malades