3ème DIMANCHE DE L’AVENT – 17 DÉCEMBRE 2023

Ce dimanche de «Gaudete» nous introduit donc, comme par anticipation, à la joie de la fête de Noël, la joie de la Nativité. Il nous rappelle que la rencontre avec le Seigneur est toujours une source de joie.

Si les textes de la Parole de Dieu de ce 3ème dimanche de l’Avent nous invite à la joie, avouons que le cœur n’y est pas ! Moins encore que ces dernières années, parce que le monde et la société traversent  des temps difficiles avec les crises qui se cumulent : crise climatique, crise économique marquée par l’inflation, crise des institutions, crise sociétale et deux guerres en Ukraine et au Proche Orient avec leur lot d’horreurs, de destructions, de morts (plus de 10.000 dans la bande Gaza et 2000/jour sur le front russo-ukrainien).

L’ambiance générale, même à l’approche de Noël, n’est donc pas très joyeuse.

Comme les prêtres et les lévites dans l’Evangile nous avons des doutes, des interrogations, des inquiétudes… Beaucoup cherchent ce qui pourrait redonner espoir ou quelqu’un qui pourrait répondre à nos questionnements, nous indiquer un chemin et nous aider à sortir de ce contexte anxiogène et tellement sombre.

Pourtant de la joie nous en avons besoin, elle fait tellement de bien ! La joie ce n’est pas la gaité (qui est bonne aussi) mais la gaité passe comme passent les décorations et les cotillons des fêtes.

La joie à laquelle nous sommes invités par la Parole de Dieu de ce dimanche est une joie durable, profonde. Elle a sa source dans la certitude d’être aimés par Dieu le Père, tellement aimés qu’Il se fait l’un de nous, qu’il partage notre humaine condition, pour nous dire cet amour et le dire en actes.

C’est cela que nous allons célébrer à Noël : pas seulement l’anniversaire de la naissance de Jésus dans une crèche mais la venue de Dieu parmi nous, pour nous, en la personne de son Fils.

Ce n’est pas de l’histoire ancienne, ni un conte romantique, non ! Dieu se fait proche de nous, de moi ; Il vient me rejoindre là où j’en suis, dans mon histoire, dans la situation qui est la mienne et dans la situation qui est celle du monde aujourd’hui (c’est le propre du mystère de l’Incarnation).

C’est donc Jésus qui est notre joie !

Cette joie chrétienne ne masque pas les difficultés. Elle ne fait pas disparaître comme par magie la souffrance, la violence, les tribulations auxquelles l’humanité est affrontée, mais cette joie est une force particulière pour voir autrement ces difficultés et ces épreuves et pour les porter avec courage parce que Dieu lui-même en son Fils est venu les affronter et les porter avec nous, jusqu’à la mort.

La vraie joie chrétienne prend sa source en Celui qui ne déçoit pas et qui est toujours avec nous comme Il l’a promis, nous accompagnant sur la route de nos vies comme Il accompagnait jadis les deux disciples d’Emmaüs dépités après la mort de Jésus et qui se posait tant et tant de questions. Le Ressuscité marchait à leurs côtés mais ils ne Le reconnaissaient pas, aveuglés qu’ils étaient par le choc de la mort de Celui en qui ces deux disciples avaient mis toute leur foi et leur espérance, une espérance que le Christ allait raviver par le signe du pain le soir à l’auberge ; le pain de l’Eucharistie que le Seigneur continue de nous offrir aujourd’hui pour nous fortifier, pour faire face aux difficultés de la vie, pour nous tenir debout et nous garder malgré tout dans la joie et dans l’espérance.

Avec la joie, l’espérance est une des plus belles et grandes valeurs de la vie chrétienne. Une « vertu théologale » dit le catéchisme de l’Eglise.  Une vertu à cultiver, à entretenir comme la flamme du feu.

L’espérance n’est pas statique mais elle doit marquer notre agir quotidien dans notre vie familiale, sociale, ecclésiale et dans notre recherche de bonheur et d’harmonie.

Notre espérance chrétienne nous donne une responsabilité vis à vis du monde qui souvent en perd le sens et sombre dans le doute, le désespoir ou s’évade dans les paradis artificiels mais qui sont éphémères.

A propos de l’espérance, Georges Bernanos écrivait qu’elle était « une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté… Le grand malheur de cette société moderne, sa malédiction, c’est qu’elle s’organise visiblement pour se passer d’espérance comme d’amour ; elle s’imagine y suppléer par la technique, elle attend que  ses économistes et ses législateurs lui apportent la double formule d’une justice sans amour et d’une sécurité sans espérance. »

Ces lignes écrites en décembre 1944 ont étonnamment conservé toute leur actualité.

Soyons autour de nous des semeurs d’espérance et de joie !

Père Christian Portier, Chancelier du diocèse de Lille