32ème dimanche du temps ordinaire (B) – 10 novembre 2024

Textes du jour : 1 R 17, 10-16 — Ps 145 (146), 6c.7, 8-9a, 9bc-10 — He 9, 24-28 — Mc 12, 38-44

Quand on aime, on ne compte pas !

Nous sommes tous convaincus du bien-fondé de cet adage et nous le vivons assez spontanément avec nos proches. Mais est-ce que nous l’appliquons de la même façon à l’égard de notre prochain que Jésus nous invite « à aimer comme soi-même » ?

Plus encore, est-ce que nous l’appliquons à l’égard de Dieu, selon l’exemple de cette veuve de l’Évangile qui dépose dans le tronc du Temple de Jérusalem tout ce qu’elle avait pour vivre ?

Elle a fait comme le fit déjà au temps du prophète Élie une autre veuve, celle de Sarepta, quand le prophète la sollicita pour donner le peu qu’elle avait encore pour manger, elle et son fils.

A cause de sa pauvreté, la veuve de l’Évangile aurait pu s’abstenir de verser quoi que ce soit dans le tronc du Temple, mais elle y dépose ce qu’elle possède encore : deux piécettes, les plus petites alors en usage. Il s’agit d’un don dérisoire, et pourtant c’est cette femme là que Jésus remarque, c’est le geste de cette veuve qui attire son attention et surtout son émerveillement, au point qu’il la présente à ses disciples comme modèle de générosité,  de foi et de confiance: « elle a mis plus que tous les autres », affirme Jésus.

Certes, ces deux piécettes déposées dans le tronc du Temple n’ont pas grande valeur d’un point de vue économique mais en les donnant, la veuve n’a pas pris sur son superflu mais sur son indigence, elle a tout donné ce qu’elle avait pour vivre. Elle s’est donnée elle-même. Elle s’en est remise à Dieu avec confiance, en croyant qu’Il ne l’abandonnerait pas.

Dans le geste de la veuve du Temple, sans doute le Seigneur se reconnaît-il, Lui qui s’est dépouillé de sa condition divine pour partager notre condition humaine ; Lui qui va donner tout ce qu’il a – sa propre vie – par amour des hommes, comme le rappelait la Lettre aux Hébreux.

Dans l’enseignement qu’il tire de ce qu’il a vu au Temple, Jésus  met en relief deux mondes totalement différents : celui des apparences, du bling-bling, où on se soucie avant tout de ce que les autres voient et de ce qu’ils vont penser ; c’est le monde du paraître cher aux scribes dont Jésus dénonce le comportement : ils aiment à parader, à avoir les places d’honneur, à prier ostensiblement.

Et, à l’opposé, le monde de l’effacement, de l’insignifiance, de ce qui reste le plus souvent inconnu aux yeux de tous ; le monde des « petits », des humbles qui ont le cœur sur la main.

Dieu se moque des apparences. Ce qui compte pour lui ce n’est pas ce que nous avons et ce que nous donnons à voir mais ce que nous sommes vraiment au plus profond de nous-mêmes. Oui, Dieu regarde seulement le cœur et la droiture des intentions. Dieu désire que nous ayons un cœur de pauvre et que nous mettions notre confiance en Lui.

Est-il nécessaire de s’appauvrir matériellement de ses biens pour être un bon chrétien ?

Donner concerne notre argent, nos biens mais pas seulement. On peut donner aussi de son temps, de sa disponibilité, de son écoute, de sa personne.        

Ceci dit, il ne faudrait pas pour autant que cela nous dispense d’être solidaires de celles et ceux qui sont dans le besoin en les aidant matériellement.  Nous ne pouvons pas rester indifférents à la situation de tant et tant de « veuves » de notre temps, c’est-à-dire celles et ceux qui n’ont quasiment rien pour vivre. Il s’agit parfois de peuples entiers ou de réfugiés qui vivent dans une misère extrême et déshumanisante, ou encore, en ces temps de crise et d’inflation, de celles et ceux qui autour de nous galèrent et peinent à s’en sortir.

Ces textes de la Parole de Dieu en ce dimanche nous interpellent et sont une invitation :

  • A imiter la générosité de Dieu qui aime sans compter et que le geste des deux veuves illustre si bien ;
  • A grandir dans la confiance en Dieu qui répond à la détresse des cœurs qui se tournent vers Lui ;
  • A changer notre regard en ne nous limitant pas aux apparences souvent trompeuses et en sachant être attentifs, non pas à ce qui fait impression, mais aux petits gestes apparemment insignifiants accomplis avec amour et générosité ;
  • A purifier nos motivations dans notre relation à Dieu et au prochain.
  • A adopter un esprit de pauvreté qui n’est pas forcément absence de richesse et de biens mais qui vise la façon dont on en use et dont on y est attaché.

Demandons au Seigneur de nous apprendre à aimer sans compter !

Père Christian Portier, chancelier du diocèse