2ème DIMANCHE DE PÂQUES (B) – 7 AVRIL 2024

2ème Dimanche de Pâques ou de la Divine Miséricorde

Alors que notre Église s’interroge beaucoup sur son avenir et qu’elle s’engage résolument sur un chemin de renouvellement missionnaire, la Parole de Dieu de ce deuxième dimanche de Pâques nous donne de précieuses indications.

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » (Jn20,21) La mission des apôtres fait suite à la mission de Jésus. Elle vient de Dieu le Père. Elle signifie la prévenance de Dieu pour tous les hommes. Elle est l’expression de sa miséricorde, de son désir de rejoindre tout homme pour qu’il fasse l’expérience d’être aimé de Dieu et que sa vie en soit transformée. La source de la mission est dans le Père et la mission des apôtres, la mission de l’Église, naît de la résurrection du Crucifié, qui accomplit la volonté du Père. L’amour du Père a emporté la victoire sur la violence et la mort. Le Ressuscité peut montrer ses mains et son côté à ses disciples comme il le fera de nouveau le dimanche suivant à Thomas, l’incrédule invité à devenir « un homme de foi » (Jn20,27). L’amour qui a relevé Jésus d’entre les morts peut désormais se diffuser au monde entier. C’est ainsi que Jésus souffle sur les disciples en disant : « Recevez l’Esprit Saint, à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis, à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn20, 22.23)

Nous avons là des repères importants pour l’évangélisation. Avant d’être la diffusion d’affirmations dogmatiques, l’évangile est une expérience : l’expérience de l’amour de Dieu qui me libère du péché, l’expérience de la miséricorde infinie de Dieu qui me révèle que je suis fils ou fille de Dieu, comme Jésus. Derrière la formule solennelle « vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis », il y a bien plus qu’une dette acquittée, il y a cette expérience de l’amour de Dieu qui nous libère de la nécessité de ruser pour nous en sortir par nous-mêmes. Il y a l’expérience « d’une victoire sur le monde » (1Jn5,4), entendez par là le retournement d’une vie transformée par la foi. La confiance que Dieu nous manifeste nous autorise à notre tour à faire confiance, à aimer sans craindre de perdre, à bâtir une fraternité nouvelle comme l’illustre le passage des Actes des apôtres que nous venons d’entendre : « la multitude des croyants n’avaient qu’un seul cœur et une seule âme… ils avaient tout en commun…les apôtres rendaient témoignage à la résurrection du Seigneur avec une grande puissance et une grâce abondante reposait sur tous. » (Ac4,32.33)

Ainsi l’expérience d’une fraternité vécue en Église est un élément primordial de l’évangélisation, comme notre archevêque le souhaite en initiant les partages de la Parole de Dieu au début du chemin diocésain de renouvellement missionnaire. Pour que l’annonce de l’évangile soit crédible, les chrétiens se doivent d’exercer une charité inventive qui manifeste que l’amour a gagné sur l’esprit du monde, la fraternité sur le chacun pour soi, la confiance sur la méfiance. C’est l’expérience que vivent des jeunes dans des colocations comme Lazare ou Marthe et Marie. C’est l’expérience que font beaucoup dans les métiers du soin ou de l’éducation, comme dans l’action caritative. C’est aussi cette expérience que vivent de nombreux chrétiens de la métropole lilloise qui accueillent depuis novembre des jeunes migrants dans des locaux paroissiaux. Nous sommes hélas amenés à mettre fin à cette hospitalité dans quelques jours pour permettre aux bénévoles de reconstituer leurs forces avant l’hiver prochain et alerter les pouvoirs publics sur la situation de ces jeunes, mais cette expérience forte marque ceux qui s’y sont engagés comme elle interroge ces jeunes.

Chacun de nous peut s’interroger. En quoi la foi en la résurrection du Crucifié a transformé ma vie ? Quelle audace me donne-t-elle pour témoigner de la victoire de l’amour ? A quelles initiatives m’invite-elle ? A quelles conversions ?

« C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité ». (1Jn5,6) Alors que notre Église se réjouit des nombreux baptisés de Pâques et que nous célébrons l’eucharistie du Seigneur comme chaque dimanche, ne nous contentons pas de l’eau et du sang. Attestons de la foi qui nous sauve en laissant l’Esprit manifester la victoire de l’amour. Laissons-le agir dans notre vie pour être de vrais témoins de la résurrection. Amen. Alléluia.

Père Bruno CAZIN, vicaire général