29ème dimanche du temps ordinaire (B) – 20 octobre 2024

Textes du jour : Is 53, 10-11 Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22 — He 4, 14-16 — Mc 10, 35-45

Passer nos ambitions au cible de la passion du Christ

            Que voulez-vous que je fasse pour vous ? demande Jésus à Jacques et Jean, fils de Zébédée. Si Jésus pose cette question à ces disciples, il nous la pose également : que voulons-nous que le Christ fasse pour nous ?

            Écoutons la réponse des disciples. ‘Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire’. Ils espèrent avoir les meilleures places et comptent sur leur amitié avec Jésus pour y parvenir. Avouons que leur réponse est aussi la nôtre. Ils disent la vision que nous avons souvent de la réussite et des moyens pour y parvenir.

            Jésus les écoute et ne les juge pas. Il dit simplement : ‘vous ne savez pas ce que vous demandez’. Il les invite à découvrir ce que cela signifie et ce que cela implique. Jésus resituera les deux frères à leur vraie place par rapport aux autres et par rapport à lui.

            Car de fait, que provoque la demande de Jacques et de Jean ? L’indignation des dix autres. La réalisation de leur demande se ferait au détriment des autres et il en va souvent ainsi de nos projets et ambitions… La promotion de quelques-uns entraine l’abaissement de la majorité des autres. Cela engendre bien des malheurs ! Là sont nos drames… Nos ambitions ont besoin d’être visitées par Dieu et à travers elles, nous avons besoin d’être sauvés.

            Pour cela, Jésus invite ses disciples à le suivre, à le suivre sur le chemin de la passion, de sa mort et de sa résurrection. Pour réussir dans la vie, pour réussir, il faut prendre le chemin de Pâque c’est-à-dire, boire la coupe de l’insécurité, du rejet, de la condamnation. Une coupe que Jésus a commencé à boire dès sa naissance. Il nous faut vivre le baptême du Christ c’est à dire : nous recevoir comme fils du Père et aimer jusqu’au bout. La suite du Christ, du Christ de la passion changera fondamentalement les disciples. Effectivement, ces disciples boiront à la coupe du Christ et seront baptisés dans son mystère pascal.

            A la suite du Christ, ils seront serviteurs. Le serviteur n’est pas le maitre : il ne maitrise pas la situation. Dieu seul la maitrise. Le serviteur n’est pas esclave car il est libre. Jésus a choisi d’être serviteur, d’être le serviteur annoncé par le prophète Isaïe. Le serviteur qui sert pleinement la volonté de Dieu c’est à dire que tout homme soit sauvé. Et cela ira jusqu’à la mort sur la croix. Cela implique la souffrance qui devient en Jésus un moyen de compatir, de rejoindre tous les hommes et tout l’homme, finalement de les aimer. Écoutons ce que dit l’auteur de la lettre aux Hébreux : ‘Nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché.’ (2e lecture) Ceux qui n’ont pas souffert n’ont souvent pas de cœur constate la sagesse populaire.

            Jacques et Jean se mettront au service de l’amour : telle sera leur ambition. Un amour qui se vivra au quotidien, dans les petites choses de la vie. Ce sera le chemin des béatitudes : heureux les pauvres, ceux qui pleurent, les doux, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, ceux qui sont persécutés pour la justice, ceux qui sont insultés à cause du Christ… Autant de manières d’aimer, de vivre le service de l’amour de Dieu et des frères.

            Voilà l’ambition qui doit être la nôtre : nous laisser sanctifier par Dieu en suivant son Fils. Nous serons ainsi à son image et à sa ressemblance. Nous pourrons vivre en sa présence… Seigneur, fais-nous toujours agir pour toi d’une volonté ardente. (Prière d’ouverture)

Bruno Mary, recteur