26ème dimanche du temps ordinaire (B) – 29 septembre 2024
Textes du jour : Nb 11, 25-29 — Ps 18 (19), 8, 10, 12-13, 14 — Jc 5, 1-6 — Mc 9, 38-43.45.47-48
« Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la ». Jésus n’y va pas de main morte ! Si ta main, ton pied, ton œil t’entraîne au péché, coupe-les, arrache-les. Bigre ! Je nous vois tous manchots, estropiés et borgnes à l’entrée du Paradis ! En ce début de neuvaine de prière à Notre-Dame de la Treille, nous sommes invités à une conversion de la main, du pied et de l’œil. Quel en est l’enjeu ? Il en va de notre vie, la vie vraie, la vie éternelle, la vie qui ne meurt pas, la vie qui est Amour, éternel Amour, la vie dont nous sommes nés à notre baptême, la vie même de Dieu, éternelle.
Couper sa main ou son pied qui fait le mal, arracher son œil qui nous entraîne dans la chute vers le mal, c’est la condition pour entrer dans le Royaume de Dieu, dit Jésus. C’est un combat, un véritable combat contre les forces du mal. Le combat que Dieu lui-même est venu mener en notre humanité, en Jésus qui nous donne aujourd’hui les armes en son Esprit Saint. Regardons de près ce péché de la main, du pied et de l’œil que le Christ nous appelle à combattre ?
Si la main t’entraîne au mal… La main qui veut frapper. La main qui devient le poing de la vengeance. La main qui répond au mal par le mal. La main que je ne veux pas tendre à l’étranger, à celui qui m’a fait du tort, à l’ennemi. Cette main, coupe-la, dit le Christ. Mais laisse-la donc dans ta poche, cette main, lorsque tu es tenté de sortir le poing. Tends-la pour offrir le pardon et te réconcilier. Résiste à la tentation de rendre le mal pour le mal. Contemple le Christ qui te dit : « Aime tes ennemis ». Tout à l’heure, avant de communier, lorsque nous aurons prié le Notre Père en frères et sœurs, le diacre nous dira au nom de Jésus : « Donnez-vous la paix ». Que votre main donne la paix.
Si ton pied t’entraîne au mal… Le pied est ce qui nous fait tenir debout, et il est l’instrument de la marche ; ceux qui ont mal au pied ou à qui il manque un pied le savent bien. Au football le pied exprime le talent, le fameux coup de pied arrêté qui marque le but – ou qui transforme l’essai. Mais le pied est aussi l’instrument du croche-pied qui fait tomber l’adversaire, le croche-pied à son concurrent, à celui dont on veut prendre la place. Le pied est ce qui conduit la marche, un pied devant l’autre. Vais-je tourner à droite ou à gauche ? Vais-je choisir le bon chemin, la bonne direction, celle qui me conduit à faire le bien ? Ou bien mon pied va-t-il me conduire à faire le mal, sur le chemin où m’attire le démon ? Ne laisse pas ton pied t’entraîner sur le chemin du péché. Et si tu tombes, si tu as mal au pied, demande au Christ de te relever ou de te porter. C’est le dernier mot de la messe : « Allez dans la paix du Christ ». Que vos pieds parcourent la terre pour annoncer l’évangile de paix.
Si ton œil t’entraîne au mal… Le péché de l’œil… L’œil jaloux qui commande la langue et met sur nos lèvres des paroles méchantes. L’œil qui commande la pensée et met dans la tête des idées mauvaises. L’œil envieux qui se laisse aveugler par les lumières artificielles de notre monde matérialiste et nous entraîne à la jouissance et la concupiscence. L’œil séducteur qui corrompt le désir, fait briller l’image de soi, donne la préférence au paraître plutôt qu’à l’être. Que notre œil contemple le Christ et suscite en nous le désir d’aimer comme lui. Au cours de cette eucharistie, à trois reprises, l’hostie sera élevée devant vos yeux. Fixez vos yeux sur elle, purifiez votre œil, contemplez la beauté du Fils de Dieu qui aime et donne sa vie. Offrez-vous à lui. Que la lumière de l’amour brille en vos yeux et illumine le monde.
Voilà la conversion à laquelle nous invite la Parole de Dieu en ce dimanche qui ouvre la neuvaine de prière à Notre-Dame de la Treille. Mais nous le savons, malgré toute notre bonne volonté, nous ne parviendrons pas à vaincre tout le mal par nos propres forces humaines. Nous sommes blessés et nous avons besoin d’être guéris. C’est le thème choisi pour cette neuvaine 2024 : « Dans un monde fracturé, la guérison et le salut apporté par le Christ ». Si la conversion est nécessaire, elle n’est pas suffisante, et il nous faut crier à Dieu : « Guéris-nous, sauve-nous, délivre-nous du mal ». C’est le cri de la neuvaine. Le nôtre, celui de nos familles, celui de nos communautés et de nos paroisses, celui de l’Eglise au nom de toute l’humanité. Ce sera le fil conducteur de notre neuvaine : amener les souffrances de la vie au Christ. Ces souffrances sont nombreuses en nous, autour de nous et à la surface de la terre.
Comment vivre la neuvaine ?
- Décider de la vivre : seul, en couple, en famille, en petite fraternité de chrétiens.
- Décider comment la vivre :
- Chaque jour, au moins un temps de prière personnelle dont la durée est à décider.
- Chaque jour manger la Parole de Dieu, la ruminer, la méditer, au moins un verset.
- Chaque jour un geste de charité : une visite, un téléphone, un SMS… à une personne qui souffre, qui a besoin d’aide ou de réconfort.
- Je vous conseille aussi de vivre le sacrement de réconciliation ; confesser le péché de la main, du pied, de l’œil ; demander le pardon ; accueillir le pardon de Dieu et sa paix.
- Si c’est possible pour vous, participer à l’eucharistie un jour ou plusieurs dans la semaine.
- Je vous conseille aussi de jeûner. Ce sera un signe prophétique, et c’est bon pour la santé de l’âme.
Que Notre-Dame de la Treille nous accompagne et intercède pour nous tout au long de cette semaine. Marie, mère de l’Eglise, priez pour nous. Marie, mère de nos familles, priez pour nous. Notre-Dame de la Treille, priez pour nous. AMEN.
Mgr Christophe Dufour