23ème dimanche du Temps Ordinaire (B) – 8 septembre 2024
Textes du jour : Is 35, 4-7a — Ps 145 (146), 6c-7, 8-9a, 9bc-10 — Jc 2, 1-5 — Mc 7, 31-37
« Effata ! Ouvre-toi ! »
Sans être forcément d’éminents biblistes, vous avez perçu que cet « Effata » est le mot le plus important de l’évangile de ce dimanche. Il est adressé par Jésus à « un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler », mot exprimé en araméen, la langue maternelle de Jésus, ce qui est assez rare dans les évangiles.
Nous savons combien ne pas entendre et avoir des difficultés de langage est handicapant.
Jésus n’est insensible à aucune souffrance et quand on lui amène un sourd-muet – alors qu’il est en plein territoire païen, en milieu incroyant – sans rien réclamer ni au sourd-muet ni aux gens qui lui ont amené cet homme, Jésus l’emmène à l’écart pour le guérir en faisant des gestes qui nous paraissent bien déconcertants, sans aucune précaution d’hygiène élémentaire : les doigts dans les oreilles, sa salive sur la langue…
N’aurait-il pas seulement suffit de lui imposer les mains ?
Or Jésus ne veut pas guérir de loin. Il ne lui répugne pas de rejoindre notre humanité, de la toucher chair contre chair, comme il le fera aussi avec un lépreux dans un geste improbable qui, au regard de la Loi, rendait Jésus impur et contagieux.
Dans un soupir, les yeux levés au ciel (ce qui manifeste que Jésus n’est pas seulement un thaumaturge, un guérisseur qui agit à son compte mais que ce qu’il fait vient de Dieu parce qu’il est son Envoyé), le Christ dit au sourd-muet : « Effata ! » ce qui signifie « Ouvre-toi ! »
Il ne s’agit pas seulement de ses oreilles et de sa langue mais de toute l’humanité de cette personne.
Il ne s’agit pas seulement de ce sourd-muet qu’il a devant lui mais de tout homme, de chacun de nous que le Seigneur Jésus veut ouvrir à Dieu, à sa Parole, à ses Bienfaits, à sa Grâce et à sa Vie.
C’est pour cela que Dieu s’est fait homme, qu’Il s’est approché au plus près de nous, afin de nous ouvrir à Lui, à sa Présence, à son Amour et nous ouvrir le ciel ; afin de déployer en nous ce qu’il y a de meilleur et de grand ; afin de faire de nous des créatures nouvelles.
Au cours du cheminement des catéchumènes vers le baptême il y a précisément le rite de l’Effatah au cours duquel le prêtre touche les oreilles et les lèvres des catéchumènes en reprenant le mot de Jésus : « Effata – Ouvre-toi ».
Aujourd’hui, en ce commencement d’une année nouvelle, Jésus dit à chacun des baptisés que nous sommes ou à ceux qui demandent le baptême ou encore à ceux qui cherchent :
– Ouvre-toi à l’Amour de Dieu le Père qui fait de toi son enfant bien-aimé, qui fait alliance avec toi pour toujours;
– Ouvre-toi à moi, le Christ. Je suis la Parole vivante de Dieu qui vient te révéler sa Bonté, sa Tendresse, sa Miséricorde et qui t’appelle à me suivre car je suis « le Chemin, la Vérité et la Vie. »
– Ouvre-toi à l’Esprit-Saint, souffle de vie divine et souffle d’amour qui t’est communiqué pour que tu puisses déployer la grâce de ton baptême et progresser dans la foi ; pour que tu sois fort au jour de l’épreuve, du combat spirituel ou des tentations.
– Ouvre-toi à l’action de Dieu qui veut sauver, guérir, offrir son pardon, libérer des peurs et des repliements.
– Ouvre-toi aussi à tes frères, surtout les plus pauvres et les plus petits, pour les aimer et les servir car « nul ne peut dire qu’il aime Dieu s’il n’aime pas son frère ».
C’est durant toute notre existence et jusqu’à notre dernier souffle, qu’il nous faut ouvrir notre porte au Christ, la porte de notre cœur.
Reconnaissons qu’il y a encore en nous quelques portes à ouvrir, portes qui demeurent cadenassées par crainte que le Seigneur prenne trop de place ou qu’il nous demande trop ; crainte aussi de Lui révéler ce qui en nous est blessé, abimé par le péché ou détestable.
N’ayons pas peur, ouvrons toute grande notre porte au Christ ! Ouvrons nos oreilles pour écouter, comme nous y invite d’ailleurs notre Évêque pour la deuxième étape du renouvellement missionnaire de notre diocèse en rejoignant une petite fraternité où nous pourrons ensemble nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et à l’écoute des hommes et des femmes de ce temps afin de mieux connaître leurs attentes, leurs aspirations, leurs « soifs humaines et spirituelles » pour y répondre.
Le Seigneur veut aussi délier notre langue pour avoir une parole vraie, pour dire ce qui est juste et droit en toutes circonstances et pour pouvoir témoigner de notre foi avec audace, dans la charité.
Père Christian Portier, Chancelier du diocèse