21ème dimanche du Temps Ordinaire (C) – 24 août 2025

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Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones

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Nous  avons  en mémoire l’image du Pape François le 24 décembre dernier.
Lors de la nuit de Noël.
Tout épuisé sur son fauteuil roulant.
Frappant avec énergie la porte du Jubilé.
Pour passer cette porte.
Et, au-delà de ses forces humaines, nous ouvrir le passage. Le jubilé d’espérance.
Nous fûmes nombreux à penser, voyant sa fragilité physique : « il ne refermera pas sur la
terre  cette porte jubilaire. Il sera accueilli par Marie la porte du ciel ».

Frères et sœurs, la porte a toujours été un grand thème d’évangile.
Ce dimanche en Luc, il s’agit d’une porte étroite.
Au fil des siècles, l’imagination des pèlerins a essayé d’identifier cette porte parmi toutes les portes de la ville de Jérusalem.
On a commenté cette porte.
On a dessiné cette porte.
On a photographié toutes les portes de la cité sainte.
Une erreur spirituelle est montée dans les esprits.
Laisser croire que Dieu était sélectionneur impitoyable.
Nous avons transformé cette porte en un filtre élitiste.
Certaines sectes ont développé leur succès en déformant l’intention de Dieu.

Comme si Dieu n’était pas tout Amour et n’appelait tous les hommes, du levant au couchant, de l’orient à l’Occident.
Un autre risque a gagné les esprits.
Puisque Dieu est amour, je fais selon mon bon plaisir. On s’y retrouvera toujours bien. On finira bien par passer la porte.
Ces deux visions sont immatures.
L’une rigoriste, l’autre relativiste.
Elles ramènent la lecture de l’évangile à nous-mêmes.
Elles ne sont pas une voie de bonheur. 

Leur image de la porte est invraisemblable.
Elles sont « tout le contraire » disait Benoit XVI de l’enseignement de Jésus
Oui, frères et sœurs, fuyons l’équivoque. 
Dieu nous appelle tous !
Et cet appel est une conversion.
Une conversion toujours en chemin.
C’est précisément parce qu’il nous aime que Dieu nous prend au sérieux.
C’est parce qu’il aime que Dieu exige.
Ici, l’exigence est Amour.
Elle se fait relation à quelqu’un qui nous dépasse.
La religion n’est pas un masochisme.
Pas davantage un laxisme béat.
Toute la spiritualité est une croissance dans l’humilité.

Comme dit Dom Olivier, moine de Citeaux, il s’agit de « descendre vers le sommet ».
Croire à Jésus c’est grandir !
La montée chrétienne est une joie humble.

Frères et sœurs, ce n’est pas la matérialité de la porte qui est étroitesse.
C’est nous-mêmes comme dit Paul aux Corinthiens.
Si nous restons à l’étroit de nous-mêmes.
Si nous n’élargissons  pas notre cœur.
Si nous ne dépassons pas notre petit  moi.
Ce qui est étroit n’est pas le projet de Dieu, mais notre vision étriquée en repli sur nous.
Ce qui est large, ce qui dilate notre cœur, ce qui déploie notre être,  c’est le regard ample de Dieu
sur chacun de nous.

Toi présent dans cette cathédrale, si tu savais la largesse de Dieu !
Veux-tu bien examiner l’étroitesse  de ton cœur ? Convertis toi et crois à Jésus.
La mystique de l’évangile est profondément incarnée.
Le chercheur de Dieu en connaît des hauteurs et des déconvenues.
La porte d’évangile, nous le savons, c’est aussi
Jésus lui-même en Saint Jean : « Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » Jean 10
L’étroitesse ne vient surtout  pas de Dieu.
L’exigence réside dans notre consentement.
Notre lâcher prise.

Frères et sœurs, soyons dans la joie.
Jésus nous aime à ce point de nous appeler à sa ressemblance.
Et c’est cette ressemblance qui nous donne la capacité de passer la porte d’évangile.
L’embrasure restera étroite tant que nous ne nous mettrons pas dans la posture du converti.
Le converti passe toutes les portes spirituelles parce qu’il reçoit sa ressemblance de Jésus.
Faisons-nous humbles,  et nous grandirons en Église  à la stature  même de Jésus !

Mgr Bernard Podvin

Missionnaire de la Miséricorde
Chanoine ND Treille