20ème dimanche du Temps Ordinaire (C) – 17 août 2025
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AELF : Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones
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Le 23 novembre 1654, le célèbre philosophe Blaise Pascal a vécu une expérience inoubliable.
Il l’a appelée « Nuit de feu ».
Il en a versé des pleurs de joie.
Expérience tellement forte qu’il l’a retranscrite dans un document ne le quittant plus jusqu’à sa mort.
Le récit de la Nuit de feu, dans la doublure de son manteau !
« Je suis venu apporter un feu sur la terre, dit Jésus. Comme je voudrais qu’il fut déjà allumé » (Luc 12,49)
Frères et sœurs, avez-vous, dans la doublure de votre manteau, le récit du passage de Jésus en votre vie ?
Avez-vous la mémoire vive de la brûlure de Jésus en vous ?
Consentez-vous à vivre de Lui ?
À tout consumer en Lui ?
L’évangile de ce dimanche vient nous chercher à la croisée du calendrier, entre le repos estival et la reprise d’activité.
Avons-nous, cet été, réfléchi à l’essentiel ?
Avons-nous sondé notre attachement au Christ et à autrui ?
Allons-nous reprendre l’année sur des bases renouvelées au plus profond de nous-mêmes ?
Même en vacances, l’actualité nous a démontré que nous sommes à la fin d’un monde.
Un système s’essouffle.
Tout est vanité.
Quelques leaders prédateurs se partagent la planète sans vergogne.
Notre tiédeur éthique et spirituelle se résigne.
Alors que St Pierre Favre nous presse de ne pas laisser le mauvais esprit nous tétaniser !
Oui, notre tiédeur fait le règne du Diviseur nous faisant somnoler, ou nous lamenter.
« Deviens serviteur du bon esprit. Il t’indique la situation qu’il souhaite réaliser ; avec ton aide » dit Pierre Favre.
Jésus vient allumer le feu de son amour et de sa vigilance.
Il en souhaite la propagation.
Pour cela, il faut que notre cœur s’ouvre à cet embrasement.
Pascal, dont je parlais tout à l’heure, était d’une intelligence immense et inquiète.
Tout changea quand il saisit la brûlure d’amour.
Il a consenti que sa raison soit illuminée par la grâce.
« Nous ne connaissons Dieu que par Jésus » s’est-il écrié.
Telle fut sa conversion dans la liberté.
« Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé » exprima le Christ à Pascal.
Comprenons-nous bien. La brûlure de Jésus n’est pas un fanatisme. Elle respecte chacun dans sa progression et sa recherche.
Il y a évidemment des hauts et des bas dans le chemin spirituel. Dieu le sait.
La foi n’est pas un sectarisme. Elle est dialogale, humble, aimante, puisant sa force dans son détachement.
Le feu dont Jésus veut embraser l’histoire est le don indéfectible de son Amour.
Vous et moi, chers amis, sommes tout petits devant ce mystère. Grandeur et misère sont notre paradoxe.
Qu’est-ce que l’homme pour que Dieu prenne cause pour lui, en le saisissant en son incandescence ?
Frères et Sœurs, ils sont nombreux les Blaise Pascal aujourd’hui.
Hélas, certaines brûlures semblent attractives mais font de l’homme la victime de leur voracité: drogues, idéologies, sectes, liaisons numériques captatrices, toutes sont des séductions dont la facilité première est le piège.
Elles se referment ensuite sur la personne humaine et détruisent son psychisme et sa joie.
L’évangile est antipodes.
L’évangile est liberté !
Il brûle, mais de l’exigence d’amour.
Jamais il ne détruit la conscience et la liberté.
Bien au contraire, il les élève.
Disposant de grandes facultés, beaucoup d’êtres humains se cherchent.
Insatisfaits de se suffire à eux-mêmes.
Ils cherchent un sens plus élevé, plus profond.
« Je suis scientifique », me disait cette étudiante, il y a quelques jours. « Très fière de mon savoir. Mais je cherche dans l’ordre du cœur ! »
Dans l’ordre du cœur.
Nous connaissons la vérité par la raison, mais encore par le cœur, dira Blaise Pascal à cette étudiante.
Préparant cette homélie, je fus frappé du nombre de fois où la petite Thérèse de Lisieux utilisa l’évangile de ce jour dans sa correspondance.
Thérèse était une ardente de Jésus !
« Demandez au Seigneur de m’embraser du feu de son Amour écrit-elle à un prêtre. Afin de vous aider à l’allumer dans les cœurs ».
Thérèse est missionnaire du feu de Jésus.
Elle veut aider à le répandre.
Elle veut devenir communicative de sa flamme.
Puissions-nous, en cette eucharistie, brûler de la joie de Jésus et en être humblement transmetteurs.
Mgr Bernard Podvin
Chanoine Cathédrale ND Treille