20ème dimanche du Temps Ordinaire (B) – 18 août 2024
Textes du jour : Pr 9, 1-6 — Ps 33 (34), 2-3, 10-11, 12-13, 14-15 — Ep 5, 15-20 — Jn 6, 51-58
« Quittez l’étourderie et vous vivrez. Prenez le chemin de l’intelligence » (Prov 9)
Étonnante première lecture!
L’étourderie.
Quelle étourderie?
La perte de mes clés de voiture?
L’oubli du prénom de quelqu’un me saluant cordialement ?
Un rendez-vous manqué?
Non bien sûr, même si ces exemples sont parfois très gênants, nous allons beaucoup plus loin avec le Livre des Proverbes.
L’étourderie, en sa traduction liturgique, est à comprendre comme la perte de sens.
Dom Hilaire, bénédictin et le Père Auvray, de l’Oratoire, spécialistes du Livre des Proverbes à Jérusalem, insistent pour qu’on traduise:
« Quittez la folie et vous vivrez! »
Alors oui, la signification prend incarnation.
Tout un enjeu!
Toi qui es ce matin en la cathédrale, fidèle habitué, vacancier, frère choriste anglican,
médite cette sagesse.
Invoque-la.
« Ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages » nous a dit Paul aux Ephésiens. (Eph5)
Voici trois repères à méditer:
1) Cette sagesse n’est surtout pas mépris de l’intelligence. Elle est chemin de l’intelligence. Il nous faut contextualiser et discerner, au cœur du réel, le choix décisif de ce qui est sage. Cultiver le don d’intelligence. Prions afin d’acquérir cette capacité de mettre en actes une intelligence habitée. Le monde en a tant besoin!
2) Refuser ce qui est insensé, c’est désirer comprendre ce qu’est la volonté de Dieu. Que veux-tu Seigneur? Parle, ton serviteur écoute. Non ma volonté, mais la tienne. L’écoute de ce que Dieu veut, suppose non seulement que baissent les décibels. Mais surtout une concentration de tout notre être. Quitter l’étourderie, c’est quitter la dispersion. C’est travailler le recentrement en Jésus. C’est choisir l’évangile comme boussole.
3) Vient alors le troisième repère: « La Sagesse a dressé la table » disaient les Proverbes. Nous y recevons le Pain de la Parole et le Corps du Christ. Le Pain des forts. Non celui dont on aura toujours faim. Celui qui nous perdrait en idolâtrie.
« Celui qui me mange, lui aussi vivra par moi » promet Jésus. (Jn 6)
Le Christ vit par le Père. Il nous invite à manger sa chair et boire son sang.
Ces trois conseils convergent. Il s’agit de consentir à la conversion. Et si nous promettions à ND de la Treille de cesser de vivre comme des fous!
Il y aurait tant à dire sur la merveille qu’est l’être humain quand il renonce à vivre comme un fou. Apprendre à vivre comme des sages n’est pas mission impossible, dès lors que Dieu y invite. Si nous consentons à être moins esclaves de nous-mêmes.
Du rythme de nous-mêmes.
De l’intérêt de nous-mêmes.
Seigneur, éclaire nous sur ce qui doit, dans notre vie, opérer un retournement.
Nous le savons, les gens invoquent très souvent Saint Antoine de Padoue dès qu’ils ont perdu quelque chose. Mais très peu connaissent l’origine de cette dévotion.
Antoine ne retrouvait plus son Livre des Psaumes annoté de ses prières et commentaires. Il y tenait beaucoup ! Ce document était Vie. L’exemple est donc très fort.
Quitter l’étourderie est bien plus que refuser de perdre quelque chose.
C’est refuser de SE perdre dans l’abîme de sa suffisance.
Seigneur donne nous ta lumière et ta présence. Sans Toi nous sommes perdus.
En Toi, nous vivons la Vie nouvelle!
Mgr Bernard Podvin, Missionnaire de la Miséricorde