18ème dimanche du Temps Ordinaire (B) – 04 août 2024


Textes du jour : Ex 16, 2-4.12-15 – Ps 77 (78), 3.4ac, 23-24, 25.52a.54a – Ep 4, 17.20-24 – Jn 6, 24-35

‘Travailler non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle’

            Répond Jésus à la foule, à la foule qui le cherche car elle a bénéficié de la multiplication des pains, elle a été rassasiée par Jésus et la faim revenant, elle souhaite bénéficier d’une nouvelle multiplication… Il en est ainsi de nos nourritures terrestres. Nous le vivons : très vite après avoir quitté la table, nous pensons au repas suivant… Il en va ainsi des biens de consommation. Notre présence témoigne de notre faim, de notre recherche d’une nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle.

            Notre question spontanée est celle de cette foule de l’évangile :  que devons-nous faire ? Tant il est vrai que pour manger il nous faut ‘gagner notre vie’. La question de la foule est plutôt : ‘que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?’  La foule croit que Jésus demande l’observance des préceptes de la Loi afin d’obtenir la continuation du miracle (faisons ce que Dieu nous demande et nous serons nourris).

            Et voilà que Jésus les appelle à changer leur approche, leur regard. Il répond à la foule, il nous répond : ‘L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé’. Autrement dit, il ne s’agit pas de suivre une idée, un projet, des commandements… Qu’est-ce que croire ? Croire c’est donner sa confiance à quelqu’un et pour cela le rencontrer et le connaitre. Pour nous, il s’agit de donner notre confiance en Jésus le Christ, une personne vivante, envoyée par le Père, avec qui nous entretenons des relations d’amitié, d’amour…

            Autrement dit, Jésus nous invite à ne pas nous arrêter à un horizon purement humain. Il nous invite à nous ouvrir à l’horizon de Dieu, de la foi.

            ‘Nos pères ont mangé la manne’ disent les interlocuteurs de Jésus. Ils se référent à l’événement qui nous est raconté dans le livre de l’Exode : le peuple meurt de faim dans le désert et voici que Dieu leur dit par Moïse : ‘je vais faire pleuvoir du pain pour vous’, pour chaque jour. Quand ils voient une fine croute, quelque chose de fin sur le sol, le peuple se demande : qu’est-ce que c’est ? Mann hou ?  Moïse leur répond : ‘C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger ‘. Ils expérimentent alors que Dieu les nourrit jour après jour. C’est une première étape importante : reconnaitre que Dieu nous nourrit.

             Jésus rebondit sur cette expérience de Dieu qui par Moïse nourrit son peuple. Il invite ses interlocuteurs à aller plus loin.  Que leur dit-il ? ‘Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde’. Qui est celui qui descend du ciel ? Jésus est celui qui descend du ciel. Autrement dit, Dieu ne donne pas quelque chose : il se donne lui-même par son Fils. C’est lui le véritable pain venu du ciel. Il est la Parole vivante du Père, il est le Verbe fait chair. Il se donne dans sa Parole. Il me revient ces mots du prophète Jérémie : ‘Seigneur, quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur’ (Jr 15) Il se donne dans l’eucharistie que nous recevrons tout à l’heure dans le creux de nos mains ou sur notre langue.

              Attention, n’en concluons pas que le pain matériel soit inutile. Non ! Il est indispensable pour refaire nos forces. Mais il est en plus indispensable de faire croitre notre relation avec le Christ, de renforcer notre foi en Jésus qui est ‘le pain de vie’, qui remplit notre désir de vérité et d’amour.  Vivons une belle célébration, faisons nôtre la demande du ”Notre père” que nous prierons tout à l’heure (donne-nous notre pain de ce jour) et recevons dans la foi le pain qui nous fait vivre.

Père Bruno Mary, recteur de la cathédrale Notre-Dame de la Treille