13ème dimanche du Temps Ordinaire (B) – 30 juin 2024

Messe animée par les petits chanteurs de la cathédrale de Lyon et présidée par le Père Luc Forestier


Textes du jour 
Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24 — Ps : 29 (30), 2.4, 5-6ab, 6cd.12, 13 — 2 Co 8, 7.9.13-15 — Mc 5, 21-43


Introduction

  • Au cœur de notre actualité troublée, une Parole vient nourrir notre existence, en particulier pour exercer aujourd’hui notre libre choix, non pas en nous donnant des contenus, mais en nous indiquant un chemin, non pas en prescrivant, mais en suscitant notre liberté, non pas obligeant notre intelligence, mais en interrogeant notre conscience.
  • Les trois lectures ne parlent en rien de la situation politique de notre pays, ou des enjeux géopolitiques qui nous inquiètent, ou des transformations anthropologiques qui nous troublent. En revanche, ces trois lectures dessinent un parcours qui nous aide à avancer en témoins de l’espérance. Comment ? Avec trois jalons essentiels. Le recours à la sagesse, le paradoxe du don et l’action de Dieu au cœur de l’intime.
    • 1. Sagesse
    • 2. Don
    • 3. Intimité

      1. Sagesse

    • Une interrogation qui n’est pas d’abord biblique, mais qui est philosophique
    • La trace ancienne d’une interaction qui se trouve à l’intérieur même des textes bibliques, entre la confession de la foi et la capacité de l’être humain à réfléchir.
    • Le signe concret que nos liturgies ne sont pas limitées à l’émotion ni au rappel des consignes, mais qu’elles viennent aussi solliciter notre capacité à réfléchir. Si, pour se révéler, Dieu prend en charge le langage humain, c’est bien avec cette raison commune aux humains que nous pouvons aussi nous en saisir.
    • Or, les deux autres lectures semblent justement défier la raison humaine, car il est question de guérisons miraculeuses et, peut-être plus encore, d’un drôle d’enrichissement.

      2. Don

    • La formule choisie par Paul est curieuse, « lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté ».
    • Une véritable provocation face à la prévalence de modèles économiques qui valorisent l’enrichissement, au point que dans certains secteurs de la vie de l’Église, la croissance apparaît comme signe d’une bénédiction divine.
    • Contre toutes ces théologies de la prospérité, la formule de saint Paul semble complètement décalée, et signifie qu’à côté de la logique toute humaine du bénéfice et de la croissance, existe aussi une autre logique, celle du don où l’essentiel tient, non au contenu de ce qui est donné, mais au lien qui est signifié par le don.
    • Ce que le don signifie, c’est la restauration du lien : dans l’eucharistie, nous sommes véritablement enrichis par le don ultime que le Christ fait de sa vie, en renonçant à lui-même jusqu’au bout, et en nous libérant d’une logique marchande que nous risquons toujours de projeter en Dieu même.
    • La conviction que nous sommes des êtres de relation permet alors de mieux comprendre la guérison de notre intimité dont nous parle l’évangile.

      3. Intimité

    • Cet évangile est une construction par l’enchâssement de deux guérisons, rattachées l’une à l’autre par la mention des 12 ans. Deux intimités sont ici en jeu, une femme et un homme, une femme qui souffre dans son intimité féminine, et un homme qui souffre dans son intimité paternelle.
    • Il n’y a pas symétrie bien sûr, comme pour indiquer que toutes les blessures intimes sont concernées – ailleurs dans l’évangile, il est question de deux frères, ou d’une veuve qui perd son fils unique, ou d’un paralytique qui est vit en marge, etc.
    • En écoutant cet évangile de guérison, notre intelligence est sollicitée mais pour nous montrer comment Dieu agit au cœur de nos existences – ici au plus intime de nous-mêmes, en un lieu dont nous n’avons peut-être qu’une conscience incomplète.
    • Mais ce n’est pas la dernière étape car cette liturgie articule l’écoute de cette Parole qui ouvre un chemin de guérison, de relation et de réflexion… et la célébration de l’eucharistie qui nous donne de communier pleinement à la Parole faite chair.

Dans un instant en effet, nous allons recevoir au plus intime de notre existence le corps eucharistique du Christ, et il vient nourrir notre existence de l’intérieur, en visitant nos intimités parfois blessées, en restaurant des relations parfois difficiles, en suscitant notre intelligence parfois fatiguée.

La communion au corps du Christ ne nous donne aucune indication électorale, mais nous place au cœur des conflits de notre histoire comme des femmes et des hommes d’espérance, conscients d’avoir besoin d’être guéris au plus intime de nous-mêmes, conscients de vivre comme des êtres de relations, et capables d’exercer notre libre jugement. Que l’Esprit saint nous inspire aujourd’hui, et dimanche prochain, et nous aider à tenir notre rôle de veilleur de l’espérance pour tous.

Père Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire