12ème dimanche du Temps Ordinaire (B) – 23 juin 2024

Textes du jour 
Jb 38, 1.8-11 — Ps : 106 (107), 21a.22a.24, 25-26a.27b, 28-29, 30-31 — 2 Co 5, 14-17 — Mc 4, 35-41


L’histoire de la tempête apaisée nous est relatée avec beaucoup de réalisme. Nous sommes au terme d’une journée de prédication harassante et Jésus invite ses disciples à passer sur l’autre rive. Cela explique sans doute son sommeil profond. Les foules sont loin. Jésus cherche avant tout à instruire ses disciples. Il leur explique les paraboles en particulier et il dévoile son identité en manifestant la puissance Dieu à l’œuvre en lui. Comme le créateur, il maîtrise les vagues de la mer et apaise la tempête. « Même la mer et le vent lui obéissent », et cela impressionne les disciples qui sont remplis de crainte comme on l’est devant la grandeur de Dieu.

Comme toujours dans l’évangile, nous ne pouvons en rester au pied de la lettre. L’histoire de la tempête apaisée sur le lac de Génésareth évoque bien d’autres situations de tumultes que nous pouvons traverser avec le Christ, dans la foi. Elles ne manquent pas ces situations personnelles et collectives, où nous sommes débordés, submergés par les difficultés, engloutis dans les problèmes ! C’est alors que Dieu semble bien silencieux et indifférent à nos détresses. C’est alors que le Christ semble lointain, absent, endormi. « Qu’est-ce qu’il fout le bon Dieu ? » Et Marthe ne manque pas de répondant lorsqu’elle reproche à Jésus : « Si tu avais été là, notre frère ne serait pas mort » (Jn 11,32) Comment garder la foi dans ces circonstances ? Comment croire envers et contre tout que Dieu n’est pas indifférent à nos souffrances ? Comment garder la foi alors que tout semble démentir sa présence ? Comment croire lorsque la maladie, les guerres, la violence des flots ou la puissance des vents contraires semblent l’emporter ?

La question de Jésus est toujours d’actualité : « Pourquoi avez-vous si peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? » (Mc4, 40) J’entends encore le pape François la répéter en italien sur le parvis de Saint-Pierre de Rome, seul sous une pluie battante, alors que l’épidémie de COVID19 paralysait le monde. Elle s’adresse à chacun d’entre nous : Sommes-nous dans la peur ou la confiance ? Sommes-nous dans l’espérance ou dans l’inquiétude du lendemain ? Avons-nous la foi, la foi vive, une relation nourrie avec le Christ ou sommes-nous vaguement attachés à des valeurs chrétiennes comme à un héritage dont on aurait oublié la source ? Avons-nous la foi, même si elle est petite comme un grain de moutarde (Lc17,6), cette graine pleine de promesse (Mc4,30-32) et déjà si puissante que nous pourrions dire à un arbre : « Déracine-toi et va te planter dans la mer, qu’il nous obéirait » ?

Nous pouvons nous associer à la prière des apôtres : « Seigneur, augmente en nous la foi » (Lc17,5) ! Nous pouvons suivre le Christ de plus près pour passer avec lui de la mort à la vie, pour vivre notre Pâque dans la confiance en Dieu Père qui n’a pas abandonné son Fils mais l’a relevé d’entre les morts. L’expérience du Christ est la nôtre. Lors de notre baptême, nous avons été plongés avec lui dans la mort pour ressusciter avec lui. En lui, nous recevons notre vie du Père. Ainsi « nous ne sommes plus centrés sur nous-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour nous » (2Cor5,16). Alors, de quoi avons-nous peur ? N’avons-nous pas encore la foi ? Que faut-il pour que nous nous décidions ? Que faut-il pour que nous laissions le monde ancien et ses angoisses ? Que faut-il pour que nous laissions l’Esprit du Ressuscité agir en nous ? Pour que nous soyons vraiment des créations nouvelles dans le Christ, comme cela nous a été signifié lorsque nous revêtions la robe blanche de notre baptême.

Père Bruno CAZIN, vicaire général.