Nativité du Seigneur – Messe du jour (C) – 25 décembre 2024

Image en entête : Crèche à l’étoile de l’Abbaye Notre-Dame de Venière (71)  – ICI

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Homélie de Mgr Le Boulc’h

Is 62, 1-5 ; Ps 88 (89), 4-5, 16-17, 27.29 ; Ac 13, 16-17.22-25 ; Mt 1, 1-25

Frères et sœurs, cette nuit et aujourd’hui, des milliers de chrétiens se rassemblent dans les églises et les cathédrales du monde pour célébrer l’évènement décisif de notre histoire qu’est la naissance de Jésus. Saint Jean le proclame dans le prologue de son évangile, en Lui, Jésus, « le Verbe de Dieu s’est fait chair ». Le Fils de Dieu s’est incarné en Jésus.

En Jésus, Le Verbe de Dieu, Fils de Dieu, a pris chair dans la vie du monde.

Dans la nuit de la nativité, Dieu s’est lancé dans la formidable aventure d’une existence d’homme. Il s’y est jeté à corps perdu. Il s’y est engagé totalement, avec tout ce qu’Il est, sans rien perdre de ce qu’Il est.

Jésus est né cette nuit de Noël, et c’est l’Amour de Dieu, le Verbe de Dieu, qui a pris visage d’homme. Jésus vient au monde et, pour la première et unique fois dans l’histoire de la création, un visage d’homme porte les traits de l’Amour qu’est Dieu.

Frères et sœurs, faut-il que l’amour de Dieu pour l’homme soit grand pour partager ainsi notre vie !

Rien n’est épargné à cet enfant. Ce n’est pas une vie de rêve, une vie fantastique ou virtuelle qui attend l’enfant de Bethléem. Le Verbe de Dieu vient partager avec nous une vie d’homme, sans faux semblants ni arrangements. En Jésus, le Fils de Dieu vient prendre sur Lui la beauté et la pauvreté de nos vies. Il prend naissance dans une vraie vie d’homme, en chair et en os.

Et encore, on ne peut pas dire que les circonstances ont été favorables à Jésus. Le Christ n’est pas né dans un milieu privilégié, dans une maison sécurisée ou dans un palais hyper protégé. Selon les évangiles de Mathieu de Luc, au contraire, rejeté des auberges, Il est né dans une simple étable, dans le froid de la nuit à Bethléem, et cela annonçait déjà les oppositions, le dur à vivre et les souffrances qu’il devra affronter.

Frères et sœurs, dans cette histoire, rien, non plus, n’est calculé. Rien n’est joué d’avance, programmé. Tout est à inventer.

Pour la première fois, Dieu en Jésus devra assumer une existence d’homme avec ses joies et ses peines. Chaque jour de son existence terrestre, le Fils de Dieu devra inventer sa vie d’homme dans une fidélité sans faille avec l’Amour du Père. Et rien n’est gagné d’avance.

A chaque instant de sa vie, Jésus se montrera digne de la confiance de son Père. Il ira jusqu’au bout dans le témoignage de l’Amour divin en Lui. Et ses disciples contempleront en Lui la beauté de ce que devient une existence d’homme quand elle se laisse traverser par l’Amour de Dieu en elle.

Ils s’émerveilleront de son courage, de sa bonté, de sa bienveillance, de sa justice et de sa liberté, de sa prière et de sa foi. Et il se dira qu’enfin, l’Amour est venu en l’homme et comme il paraît beau, fort, invincible !

Frères et sœurs, l’Amour de Dieu pour le monde est donc si grand ! Jusqu’à donner son Fils et s’abaisser pour devenir l’un de nous, et nous montrer lui-même le chemin de la Vie ?

Pourtant, frères et sœurs, quand on y réfléchit, le Seigneur n’aurait-il pas été en droit d’abandonner l’humanité à ses erreurs et à ses lâchetés ? Qu’avait-il à gagner encore avec nous ?

Dans bien des pages, la Bible raconte l’immense désolation et le découragement de Dieu. Dieu, tenté d’en finir avec ses enfants si décevants.

Pourtant, au long de l’histoire, jamais le Seigneur ne renonce à sa promesse d’Alliance avec l’homme. Au contraire, le Seigneur s’engage toujours plus loin avec lui, jusqu’à venir habiter nos vies, par le Fils, en Jésus, dans l’espérance que l’homme enfin comprenne et vive de sa vie, et qu’il le rejoigne dans son éternité d’amour.

Dieu s’engage jusqu’au bout avec l’homme parce qu’il espère encore en l’homme. Son amour est son espérance

Frères et sœurs, ce jour de Noël, nous contemplons l’espérance de Dieu pour le monde dont l’enfant Jésus est le signe le plus beau.

Le mystère de Noël nous invite aujourd’hui à nous émerveiller devant l’extraordinaire fidélité de l’espérance de Dieu pour l’homme ! Il nous exhorte à entendre le message de Dieu qui espère en l’homme. Il nous appelle à répondre à son désir, en recevant le don du Fils de Dieu fait homme pour nous inspirer de Lui et de Lui apprendre à vivre.

Aujourd’hui l’infini amour de Dieu vient nous espérer. L’enfant tend les bras vers nous, comme un appel à le recevoir. En cet enfant le Fils de Dieu nous est donné comme un cadeau, sans aucune condition préalable. Il est l’espérance de Dieu pour l’homme.

Frères et sœurs, baptisés et disciples de Jésus, célébrer Noël aujourd’hui nous appelle à faire nôtre et partager l’espérance de Dieu pour le monde.

Faire nôtre et partager l’espérance de Dieu pour le monde, j’ose vous dire cela aujourd’hui, frères et sœurs, quand dans notre monde et notre pays, tant d’hommes et femmes, des jeunes surtout, vivent dans l’inquiétude et l’angoisse.

La guerre si proche, les bouleversements climatiques, les évolutions de plus en plus rapides des modes de vie inquiètent. Notre société semble plus disposée à aider à mourir qu’à vivre, et glisse sur la pente d’une fascination dangereuse pour le morbide et le sans avenir. On en viendrait à oublier l’humilité du don de la joie, ou à se dire que l’amour est impossible à l’homme.

Mais, aujourd’hui, frères et sœurs, c’est Dieu lui-même qui vient nous apprendre que la vie de l’homme est digne d’amour et qu’elle est destinée à l’éternel Amour.

Noël, l’amour infini de Dieu prend naissance dans nos vies d’hommes, et désormais plus rien, pas même la violence, le péché, le mal extrême ou la mort, ne peut empêcher l’Amour de Dieu de venir en nous.

Il vient, Dieu, au plus intime de l’homme et rien ne peut l’empêcher d’espérer vivre en nous. Il vient comme une inépuisable force d’Amour en nos vies. Et c’est à chacune et chacun désormais de choisir de vivre à partir de Lui, avec Lui et en Lui. Choisir de vivre en nous ressourçant à l’extraordinaire offrande de l’Amour divin en nous.

Frères et sœurs, entendrez-vous alors, aujourd’hui, la douce espérance de Noël ? Nous étions menacés de désespérance, jusqu’à douter peut-être de nos capacités d’aimer. Mais, cette nuit, où que nous en soyons sur le chemin, Dieu vient nous espérer. Il se livre à nous. Il vient naître en nous. Et nous pouvons retrouver en Lui l’espérance d’aimer.

L’Église a reçu la mission d’annoncer au monde l’espérance de Dieu en Jésus. Elle est appelée à témoigner du trésor de l’Évangile qui lui a été donné. La présence de Jésus Vivant en elle, qu’elle reçoit dans sa Parole, dans les sacrements et la vie fraternelle, l’Église doit la donner à tous.

Au nom de son baptême et de sa confirmation, chaque chrétien est appelé à prendre part au témoignage de l’espérance de Dieu en accueillant le mystère de Noël dans sa vie.

Frères et sœurs, alors que notre pape François vient d’ouvrir à Rome la porte sainte d’un jubilé de l’espérance, en ce jour saint de Noël laissons-nous habiter par l’Amour Sauveur de Dieu en Jésus ! Qu’il nous transforme et nous envoie dans l’Esprit annoncer, par nos gestes et nos mots, l’infinie espérance de Dieu pour le monde.

Amen.